Nicolas Sarkozy remis en liberté sous contrôle judiciaire après trois semaines de détention

C’était largement prévisible. Ce lundi à 13 h 40, la cour d’appel de Paris a ordonné la remise en liberté de Nicolas Sarkozy, condamné le 25 septembre pour «association de malfaiteurs» dans l’affaire du financement de sa campagne présidentielle de 2007, potentiellement alimentée par la Libye. Le prévenu se voit infliger une interdiction de quitter le territoire et d’entrer en contact avec le garde des Sceaux, Gérald Darmanin. «Le garde des Sceaux applique toujours les décisions de justice», a réagi l’entourage du ministre de la Justice, qui était allé rendre visite à Nicolas Sarkozy durant sa détention.
«Je n’ai jamais eu l’intention, l’idée folle, de demander un financement de Khadafi», a plaidé devant la cour le président déchu, interrogé en visioconférence depuis la prison de la Santé. Un argument a priori de bon sens. Mais comme l’a rappelé au préalable le président de chambre de la cour d’appel, «nous n’aborderons pas les questions de fond, ce n’est pas le lieu.»
Avant de refaire le match à partir de mars 2026 (le calendrier judiciaire est en train d’être fixé), la cour d’appel devait statuer uniquement sur cette question de forme : la mise en détention de Nicolas Sarkozy est-elle strictement nécessaire au maintien serein d’une procédure pénale entamée dès 2013 pour corruption ? La réponse est donc non. Pour mémoire, le tribunal correctionnel avait ordonné l’exécution provisoire de sa condamnation à de la prison en ferme en raison de «l’exceptionnelle gravité» des faits. Mais en demande de remise en liberté, provisoire ou conditionnelle, il n’est question que de garanties de représentation ou d’absence de pression sur les autres protagonistes avant de rejuger l’affaire en appel.
Sur le premier point, Nicolas Sarkozy joue sur du velours : «Je suis Français, ma femme, mes quatre enfants et quatre petits-enfants habitent en France.» Le tout en présence de Carla Bruni et de ses deux fils aînés, dans la salle d’audience. La cour d’appel pinaille toutefois sur son patrimoine, qui pourrait justifier des envies d’escapades à l’étranger : 630 000 euros de salaires annuels, 553 000 euros de retraite, 2,3 millions de bénéfices non commerciaux, à peine amputés par une pension alimentaire de 78 000 euros. «Quelle est votre activité professionnelle ?» s’interroge légitimement la cour. L’impétrant tâche d’avoir réponse à tout : «Je conseille quatre entreprises, je suis avocat et conférencier. Je voyage donc beaucoup, mais jamais plus d’un ou deux jours.»
La messe est alors presque dite, même le parquet général, pourtant chargé de l’accusation, en convient : «Nicolas Sarkozy présente des garanties de représentation, il a toujours répondu aux convocations» de la justice française. Tout juste souhaite-t-il que sa remise en liberté soit assortie d’un contrôle judiciaire renforcé, pour le dissuader de faire pression sur des protagonistes ou témoins de l’affaire libyenne, qui passerait par un nouveau bracelet électronique, après celui déjà arboré au printemps dernier lors du procès Libyen, après sa condamnation définitive dans l’affaire Bismuth.
Et le parquet d’évoquer cette ultime affaire en cours le concernant, via une mise en examen en octobre 2023 pour complicité de subornation de témoin. C’était à propos d’une rétractation de Ziad Takieddine, intermédiaire sulfureux ayant initialement témoigné à charge, non pas devant les enquêteurs mais dans Paris Match. On ne se refait pas.
Mise à jour à 13 h 40 avec la décision de la cour d’appel de Paris ; et à 14 h 23 avec la réaction de l’entourage de Gérald Darmanin.




