Imaginez qu’on vous dise: «Venez, nous avons besoin de vous. Ici, vous aurez une place, un avenir et la possibilité de construire une vie.» Alors, vous y croyez. Vous faites vos valises, vous partez le cœur rempli d’espoir, entraînant toute votre famille dans cette aventure.
C’est notre histoire. Nous — Florence, Julie, Sabrina, Delphine, Emmanuelle, Barbara, et des centaines d’autres travailleuses sociales, infirmières et professionnels de la santé — avons tout quitté pour répondre à l’appel de Recrutement Santé Québec (RSQ). La promesse était claire: un permis temporaire, puis la résidence permanente. En retour, un avenir stable dans un Québec où notre travail était indispensable.
Aujourd’hui, nous sommes ici. Chaque jour, nous soignons, écoutons, accompagnons. Nous, travailleuses sociales, soutenons vos parents vieillissants, écoutons vos proches en détresse, aidons vos familles à traverser les épreuves. Nous, infirmières, veillons sur vos nuits d’hôpital, apaisons vos douleurs, restons présentes dans vos moments les plus difficiles. Nous aimons notre métier. Nous aimons cette vie que nous avons construite ici. Mais aujourd’hui, c’est l’incertitude qui domine.
Après avoir fermé le Programme régulier des travailleurs qualifiés (PRTQ), le gouvernement a suspendu, sans préavis, le 5 juin dernier, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) — notre dernier espoir d’obtenir la résidence permanente. Il ne reste que le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ), une loterie qui transforme notre avenir en pari: des tirages rares, peu de sélectionnés. Notre vie est devenue une roulette russe.
Nous sommes des centaines, recrutés à l’étranger pour combler des besoins urgents, puis laissés pour compte une fois arrivés. Comment peut-on faire appel à nous, s’appuyer sur nous et en même temps nous priver de toute perspective d’avenir? Nous ne demandons pas un privilège. Nous demandons simplement que le Québec tienne ses engagements. Que les promesses de RSQ ne restent pas des paroles vides. Que notre contribution — concrète, vitale, quotidienne — soit reconnue à sa juste valeur.
Aujourd’hui, nous brisons le silence. Parce que soigner, c’est aussi défendre ce qui est juste. Et ce qui est juste, c’est que le Québec nous accorde la stabilité qu’il nous a promise. Ne nous laissez pas de côté. Soutenez-nous, pour que nos vies, nos métiers, et notre engagement soient enfin sécurisés!
