Face aux restrictions sur les travailleurs temporaires, des restaurants craignent la fermeture

Les restrictions sur l’accès aux travailleurs étrangers temporaires causent des maux de tête à plusieurs restaurateurs québécois, qui sont à risque de perdre prochainement une partie importante de leur main-d’œuvre. Pour certains, c’est une réduction de leur activité, voire une fermeture, qui leur pend au bout du nez.
Le restaurant La Promenade, à Havre-Saint-Pierre, se targue d’être le seul établissement de la Minganie ouvert à l’année, 7 jours sur 7.
Un véritable exploit dans cette région peuplée de seulement 6500 personnes, qui va de Rivière-au-Tonnerre, à l’est de Sept-Îles, jusqu’à Natashquan.
Si La Promenade peut servir ses plats de fruits de mer ou ses assiettes de pâtes à l’année, c’est en grande partie grâce à ses travailleurs étrangers temporaires (TET), explique Monia Petitpas, copropriétaire de l’établissement depuis 26 ans.
« Pendant les 23 premières années, c’était le jour de la marmotte : on manquait de personnel à répétition. On avait toujours au-dessus de la tête une épée de Damoclès : est-ce que je vais devoir fermer le restaurant une journée, est-ce que je dois abolir des shifts ? »
Depuis trois ans, l’entreprise emploie dans ses cuisines des travailleurs étrangers, originaires du Mexique, de la Tunisie et du Cameroun. Une initiative qui apporte une « paix d’esprit » aux propriétaires, qui en ont profité pour accroître leur activité, notamment en ouvrant le matin pour offrir des déjeuners.
Cette stabilité est mise à mal par la révision l’an dernier du Programme des travailleurs étrangers temporaires. Une nouvelle mesure prévoit entre autres que la proportion de TET à bas salaire ne doit pas dépasser 10 % de l’effectif d’une entreprise.
Or, des 20 employés permanents du restaurant La Promenade, 9 sont des travailleurs étrangers temporaires à bas salaire, bien au-delà de la proportion exigée par les nouvelles règles.
« J’ai trois permis de travail qui arrivent à échéance en janvier et février prochain. Si je ne les renouvelle pas, c’est la fermeture qui me guette. J’ai besoin de tous mes employés », se désole Monia Petitpas.
« Ils sont déjà ici, ils sont installés, ils se sont intégrés, ils travaillent à l’année, ils payent des impôts, pourquoi ne peut-on pas simplement renouveler leur permis ? » se questionne la femme d’affaires.
« On va frapper un mur »
Ce genre de situation se reproduit à la grandeur du Québec, affirme Martin Vézina, vice-président et porte-parole de l’Association Restauration Québec (ARQ).
« On est à risque de perdre des travailleurs qui permettaient à plusieurs exploitants de faire fonctionner leur commerce ».
L’ARQ a d’ailleurs interpellé le gouvernement fédéral la semaine dernière à l’occasion du dépôt du budget pour lui demander l’instauration d’une clause « grand-père » s’appliquant aux TET déjà présents sur le territoire canadien. Le ministre québécois de l’Immigration, Jean-François Roberge, s’est déjà montré favorable à une telle proposition.
« Pour beaucoup de restaurants, on envisage une baisse des heures d’ouverture et même des fermetures dans certains cas », explique Martin Boily, directeur des ressources humaines du groupe D Resto, qui compte 24 établissements au Québec, particulièrement au Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans Charlevoix.
Le groupe D Resto emploie au total une centaine de travailleurs étrangers temporaires, très majoritairement en cuisine, en provenance du Maghreb, de l’Afrique de l’Ouest et du Mexique.
« On va frapper un mur au printemps 2026, soutient Martin Boily. La plupart des permis de travail de nos TET vont expirer. Et il y en a la moitié qu’on ne pourra pas renouveler. C’est majeur comme impact sur notre organisation. »
M. Boily déplore également le coût humain relié à ce changement de réglementation. « C’est terrible, le stress qu’on fait vivre à ces travailleurs-là. Ce sont des gens intégrés à la société québécoise, qui ont des enfants qui vont à l’école et qui parlent québécois comme vous et moi. Ils sont venus pour répondre à un besoin et ils y répondent toujours. Ce sont des gens qui sont arrivés légalement ici. Puis, du jour au lendemain, on leur dit, ça ne marche plus, on change les règles du jeu. »
La vie communautaire en région risque également d’écoper, croit Martin Vézina. « En milieu rural, les restaurants sont souvent le lieu de rencontre des gens. S’ils se trouvent à manquer de personnel puis qu’ils doivent fermer, c’est la communauté qui va y perdre. »
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.




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