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Démission de Pablo Rodriguez: chronologie d’une crise

Jusqu’en septembre 2024, Pablo Rodriguez était ministre des Transports et lieutenant québécois du gouvernement canadien sous Justin Trudeau. Il quitte alors le Parti libéral du Canada (PLC) pour se lancer dans la course à la chefferie du Parti libéral du Québec (PLQ). Au terme d’une longue course plutôt serrée, il est élu chef du PLQ en juin 2025. Non élu au Parlement, il nomme la députée vedette Marwah Rizqy comme cheffe parlementaire.

Marwah Rizqy congédie sa cheffe de cabinet

La crise au parti émerge le 17 novembre dernier, lorsque Marwah Rizqy met à la porte sa cheffe de cabinet, Geneviève Hinse, en lui reprochant d’avoir commis une «faute grave». Cette dernière est une proche de Pablo Rodriguez et a notamment travaillé avec lui dans sa course à la chefferie. Geneviève Hinse avait été nommée cheffe de cabinet par M. Rodriguez lui-même.

Pour Pablo Rodriguez, le geste est inacceptable. Il suspend sa députée du caucus et la remplace par André Fortin comme chef parlementaire. Le chef libéral demande à Marwah Rizqy de s’expliquer sur les raisons du congédiement, mais elle refuse de s’entretenir avec lui. Geneviève Hinse poursuit Marwah Rizqy pour 500 000 $, affirmant avoir été congédiée sans fondement.

Des «brownies» dans la course à la chefferie

Le 19 novembre, le Journal de Montréal révélait un échange de textos qui portait à croire que des «brownies», un surnom pour des billets de 100 $, auraient été donnés à des membres du PLQ en échange de leur appui à Pablo Rodriguez dans sa course à la chefferie. Le chef a nié en bloc avoir eu connaissance d’un tel stratagème.

Cette première révélation d’une longue série a d’ailleurs permis de découvrir qu’il n’était pas illégal de payer pour des votes dans le cadre d’une course à la chefferie d’un parti. Un projet de loi a été déposé en novembre pour interdire cette pratique, qui était pourtant déjà illégale dans le cadre d’élections.

Un député fédéral dans la mêlée

La semaine suivante, La Presse dévoilait que le député libéral fédéral Fayçal El-Khoury avait récolté des dons pour Pablo Rodriguez durant sa course à la direction, avec un certificat de solliciteur. L’élu de Laval se serait aussi entretenu avec la députée Marwah Rizqy à la mi-novembre, une conversation qui pourrait avoir été une bougie d’allumage de la crise au PLQ, selon le quotidien montréalais.

L’UPAC débarque

L’Unité policière anticorruption arrive dans le décor le 27 novembre. Le Journal de Montréal affirme que l’UPAC a rendu visite à Marwah Rizqy pour récolter son témoignage. Les policiers en étaient alors à la phase de «vérification».

Le 10 décembre, l’UPAC a finalement confirmé qu’elle ouvrait une enquête autour du Parti libéral du Québec.

Expulsion de Rizqy

«C’est assez», a tranché Pablo Rodriguez le 2 décembre. Le chef a officiellement exclu Marwah Rizqy du caucus libéral, l’accusant «d’agir seule et de se placer au-dessus de l’équipe», ainsi que d’être une distraction pour le parti.

Le conjoint de Rizqy, le député libéral Greg Kelley, garde sa place au sein du caucus. Il s’est absenté du Parlement depuis le début de la saga au PLQ, mais a conservé le soutien de ses collègues. Pablo Rodriguez a également ouvert la porte à Geneviève Hinse, si celle-ci souhaite revenir au cabinet.

Une autre députée suspendue

La même semaine, la députée Sona Lakhoyan Olivier est suspendue du caucus, car une enquête à son sujet est ouverte par la Commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale. Il est de coutume que les députés sous enquête de la Commissaire soient suspendus le temps de faire la lumière sur leurs gestes.

L’enquête porte sur l’utilisation des ressources publiques de la circonscription de Mme Lakhoyan Olivier à des fins partisanes, plus spécifiquement dans le cadre de la course à la chefferie de Pablo Rodriguez.

Des anciens pointent la porte

Dans la dernière semaine des travaux parlementaires, le leadership de Pablo Rodriguez était sous pression. D’anciens élus libéraux sont sortis publiquement pour réclamer son départ. Des membres du parti s’impatientaient aussi.

En parallèle, l’entourage de Rodriguez a fait circuler une lettre d’appui au chef, mais celle-ci n’a pas recueilli l’appui de l’aile jeunesse et de plusieurs associations de circonscriptions. Les députés ont maintenu leur soutien envers le chef, mais certains ont gardé une modération dans leur appui.

Cabral, l’élément déclencheur

Mardi, une nouvelle tuile a sonné la fin du règne de Pablo Rodriguez. Des médias ont révélé que l’homme d’affaires Emanuel Cabral aurait remboursé à certains de ses employés leur don de 500 $ fait à la course à la chefferie de Pablo Rodriguez, lors d’un événement en avril. L’importateur d’alcool a affirmé au Journal qu’il s’agissait de sa propre initiative.

La pratique de prête-noms, où de l’argent est offert à une personne pour qu’elle le donne à un parti politique, est strictement illégale.

C’était la goutte de trop pour le chef. Mercredi, Pablo Rodriguez a annoncé aux députés sa démission lors d’un caucus virtuel.

Il aura donc fallu un mois jour pour jour entre le début de la crise au PLQ et la démission de Pablo Rodriguez comme chef du parti. Reste à voir quelles seront les modalités de la prochaine course à la chefferie, qui devra désigner l’aspirant premier ministre du clan libéral en vue de l’élection d’octobre 2026.

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