Guerre en Ukraine | Zelensky repousse le plan américain, Poutine menace de poursuivre les conquêtes
(Kyiv) Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a repoussé vendredi le plan américain visant à mettre fin à près de quatre ans d’invasion russe, salué au contraire par son homologue russe Vladimir Poutine, qui a menacé de poursuivre les conquêtes en cas de refus.
Mis à jour hier à 13 h 29
Donald Trump a estimé que le 27 novembre, jour de la fête de Thanksgiving, était une date butoir « adéquate » pour recevoir une réponse sur ce texte de 28 points, qui reprend plusieurs exigences russes et qui est donc perçu par beaucoup à Kyiv comme une forme de capitulation.
« Il faudra bien que cela lui plaise, et si cela ne lui plaît pas, alors, vous savez, ils n’auront qu’à continuer à se battre », a dit le président américain, interrogé sur le rejet de son projet par Volodymyr Zelensky.
« L’Ukraine pourrait être confrontée à un choix très difficile : la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire clé », les États-Unis, a déclaré M. Zelensky dans une adresse vidéo à la nation, estimant que le pays traverse « l’un des moments les plus difficiles de [son] histoire ».
À Moscou, Vladimir Poutine a lui jugé que le plan américain pouvait « servir de base à un règlement pacifique définitif » du conflit lancé en 2022. Il s’est dit prêt à une « discussion approfondie de tous les détails » du texte élaboré par Washington.
PHOTO SPUTNIK, FOURNIE PAR REUTERS
Le président russe, Vladimir Poutine
En cas de refus ukrainien, « les évènements qui se sont produits à Koupiansk se reproduiront inévitablement sur d’autres secteurs clés du front », a-t-il menacé, en référence à une ville de l’est de l’Ukraine dont la capture a été revendiquée par son armée jeudi.
« Une paix réelle et digne »
Des médias, dont l’AFP, ont publié ces propositions de 28 points soutenues par Donald Trump, et qui demandent que Kyiv cède des territoires à la Russie, renonce à intégrer l’OTAN, réduise ses forces armées et organise des élections dans la foulée.
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Les propositions américaines augurent « une vie sans liberté, sans dignité, sans justice », a renchéri M. Zelensky.
« Je ne trahirai jamais […] mon serment de fidélité à l’Ukraine », a-t-il dit, ajoutant : « Je présenterai des arguments, je persuaderai, je proposerai d’autres solutions. »
Dans la foulée, M. Zelensky s’est entretenu avec le vice-président américain, J.D. Vance, sur ce plan, assurant qu’il « continue de respecter » la volonté de Donald Trump de mettre fin à la guerre.
PHOTO THOMAS PETER, REUTERS
Des secouristes se tiennent près d’un immeuble d’habitation détruit par un tir de missile russe meurtrier mercredi, à Ternopil, en Ukraine, le 21 novembre 2025.
Le président ukrainien s’est également concerté d’urgence avec les dirigeants français, allemand et britannique, ses alliés en Europe.
« Nous travaillons sur le document préparé par la partie américaine » pour « assurer une paix réelle et digne » pour l’Ukraine, a-t-il déclaré sur X à l’issue de l’entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz.
Ces derniers ont appelé à trouver une solution au conflit en Ukraine impliquant « pleinement » Kyiv, et assuré que toute décision nécessitait le « soutien conjoint et le consensus » des Européens et de l’OTAN, a indiqué l’Élysée dans un communiqué.
« Rien ne doit être décidé sur l’Ukraine sans l’Ukraine », a martelé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après un appel avec M. Zelensky.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a lui estimé que toute « solution de paix » pour l’Ukraine devrait respecter son « intégrité territoriale », à la veille d’une réunion du G20 à Johannesburg.
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Territoires perdus et armée réduite
Un responsable américain a déclaré jeudi que le plan proposé pour l’Ukraine comprenait des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l’OTAN en cas de future attaque, confirmant des informations de presse.
