Procès libyen: la justice française ordonne la remise en liberté de l’ancien président Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy va sortir de prison. La cour d’appel de Paris a ordonné, lundi 10 novembre, la remise en liberté de l’ancien président français, incarcéré depuis le 21 octobre 2025 à la Santé après sa condamnation dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle. La prison, « c’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant », a déclaré l’ancien président.
Publié le : 10/11/2025 – 13:44Modifié le : 10/11/2025 – 14:35
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Après vingt jours de détention provisoire, l’ancien président va sortir de prison. La cour d’appel de Paris a suivi le parquet général et a décidé, lundi 10 novembre, sa remise en liberté sous contrôle judiciaire. La demande avait été déposée par ses avocats dans les minutes qui ont suivi son entrée en détention à la prison de la Santé à Paris, le 21 octobre.
Estimant que « le risque de pression, de concertation ne pouvant pas être totalement écarté » sur ses coprévenus mais surtout sur « un certain nombre de témoins-clés », particulièrement les ex-dignitaires du régime Kadhafi disséminés à travers le monde, la justice a interdit à l’ex-président de sortir du territoire français. De plus, la cour lui a imposé une « interdiction de contact » élargie, avec d’anciens responsables libyens comme avec de hauts responsables de la justice française, notamment le garde des Sceaux Gérald Darmanin, constatant sa « capacité à actionner différents services de l’État » en tant qu’ex-président.
L’ancien président comparaissait en visioconférence, en veste bleu foncé, pull et chemise. Son épouse, Carla Bruni, et deux de ses fils, Pierre et Jean, ont pris place sur les bancs du public.
Nicolas Sarkozy, 70 ans, avait été incarcéré en raison de sa condamnation à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt assorti d’une exécution provisoire pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite pour un ex-président dans l’histoire de la République française et qui a suscité de vifs débats.
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Il s’agit aussi d’une première dans l’Union européenne où aucun ancien chef d’État n’a connu l’emprisonnement. Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il a aussitôt fait appel.
Plus que la condamnation, c’est le mandat de dépôt l’envoyant en prison, non susceptible de recours, qui avait suscité la stupeur. Pour les juges, il est justifié par la « gravité exceptionnelle » des faits. Pour Nicolas Sarkozy, il a été motivé par « la haine ».
Les critères de la mise en liberté en question
Nicolas Sarkozy devra être remis en liberté sous contrôle judiciaire, éventuellement assigné à résidence avec un bracelet électronique. En attendant, en prison, l’ex-président a été placé à l’isolement, mais deux officiers de sécurité étaient installés dans une cellule voisine. Des dispositions justifiées par « son statut » et les « menaces qui pèsent sur lui », selon le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez.
Fin octobre, Nicolas Sarkozy a reçu la visite du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, une entrevue qui a suscité des critiques, notamment de magistrats. Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un « risque d’obstacle à la sérénité » et donc « d’atteinte à l’indépendance des magistrats » avant le procès en appel.
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Le procès en appel attendu en mars
Parmi les trois condamnés avec mandat de dépôt par le jugement du 25 septembre, la cour d’appel a déjà mis en liberté sous contrôle judiciaire l’ex-banquier Wahib Nacer, 81 ans, mais a maintenu en détention l’intermédiaire Alexandre Djouhri. Pour ce dernier, condamné à six ans d’emprisonnement avec incarcération immédiate et 3 millions d’euros d’amende, la cour a considéré qu’il présentait des garanties « particulièrement faibles » face à son risque de fuite.
Dans son cas, la justice a également considéré que « les risques de pressions continuent d’exister » sur des témoins de l’affaire, notamment l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi, Bechir Saleh, condamné dans le dossier et en fuite.
Dans les deux cas, le président Olivier Géron a précisé au préalable qu’en statuant sur une demande de mise en liberté, « les critères d’appréciation de la juridiction d’appel sont nécessairement différents de ceux de la juridiction de premier degré » et que ces décisions ne présageaient en rien de l’issue du procès en appel, qu’il devrait diriger.
Très attendu, ce nouveau procès libyen devrait se tenir à partir du mois de mars 2026, même si les dates précises n’ont pas encore été officiellement annoncées.
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