Trends-CA

Les Cowboys Fringants repartent en tournée… au cinéma

Les Cowboys Fringants repartent en tournée… au cinéma ! Un spectacle capté en janvier 2023 à Québec est en effet projeté en salle dès ce vendredi partout dans la province. Il s’agit d’un rare exemple québécois d’une voie empruntée récemment par Taylor Swift, Depeche Mode et bientôt The Cure.


Publié hier à 5 h 00

« Avec les années, vous n’avez pas idée à quel point on est contents de vous avoir rencontrés… Je pense que c’est réciproque. Vous êtes un public gentil, respectueux, enthousiaste, trippant vraiment, coloré, ouvert, humain. Vous êtes vraiment une ostie de belle gang ! », lance Karl Tremblay, à la foule.

Cette déclaration d’amour, il l’a faite entre deux chansons lors d’un concert tenu au Centre Vidéotron de Québec, le 14 janvier 2023. Elle sera entendue partout dans province puisqu’une version cinématographique de ce spectacle réalisée par Louis-Philippe Eno prend l’affiche ce vendredi sous le prosaïque titre Les Cowboys Fringants – Québec/14/01/2023.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Karl Tremblay lors du concert des Cowboys Fringants à l’International des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, en 2023

« C’est ce qui existe de plus près d’un spectacle des Cowboys, se réjouit le réalisateur. Même s’ils faisaient beaucoup de tournées, ce n’est pas tout le monde qui pouvait se déplacer pour aller les voir. Le cinéma ouvre cette possibilité-là. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le réalisateur Louis-Philippe Eno

Son film a quelque chose de très classique dans sa forme : il capte un moment, dans son intégralité. Sans entrevues, sans images en coulisses, sans flafla. Rien pour entraver l’objectif principal : témoigner de l’atmosphère d’un concert du plus important groupe québécois des dernières décennies et du contact qu’il savait établir avec son public.

Un devoir de mémoire

Claude Larivée, producteur du film et partenaire de longue date des Cowboys, explique que l’opération visait d’abord à immortaliser ce moment « avec des moyens cinématographiques ». Pas parce que le cancer de Karl Tremblay était incurable, mais par devoir de mémoire. « Il nous manque de grands pans de culture au Québec parce que les évènements n’ont pas été archivés, les gens n’en avaient pas les moyens », souligne-t-il.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Le producteur Claude Larivée

« Quand on pense à Charlebois, Harmonium ou un paquet de gens comme ça, à part des captations pour la télévision à l’époque, il y a bien peu de choses qui existent, poursuit-il. C’est bien triste des décennies plus tard, quand tu veux en reparler, quand tu veux des documentaires. Aussi pour les fans, pour la mémoire collective. »

La captation du concert des Cowboys Fringants prend l’affiche dans le contexte plus large d’une résurgence des films musicaux au cinéma. Le mois dernier, une œuvre construite autour des concerts de Depeche Mode à Mexico a été présentée sur grand écran. Le mois prochain, ce sera au tour de The Cure et de Robert Charlebois (en version symphonique).

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les vidéos.

Taylor Swift a marqué les esprits il y a deux ans avec la version filmée de son spectacle The Eras Tour, mais d’autres artistes qui ne remplissent pas des stades ont aussi emboîté le pas, comme Mitski.

« C’est une mouvance qui n’est pas omniprésente, mais qui prend de plus en plus de place », observe Mario Lefebvre, pilier de l’industrie de la musique au Québec qui a beaucoup travaillé avec des multinationales du disque et avec Céline Dion. Si de tels films musicaux arrivent sur grand écran, c’est d’abord qu’il existe de « super fans » qui veulent tout voir.

Désolé, votre navigateur ne supporte pas les vidéos.

C’est aussi, juge-t-il, un moyen de permettre aux gens de voir un concert auquel ils n’ont pas pu assister – tout le monde ne peut pas payer des centaines de dollars pour un billet – et à ceux qui y ont assisté de le voir autrement. L’expérience du concert au cinéma permet en effet une proximité qu’on ressent rarement en salle.

« Le son est incroyable, ajoute Louis-Philippe Eno. L’acoustique est vraiment bonne dans une salle de cinéma, ça permet de vivre des émotions qu’on ne peut pas vivre autrement. » Les Cowboys Fringants ont joué en formule 10 musiciens au Centre Vidéotron de Québec et ça s’entend.

Les cinémas et la SODEC impliqués

Transposer des concerts au cinéma n’est peut-être pas encore une tendance lourde, mais il y a de l’intérêt du côté des propriétaires de salles, assure Éric Bouchard, coprésident de l’Association des propriétaires de cinémas du Québec (APCQ). Ce regroupement n’est d’ailleurs pas étranger à l’existence des captations et de la diffusion en salle du spectacle Harmonium symphonique, qui a connu un grand succès l’an dernier, et de celui des Cowboys Fringants cette année.

Un marché de « contenu alternatif » a commencé à émerger il y a une douzaine d’années, explique-t-il, évoquant les projections spéciales en présence de réalisateurs et la rediffusion au cinéma d’opéras du Metropolitan Opera de New York. « Les spectacles filmés en font partie », dit-il.

L’APCQ « a travaillé étroitement » avec la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), raconte Éric Bouchard, pour la mise sur pied d’un appel d’offres visant à soutenir des productions destinées au grand écran. Les captations du concert Harmonium symphonique et de celui des Cowboys ont été sélectionnées. L’un des critères était que l’évènement ait un caractère évènementiel, précise-t-il, avec l’idée de « l’amener dans toutes les régions du Québec » par l’entremise du cinéma.

Mario Lefebvre estime que les diffusions en salle ne constitueront qu’un volet de la stratégie d’exploitation de ce genre de films. « Ces diffusions se font sur une courte durée », dit-il, en citant les exemples de Depeche Mode ou de David Gilmour, qui n’ont tenu l’affiche que quelques jours au cinéma. « Après ça, il y a tous les autres nouveaux moyens de diffusion, les plateformes comme Netflix ou Amazon », prévoit-il.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Robert Charlebois avec l’Orchestre symphonique de Montréal, en 2024

Les Cowboys Fringants ne seront pas les seuls artistes québécois au cinéma cette année. Claude Larivée évoque la diffusion en salle, dès décembre, d’une captation du concert symphonique présenté par Robert Charlebois avec l’Orchestre symphonique de Montréal.

« Ce qu’on aimerait, avoue Éric Bouchard, de l’APCQ, c’est d’en présenter deux ou trois par année, qu’on arrive à en produire assez pour que ce soit récurrent et que les gens attendent ces films-là. »

Les Cowboys Fringants – Québec/14/01/2023, en salle

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button