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Les 100 M$ au plus vite pour le Mont-Sainte-Anne, presse le préfet

Il y a un an, presque jour pour jour, le gouvernement du Québec annonçait un prêt et une subvention de 50 millions à Resorts of the Canadian Rockies (RCR), l’entreprise propriétaire du Mont-Sainte-Anne.

En échange, RCR s’engageait à investir un montant équivalent dans la montagne au cours des cinq prochaines années, tout en respectant plusieurs critères négociés avec l’État.

Ces fonds devaient permettre d’investir dans la montagne, qui a grand besoin de rénovations. Mais depuis l’annonce, l’entente de financement reste en négociation et aucun investissement n’a encore été réalisé.

Alors voilà, vendredi, à la veille de l’ouverture de la montagne, la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) a ordonné la fermeture de quatre remontées mécaniques aériennes. Des inspections effectuées ont mis en évidence un bris compromettant leur fonctionnement «normal et sécuritaire».

«La gravité des manquements observés au cours des dernières années crée une situation d’urgence qui oblige la RBQ à intervenir sans délai en vue d’éviter qu’un préjudice irréparable soit causé au public», avait indiqué le vice-président à l’inspection de la RBQ, Stéphane Petit.

En 2022, une gondole vide d’un remonte-pente s’était décrochée du câble pour s’écraser plusieurs mètres plus bas, sur la piste de ski. Deux ans auparavant, un arrêt brusque des télécabines avait blessé de nombreux skieurs.

«La reprise des activités dépendra du rythme auquel la station Mont-Sainte-Anne se conformera aux exigences prévues à l’ordonnance», avait-il ajouté.

Le député de Jean-Talon et porte-parole du Parti québécois pour la Capitale-Nationale, Pascal Paradis, a pointé du doigt la «négligence» de RCR qui accumule les «désastres».

Une gestion «irresponsable»

La députée caquiste de Charlevoix–Côte-de-Beaupré, Kariane Bourassa, a également tenu à dénoncer la gestion du Mont-Sainte-Anne par ses propriétaires.

«Je veux aussi être très claire. La gestion de la montagne par RCR a été irresponsable. La situation dans laquelle ils placent actuellement nos gens d’affaires, notre industrie touristique et toute la communauté est inacceptable», a-t-elle écrit sur Facebook, dimanche.

«Je demande à RCR de collaborer pleinement avec les autorités et de corriger la situation sans délai. Mais il y a une chose qui est non négociable pour notre gouvernement. La sécurité. On ne rouvrira pas une station si elle n’est pas 100 % sécuritaire», a ajouté Mme Bourassa.

Une cellule de crise a été mise en place «pour obtenir l’information complète et pour forcer RCR à se conformer le plus rapidement possible» aux exigences de l’industrie et du gouvernement.

Une manifestation samedi

Des amoureux du Mont-Sainte-Anne ont aussi décidé de faire entendre leur voix. Ils organisent une manifestation dans le stationnement de la station de ski, samedi.

«Depuis 26 ans, la montagne est laissée à l’abandon par RCR. Aucun entretien, aucune vision, aucun investissement, aucune responsabilité. Un joyau québécois est en train de mourir sous nos yeux», peut-on lire dans la description de l’événement.

Les manifestants veulent entre autres dénoncer «l’inaction de RCR» et «rappeler au gouvernement que ce lieu nous appartient collectivement», mais qu’il est «aujourd’hui en état de décrépitude, avec des infrastructures défaillantes».

La goutte de trop

Le report de la saison de ski au Mont-Sainte-Anne a été la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour le préfet de la MRC de La Côte-de-Beaupré, Pierre Lefrançois, qui presse le gouvernement de confirmer les 100 millions de dollars annoncés il y a un an.

«Il est hors de question que notre région se prive de cet investissement majeur qui soutient le développement et le tourisme au profit de toute une communauté. Le gouvernement gèrera ses enjeux avec le propriétaire de la montagne dans un second temps, mais pour l’heure, ce sont nos entreprises et notre économie qu’il faut soutenir», a décrié M. Lefrançois.

«Je trouve malheureux que les choses prennent autant de temps. Ce n’est jamais assez rapide. Nous avons la plus belle montagne du Québec, la plus proche d’un centre urbain, avec le fleuve et les montagnes tout autour. Nous y croyons et voulons contribuer positivement à la rénovation du site. Il ne manque plus que l’argent», a-t-il renchéri.

Le Mont-Sainte-Anne fera une mise à jour de la situation lundi.

La communauté d’affaires s’inquiète

Le tourisme hivernal est le principal secteur d’emploi de la Côte-de-Beaupré, générant près de 1500 emplois.

«Ce n’est pas rien!» a lancé dimanche Iann Lachance, président d’Alliance Affaires Côte-de-Beaupré .

Ce regroupement craint les répercussions néfastes des problèmes que traverse le Mont-Sainte-Anne sur l’économie régionale.

«Le mécontentement est réel et légitime, tant chez les citoyens que chez les gens d’affaires. […] Les investissements du gouvernement sont essentiels pour restaurer la confiance et permettre à notre destination de se projeter dans l’avenir. […] Chaque jour d’attente fragilise notre tissu économique. Notre territoire a besoin d’actions concrètes maintenant», a conclu M. Lachance.

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