Redonner le feu de la souveraineté en changeant le discours

J’avais 3 ans lors du référendum de 1995. Difficile donc d’être nostalgique de ce grand moment que je n’ai pas vécu.
Et pourtant.
J’ai peut-être la nostalgie d’un souvenir inventé.
Celui où ça devait brasser pas mal dans les chaumières québécoises. Où la parole était fête, rassembleuse. Où toutes les occasions étaient bonnes pour débattre du sujet, sans que ça tombe dans les délires violents qu’on voit aujourd’hui sur internet. Où on pouvait rêver d’un autre avenir, peu importe de quel bord on était.
Un Québec au complet qui retient son souffle, tout le monde en même temps, ça devait avoir du bon.
J’aurais voulu être là. La poitrine bouillonnante d’espoir et de possibles quelques heures avant l’issue du vote. Porter le drapeau du Québec sur mon dos et penser pouvoir m’envoler avec pour vrai. Pour de bon.
En même temps, je me suis évité une sacrée gueule de bois.
Je n’ai peut-être pas vécu le paroxysme de l’espoir, mais je n’ai pas vécu la douloureuse dégringolade qui a dû s’en suivre dans le camp du Oui dans les heures qui ont suivi les résultats.
J’ai gardé mon espoir intact.
Ça fait trois décennies qu’on n’a pas osé affronter à nouveau cette question-là de front, mais elle reste toujours fondamentalement d’actualité.
La souveraineté, ce n’est pas juste une affaire de «té tu un vrai Québécois ou non», c’est franchement plus substantiel que ça.
C’est une question de réappropriation de pouvoir.
Et pas juste vis-à-vis le méchant Canada. Mais aussi envers Québec, qui prend des décisions de pas d’allure.
Faire la souveraineté du Québec pour redonner du pouvoir là où ça va avoir du sens: dans les régions, les MRC, les villes.
Qu’on retrouve du contrôle sur nos destinées collectives qui virent au naufrage.
C’est ce discours-là qui a le potentiel de rallier le plus largement. Il est temps de le nourrir.