Selon ce texte, vu par l’AFP, Kyiv n’obtiendrait pas de déploiement de forces occidentales sur son sol, même si le plan prévoit des avions de combat européens en Pologne pour protéger le pays.
Il reprend plusieurs demandes formulées par le Kremlin de longue date et rejetées par Kyiv auparavant, prévoyant notamment que l’Ukraine cède l’est du pays à Moscou et accepte l’occupation d’une partie du sud de son territoire.
Les deux régions du bassin minier et industriel du Donbass, Donetsk et Louhansk (Est), ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient « reconnues de facto comme russes, y compris par les États-Unis », et Moscou recevrait d’autres territoires ukrainiens qui sont encore aujourd’hui sous le contrôle de Kyiv.
PHOTO THOMAS PETER, REUTERS
Un pompier examine une voiture détruite lors d’une frappe de missile russe contre un immeuble à Ternopil, en Ukraine, le 21 novembre 2025.
La Russie verrait également son isolement à l’égard du monde occidental prendre fin avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions, ainsi que son souhait d’éloigner à jamais Kyiv de l’Alliance atlantique entériné dans la Constitution ukrainienne.
Kyiv devrait limiter son armée à 600 000 militaires et se contenter d’une protection par des avions de combat européens basés en Pologne, tandis que l’OTAN s’engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine.
À Kyiv, le mot « capitulation » était vendredi dans toutes les bouches.
« J’espère vraiment que la partie ukrainienne refusera de mettre en œuvre un tel accord », a déclaré à l’AFP Danylo Domsky, un étudiant de 18 ans.
Le bilan d’une frappe sur Ternopil monte à 31 morts
Le bilan d’une frappe russe mercredi sur un immeuble d’habitation dans la ville ukrainienne de Ternopil est monté à 31 morts, a annoncé vendredi la police ukrainienne.
Les opérations de recherche se poursuivent dans les décombres de l’immeuble frappé par un missile de croisière qui a détruit les étages supérieurs.
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Le président Volodymyr Zelensky avait fait état jeudi d’un bilan de 26 morts et plus de 90 blessés, avec 22 personnes portées disparues.
Il s’agit de l’une des frappes les plus meurtrières de l’année en Ukraine, qui lutte depuis plus de trois ans contre l’invasion de la Russie.
La police ukrainienne a indiqué vendredi que les secouristes avaient « retrouvé les corps de trois autres personnes dans les décombres de l’immeuble détruit : une femme et deux enfants ».
Sur les 31 personnes dont la mort a été confirmée, on compte 6 enfants. Et sur les 94 personnes blessées, il y a 18 enfants.
« Les recherches des personnes encore portées disparues se poursuivent », selon la police.
Agence France-Presse
Une bombe planante russe fait cinq morts en Ukraine
Une bombe planante russe s’est abattue sur un quartier résidentiel de la ville de Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine, tuant cinq personnes, ont rapporté vendredi les autorités locales.
Cette attaque nocturne, qui a également fait dix blessés, dont une adolescente, s’est produite après la divulgation des détails d’un plan américain visant à mettre fin à la guerre.
Les responsables ukrainiens examinaient les propositions, et le président Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il comptait s’entretenir avec le président américain, Donald Trump, dans les prochains jours.
La puissante bombe planante qui a frappé Zaporijjia a endommagé plusieurs immeubles résidentiels qui avaient déjà été atteints plus tôt dans la guerre. Elle a aussi détruit un marché local, selon le chef de l’administration militaire régionale, Ivan Fedorov.
La force brute des bombes planantes, une arme soviétique modernisée lancée par des avions russes volant à haute altitude, ravage depuis des mois les villes ukrainiennes situées en première ligne.
L’Ukraine ne dispose d’aucune contre-mesure efficace pour les affronter.
Par ailleurs, une attaque de drones russes est survenue sur la ville d’Odessa. Là aussi, un quartier résidentiel a été touché pendant la nuit. Cinq personnes, dont un garçon de 16 ans, ont été blessées.
Associated Press
