Expos et Nordiques: des occasions ratées et un rêve qui persiste

Ils ont dit ce qui faisait leur affaire… et des décennies plus tard, certains continuent de défendre l’indéfendable.
Les faits demeurent criants : en 1995, lors du départ des Nordiques, les instances gouvernementales et le Québec Inc. ont cavalièrement erré. L’erreur s’est répétée en 2004 avec le déménagement des Expos.
Ici, on ne retient pas les leçons. Peu de mémoire, beaucoup d’égo.
La suite de l’histoire démontre à quel point les décideurs de l’époque ont manqué de flair pour structurer une pensée décisionnelle et ébaucher un grand plan.
Il était évident que la LNH n’allait pas survivre sans un plafond salarial. Tout aussi évident que ce plafond aurait assuré la pérennité des Nordiques à Québec.
Trente ans plus tard, difficile de croire que les notables de 1995 n’en savaient rien. Ont-ils simplement voulu «passer à la petite caisse» et aller faire autre chose?
Et Gary Bettman, quel rôle a-t-il vraiment joué?
L’histoire des Expos est différente. Le baseball majeur n’a toujours pas de plafond salarial, plus de 20 ans après leur départ pour Washington. Les actionnaires de contrôle devaient choisir: œuvrer dans un micro-marché avec de faibles revenus, espérer embaucher leur propre Moneyball pour un succès minimal, ou liquider le club et empocher.
Un facteur non négligeable: le peu d’amour des Québécois pour les perdants. Peu importe le sport, si ton club gagne, les estrades sont pleines. Mais un club de hockey dans la meilleure ligue au monde ou une équipe de balle en MLB risque de mourir devant des gradins dégarnis si les défaites s’accumulent.
C’est ce qui a fait perdre les Nordiques, puis les Expos.
Et c’est aussi ce qui a permis à un Américain du Colorado de racheter le Canadien et de le faire entrer dans la nouvelle ère du hockey.
Là aussi, des dessous demeurent non révélés. Comment Québec Inc. a-t-il pu laisser passer l’occasion d’acheter le Centre Molson et le CH? Heureusement, le club est redevenu propriété d’intérêts montréalais menés par Geoff Molson.
Reverra-t-on les Nordiques un jour? Autrement que leur uniforme porté par l’Avalanche? J’en doute… mais je continue d’en rêver.
Le Québec change vite. On assiste à un vent de changement propulsé par une jeunesse confiante, prête à épouser la mondialisation tout en restant maître chez elle. Au cœur de la nouvelle économie, des volontaires lèvent la main.
Ashkan Karbasfrooshan, formé à la John Molson School of Business, fondateur et CEO de WatchMojo, l’une des plus importantes plateformes de contenus en ligne au monde, a accès à des milliards en capitaux… et caresse un grand projet: le retour des Expos!
Forbes a publié des résultats accablants pour la MLB: la valeur moyenne des 30 équipes est inférieure à celle des 32 clubs de la LNH. Qui aurait cru cela possible?
L’absence de plafond salarial explique ce constat. Une bataille titanesque se profile, mais d’ici là, des équipes sont à vendre et il n’y a pas assez d’acheteurs.
Autrement dit, il y a une bonne affaire à faire. Un minimum de flair intime de foncer sans attendre, d’acheter une équipe ou d’en obtenir une via l’expansion, de construire ce fameux parc au centre-ville… et ensuite, laisser les capitaux travailler pendant qu’on partage un bretzel géant et une mousse bien froide.
Il est temps pour Québec Inc. et les instances gouvernementales de relever la tête, de montrer un peu de fierté… mais surtout d’avoir du flair! À qui la chance?



