Première bordée de neige | 20 cm de neige un 11 novembre, est-ce normal ?

Quelque 20 cm de neige étaient tombés sur le Grand Montréal, mardi soir, selon Environnement Canada. Est-ce normal d’avoir autant de neige si tôt dans l’année ? On en discute avec deux experts.
Publié à 5 h 00
Est-ce normal d’avoir de la neige si tôt dans l’année ?
La réponse est non.
« On est vraiment très tôt dans la saison », souligne Julien Pellerin, météorologue pour Environnement Canada.
Selon ses données, il faut habituellement attendre le 26 décembre avant de voir la première bordée de neige de 15 cm et plus. Et les premières petites chutes de neige de 5 cm ou plus n’arrivent normalement pas avant le 28 novembre.
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Cette bordée inhabituelle ne bat cependant pas le record de la tempête de neige la plus hâtive à Montréal.
Cette bordée inhabituelle ne bat cependant pas le record de la tempête de neige la plus hâtive à Montréal, qui remonte au 22 octobre 1988.
D’autres « petites averses » de neige pourraient ponctuer la suite de la semaine, mais pas de façon significative, indique le météorologue. Les températures se maintiendront cependant autour de 0 °C, ce qui fait que la neige pourrait persister au sol au moins jusqu’à vendredi.
Pourquoi la neige a-t-elle causé autant de pannes électriques ?
La bordée a donné du fil à retordre à Hydro-Québec. Vers 11 h, mardi, près de 350 000 foyers étaient touchés par environ un millier de pannes d’électricité. La région la plus touchée était la Montérégie, avec plus de 100 000 adresses.
Ces nombreuses pannes peuvent s’expliquer par un concours de circonstances assez particulier. « Le poids des feuilles mouillées et de la neige [a brisé] certaines branches plus fragiles, qui [sont entrées] en contact avec le réseau électrique », a indiqué Hydro-Québec sur les réseaux sociaux.
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La neige mouillée ajoute beaucoup de poids sur les branches des arbres.
Le sud du Québec a subi très peu de vent et de précipitations dans les dernières semaines, indique aussi le météorologue Julien Pellerin, ce qui fait que les arbres ont conservé leurs feuilles plus longtemps qu’à l’habitude.
Et la neige qui est tombée était aussi très lourde. « Dans les basses couches de l’atmosphère, la température est restée près de zéro, ce qui fait que la neige s’est gorgée d’humidité », explique-t-il.
Une fois qu’ils tombent, ces « gros flocons » s’agglomèrent alors plus facilement, ce qui ajoute beaucoup de poids sur les branches des arbres, qui peuvent finir par se briser.
Cet épisode neigeux est-il représentatif de ce qui nous attend à l’avenir, avec les changements climatiques ?
Cette bordée était particulièrement précoce ; mais elle n’est pas représentative de la tendance plus générale que projettent les scientifiques pour les décennies à venir.
« Il ne faut pas se laisser leurrer », lance Angelica Alberti-Dufort, spécialiste en recherche et transfert des connaissances en changements climatiques chez Ouranos. « La chute de neige qui se produit actuellement est due à la variabilité naturelle du climat. »
Plus précisément, dans les dernières années, les chutes de neige à l’automne étaient très variables d’une année à l’autre ; mais les modèles montrent que de telles chutes précoces vont être de moins en moins probables avec les changements climatiques.
« On prévoit une baisse des chutes de neige, toutes saisons confondues, et une diminution de la durée du couvert de neige, indique Angelica Alberti-Dufort. Le printemps et l’automne vont tendre à être des saisons sans neige. »
Cela pourrait avoir des impacts majeurs sur les activités hivernales et le tourisme.
Les modèles prévoient également plus de précipitations liquides en hiver, ce qui pourrait possiblement donner des chutes de neige qui alternent avec des épisodes de pluie. « Ça pourrait amener d’autres problèmes comme des débordements d’égouts ou des chaussées glissantes », prévient Angelica Alberti-Dufort.
De façon générale, avec ces hivers plus doux, « on pourrait avoir une panoplie d’impacts potentiels, mais c’est assez difficile à prévoir », indique-t-elle.



