Les dossiers de succession sont rendus compliqués à mort!

Un transfert de richesse historique des baby-boomers va secouer le Québec au cours des prochaines années: 1000 milliards de dollars passeront aux mains d’héritiers. Mais derrière les chiffres, c’est l’enfer des successions: dettes, délais et conflits familiaux. Découvrez les témoignages de ceux qui vivent ce parcours semé d’embûches.
Les notaires sont submergés par des dossiers de succession de plus en plus complexes à l’aube du plus grand transfert intergénérationnel de l’histoire du Québec.
«On est dans le jus, ça fait juste appeler!» lance en entrevue la notaire Chloé-Maude Ross.
Avec le vieillissement de la population, le nombre de décès au Québec augmente naturellement avec les années qui passent, tandis que la quantité de notaires, elle, reste à peu près stable.
Prenons les chiffres des dix dernières années: pendant cette période, la Chambre des notaires a toujours compté à peu près 3900 membres, alors que le nombre de décès dans la province est passé de 64 400 en 2015 à 78 800 en 2024, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).
«Il y a un plus grand nombre de dossiers, mais c’est aussi que les cas sont plus compliqués, entre autres parce que les patrimoines sont plus importants qu’avant», précise Mme Ross.
La notaire Chloé-Maude Ross dans son bureau, à Québec.
De fait, les données de Statistique Canada montrent que les Québécois de 65 ans et plus disposent actuellement d’actifs représentant 1080G$. La Banque Royale du Canada estime qu’un transfert intergénérationnel de 738G$ aura lieu dans les prochaines années dans la province.
Bye bye, snowbirds
Il arrive également de plus en plus souvent que les Québécois qui meurent possèdent des actifs à l’étranger, comme un condo en Floride, ce qui alourdit passablement le processus et entraîne des délais supplémentaires pour le règlement d’une succession.
«C’est sans compter les cas où les gens veulent léguer des biens à des membres de leur famille qui vivent dans un autre pays ou encore les décès outre-mer!» souligne la planificatrice financière Brigitte Felx, qui est première directrice régionale chez RBC Gestion mondiale d’actifs.
Dans ce genre de situation, les liquidateurs se retrouvent souvent avec plusieurs testaments sur les bras. Les documents ne sont pas toujours dans la même langue, ce qui implique de les faire traduire. Il faut aussi composer avec les lois du pays où se trouvent les actifs et le testament étranger.
C’est délicat
En amont, les choses prennent aussi plus de temps en raison des situations familiales particulières qui rendent la planification plus délicate.
«Il y a plus de familles recomposées qu’avant, avec des conjoints qui ont eu des enfants chacun de leur côté avant de se rencontrer. Les gens veulent être justes avec tout le monde et il faut bien structurer les choses pour éviter les conflits», reprend Chloé-Maude Ross.
«Mais tout ça, c’est quand il y a un testament. Quand il n’y en a pas, ou que ça a été mal fait, ça peut être encore plus complexe», conclut la notaire.
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