Défection du député Chris d’Entremont | D’autres députés conservateurs se joindront-ils aux libéraux

(Ottawa) Les conservateurs tentent de freiner le départ d’autres députés vers le Parti libéral au lendemain de la défection de Chris d’Entremont. Le député acadien de la Nouvelle-Écosse est passé dans le camp libéral le jour du budget fédéral. Il pointe le style de leadership « négatif » de Pierre Poilievre pour expliquer ce changement de parti.
Publié à 10 h 53
Mis à jour à 11 h 27
« Il est temps d’essayer réellement de diriger un pays, de le guider, d’essayer de l’améliorer et non pas de le détruire, ni de persister dans la négativité », s’est-il justifié.
M. d’Entremont s’est adressé à la presse mardi matin pour la première fois depuis a défection de la veille en marge d’une conférence de presse du premier ministre Mark Carney sur le budget.
Il a avoué qu’en tant que « red Tory », un conservateur plus progressiste, il ne retrouvait pas dans le style de leadership de Pierre Poilievre.
« Je ne me sentais pas représenté, a-t-il dit. […] Franchement, il faut chercher des solutions et aider sa communauté plutôt que de s’opposer systématiquement à tout ce qui se passe, a-t-il poursuivi. Je crois que c’est précisément l’occasion que nous offre le premier ministre Carney et son caucus : contribuer à trouver des solutions en cette période critique pour le Canada. »
PHOTO JUSTIN TANG, LA PRESSE CANADIENNE
Mark Carney et Chris d’Entremont
M. Poilievre a fait face à un barrage de critiques il y a deux semaines pour avoir suggéré que « plusieurs des scandales de l’ère Trudeau auraient dû impliquer des peines d’emprisonnement », notamment de la part de figures connues du mouvement conservateur.
Des rumeurs circulent voulant que d’autres députés conservateurs puissent faire défection chez les libéraux. Le gouvernement Carney n’est plus qu’à deux sièges d’avoir une majorité à la Chambre des communes. Il compte maintenant 170 députés.
Dominique Vien a tout de suite coupé court aux ouï-dire. « Je n’ai pas l’intention de quitter le caucus du Parti conservateur du Canada. Ce sont des rumeurs que je trouve bien tristes », a affirmé l’ancienne ministre libérale à Québec. Elle représente la circonscription de Bellechasse–Les Etchemins–Lévis.
Son collègue de Portneuf–Jacques-Cartier, Joël Godin, est passé sans répondre aux questions des journalistes tandis que Bernard Généreux a tenté de tempérer la situation.
« Ça fait partie de la vie politique d’avoir des gens qui peuvent changer d’idée et changer de parti, regardez au Québec », s’est exclamé l’élu de Côte-du-Sud–Rivière-du-Loup–Kataskomiq–Témiscouata. Est-il tenté de faire lui aussi défection ? « Absolument pas ! », a-t-il répondu.
Il a affirmé qu’il avait toujours confiance en chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, qui doit faire face à un vote de confiance en janvier.
Chris d’Entremont était le seul député conservateur de la Nouvelle-Écosse à avoir été élu lors de la dernière élection fédérale. Les libéraux détiennent maintenant l’ensemble des sièges dans cette province.
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Chris d’Entremont à une réunion du caucus libéral à Ottawa, le 5 novembre 2025
Reste que son départ mardi dans les heures suivant, le dépôt du premier budget du gouvernement de Mark Carney a secoué les troupes conservatrices. « M. D’Entremont doit donner des réponses à de nombreuses questions ce matin », a déclaré le député ontarien, Michael Barrett, en mêlée de presse.
Il n’a pas manqué de rappeler que son ancien collègue avait critiqué les libéraux en campagne électorale, allant jusqu’à qualifier le déficit à venir de « monstrueux » et de « fardeau irresponsable pour les générations futures ».
« Cela veut dire qu’on ne peut pas le prendre au mot s’il entend voter pour ce budget, a-t-il dit. C’est sûrement très décevant pour les électeurs de sa circonscription. »
M. d’Entremont n’a pas mis de temps avant de reprendre les slogans libéraux. « C’est le budget d’une génération », a-t-il affirmé lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il avait considéré le risque que le gouvernement tombe s’il n’arrivait pas à obtenir les votes pour faire passer son budget.
Le président du caucus libéral s’est porté à la défense de M. d’Entremont à l’entrée du caucus libéral. « La décision qu’il a prise est une qui est difficile et les gens doivent le soutenir », a-t-il souligné.
Il a rejeté l’idée avancée par les conservateurs qu’il devrait se présenter comme candidat libéral dans une élection partielle étant donné qu’il a d’abord été élu comme conservateur. « Il connaît ses électeurs mieux que moi », a-t-il répondu.
Il a également fait valoir que les règles en vigueur devraient s’appliquer. En vertu de la Loi sur le Parlement, une élection partielle est déclenchée seulement lorsqu’un siège à la Chambre des communes devient vacant.




