Négociations avec les médecins: Québec met 190 M$ sur la table

L’offre «globale et finale» de Québec est «une déclaration de guerre», affirme le négociateur des médecins spécialistes, Lucien Bouchard.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec a rapidement rejeté la nouvelle proposition de Québec pour tenter de dénouer l’impasse dans les négociations sur leur accord cadre.
«On a reçu ce matin une proposition qui est une déclaration de guerre, qui est un ultimatum», a dénoncé l’ex-premier ministre Lucien Bouchard mercredi après-midi.
En matinée, le gouvernement Legault avait mis sur la table 190 millions $ dans l’espoir de finalement s’entendre avec les médecinsomnipraticiens et les spécialistes.
Les sommes serviront, entre autres, à embaucher 500 professionnels de la santé dans les GMF, en plus d’ouvrir de nouveaux blocs opératoires pour réaliser un plus grand nombre de chirurgies.
Québec a présenté une offre «globale et finale» aux fédérations médicales, mercredi, afin de faire débloquer les négociations sur leur accords-cadre, bloquées par la réforme du mode de rémunération.
Les fédérations ont jusqu’à jeudi matin, 9h, pour y répondre.
Cette nouvelle proposition inclut une bonification du financement des GMF, à hauteur de 50 millions $ dès le 1er avril prochain, selon les informations obtenues par notre Bureau parlementaire.
L’argent doit servir à embaucher des professionnels de la santé, comme des infirmières et des travailleurs sociaux.
Les sommes, explique-t-on, proviennent de l’enveloppe du Guichet d’accès à la première ligne, voué à disparaître.
Blocs opératoires
Un autre montant de 100 millions $ est proposé pour permettre une plus grande disponibilité des salles d’opération.
Cela inclut l’ajout de huit blocs opératoires.
À Québec, on estime que cette mesure permettra de pratiquer environ 30 000 chirurgies de plus chaque année.
Finalement, 40 millions$ est prévu annuellement, sur 10 ans, pour optimiser le centre des répartitions des demandes en spécialités.
La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), n’a pas souhaité commenter sur le fonds de la nouvelle proposition, mercredi.
La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) tiendra pour sa part un point de presse vers 15h30 mercredi. Selon nos informations, les spécialistes rejetteront la nouvelle offre.
Négos difficiles
Les négociations entre Québec et les deux fédérations médicales sont au point mort depuis la semaine dernière.
Tant les omnipraticiens que les spécialistes dénoncent la volonté de lier 15% de leur rémunération à l’atteinte de cibles de performance, tel que prévu dans le projet de loi 106.
Cette mesure a fait achopper les négociations qui se déroulent, en parallèle, pour renouveler leur accord-cadre.
Tout en s’opposant au principe, la FMOQ et la FMSQ soulignent, depuis plusieurs semaines, l’absence de ressources supplémentaires pour atteindre ces objectifs.
Reste à voir si l’ajout de 190 millions $ changera la donne.
Rémunération
Par ailleurs, Québec souhaite aussi lier la rémunération des hauts dirigeants de Santé Québec (présidente, VP et PDG) à l’atteinte des cibles établies pour les médecins.
Il s’agissait d’une autre doléance des fédérations médicales.
Le gouvernement Legault s’engage également à geler le règlement sur le mode de rémunération des médecins pendant deux ans.
Ainsi, le pourcentage de 15% lié à des cibles de performance demeurerait inchangé durant cette période.
Urgence d’agir
Lors d’une brève mêlée de presse, le ministre de la Santé a déclaré qu’il y a présentement «urgence d’agir».
«Je pense que c’est le temps pour les deux fédérations de bien considérer les avancées que nous avons faites, autant durant les négociations que dans le sprint de médiation», estime Christian Dubé.
Il invite maintenant la FMOQ et la FMSQ à présenter cette nouvelle offre à leurs membres.
Sa collègue, la présidente Conseil du trésor France-Élaine Duranceau a rappelé que 500 étudiants en médecine ont récemment vu leur diplomation retardée en raison du boycottage des cours par les médecins.




