« Ma fille m’a sauvée » : enceinte de trois mois, elle était au concert du Bataclan, lors des attentats du 13-Novembre

Emilie préfère une rencontre loin du bruit, à l’heure du déjeuner. « Un café ou un restaurant, je n’aurais pas pu… » Dix ans après, elle accepte de témoigner. Elle s’est jusqu’ici tenue à distance des médias, comme du procès dit « V13 », consacré aux attentats terroristes du vendredi 13 novembre 2015 et refermé il y a plus de trois ans.
La jeune femme n’avait « pas envie que la vie tourne autour de ça », cette nuit de fusillades et d’attaques-suicides au Stade de France, sur des terrasses et dans la salle de concert du Bataclan. Pourtant, ses jours sont hantés par ce soir-là. « Si je m’écoutais, je vivrais enfermée chez moi, je travaillerais en total télétravail et je ne sortirais jamais. C’est ça, ma vie rêvée. Je suis très angoissée depuis. »
Elle le dit dans un sourire triste, qu’elle balaye aussitôt. « Je vais bien, dans les grandes lignes, dit-elle. Nous avons de la chance. Nous sommes entrés à trois. Ressortis à trois. Nous avons tous nos membres. Pas de blessure physique. Ça ne se voit pas sur moi, que j’y étais. »
Elle est l’une des 1 500 personnes à avoir assisté au début du concert des Eagles of Death Metal, dans le 11e arrondissement parisien, avant l’irruption de trois terroristes. Son compagnon avait acheté les places. Le couple est venu avec un ami. « Ce n’était pas mon style. À la première chanson, on s’est regardés, avec notre ami, en se demandant ce qu’on faisait là. »
Emilie, 30 ans, coiffeuse, est alors enceinte de trois mois….



