La soirée électorale de dimanche à Montréal risque d’être longue. Outre le convoité poste à la mairie de Montréal, des batailles serrées pourraient se jouer dans plusieurs des 19 arrondissements, où les Montréalais doivent choisir 102 conseillers et maires d’arrondissement.
Le duel de Saint-Jacques
Dimanche soir, tous les yeux seront rivés sur le district de Saint-Jacques, dans l’arrondissement de Ville-Marie, où Claude Pinard, qui deviendra président du comité exécutif si Soraya Martinez Ferrada prend le pouvoir, affronte le conseiller sortant, Robert Beaudry, de Projet Montréal, membre influent de l’administration de Valérie Plante qui fut notamment responsable du dossier de l’urbanisme au comité exécutif. Bien branché sur le milieu des affaires, l’ancien p.-d.g. de Centraide réussira-t-il à déloger Robert Beaudry, élu dans ce district depuis huit ans et ex-directeur général du PAS de la rue, un organisme œuvrant auprès des itinérants ? Sergio Da Silva, de Transition Montréal, et Pierre Guido, d’Action Montréal, tenteront aussi de séduire les électeurs dans ce district de l’est du centre-ville.
Le populeux Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce
Dans plusieurs arrondissements, les luttes s’annoncent serrées. Cela pourrait être le cas dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, où la réélection de la mairesse sortante, Gracia Kasoki Katahwa, de Projet Montréal, n’est pas dans la poche. En 2021, Mme Katahwa avait battu de justesse son opposant Lionel Perez, un vétéran d’Ensemble Montréal, en obtenant 161 voix de plus que lui au terme d’un dépouillement judiciaire. Cette fois, celle que Luc Rabouin a désignée comme sa numéro deux advenant sa victoire affronte Stephanie Valenzuela, d’Ensemble Montréal. Depuis quatre ans, celle-ci siège comme conseillère du district de Darlington. Du côté de Transition Montréal, c’est Marek Orsovy qui tentera de se faire élire.
Suspense dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension
Dans cet arrondissement remporté avec une confortable majorité de plus de 6400 voix par Laurence Lavigne Lalonde en 2021, la lutte pourrait être plus corsée cette année. Projet Montréal a lancé dans la mêlée Jean François Lalonde, ancien directeur général de PME MTL Centre-Est. Il se frottera à Sylvain Gariépy, ex-président de l’Ordre des urbanistes du Québec, qui défend les couleurs d’Ensemble Montréal, et à Eric Allen Jr., d’Action Montréal. Comme ailleurs à Montréal, les pistes cyclables ont divisé la population. Il y a deux semaines, la conseillère sortante de Parc-Extension, Mary Deros, d’Ensemble Montréal, est d’ailleurs allée jusqu’à promettre de rétablir le stationnement des deux côtés des rues Querbes et Ball où une piste cyclable a été aménagée.
Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et la polémique des ordures
La saga des poubelles aura-t-elle une influence sur l’humeur des électeurs de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve ? Après deux mandats à la mairie, Pierre Lessard-Blais a décidé de ne pas se représenter. Son règne a été marqué par l’implantation laborieuse de l’espacement de deux semaines des collectes d’ordures, qui a suscité une vive opposition d’une partie de la population. Dans la course à sa succession, la gestionnaire Chantal Gagnon, d’Ensemble Montréal, affronte Alia Hassan-Cournol, candidate de Projet Montréal et conseillère depuis 2021 dans le district de Maisonneuve–Longue-Pointe, ainsi qu’Anaïs Houde, de Transition Montréal, ex-co-porte-parole de Mobilisation 6600, un groupe citoyen du quartier. Jean-Pierre Dakouo briguera aussi ce poste pour Action Montréal.
Ahuntsic-Cartierville, un arrondissement convoité
La cheffe d’Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, aimerait bien conquérir Ahuntsic-Cartierville. Dirigé depuis 2017 par Émilie Thuillier, de Projet Montréal, cet arrondissement passera-t-il aux mains de la candidate d’Ensemble Montréal, Maude Théroux-Séguin ? Le dossier des pistes cyclables a aussi fait jaser dans le secteur, notamment aux alentours du District central et du boulevard Henri-Bourassa, en voie d’être transformé en « corridor de mobilité durable ». Transition Montréal ne présente pas de candidat à la mairie d’arrondissement, mais Action Montréal mise sur Stefan Leblanc.
Le Sud-Ouest et l’après-Benoit Dorais
Dans l’arrondissement du Sud-Ouest, Véronique Fournier, ancienne élue et ex-directrice du Centre d’écologie urbaine, voudrait bien succéder à Benoit Dorais, qui était en poste depuis 2009, d’abord comme membre de Vision Montréal, puis de Projet Montréal, avant de décider en septembre dernier de prendre sa retraite de la politique municipale. Elle croisera le fer avec Thierry Daraize, chef, auteur et chroniqueur culinaire, qui se présente sous la bannière d’Ensemble Montréal ; Shant Karabajak, le candidat de Transition Montréal ; et Mehdi Semsari, d’Action Montréal.
Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, le fief de l’est
Dans l’est de l’île, Caroline Bourgeois saura-t-elle conserver son royaume ? Élue à la mairie de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles avec Projet Montréal en décembre 2018 à l’occasion d’une élection partielle, elle avait auparavant été conseillère du district de La Pointe-aux-Prairies de 2009 à 2013 pour Vision Montréal. En 2021, la victoire lui a presque échappé puisqu’elle n’a obtenu que 135 voix de majorité sur son adversaire d’Ensemble Montréal, Lyne Laperrière. Cette fois, elle fait face à l’entrepreneur Denis Pelletier, d’Ensemble Montréal, et à Dora Angiuli, d’Action Montréal.
La bataille de Rosemont–La Petite-Patrie
François Limoges, maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie depuis 2021, défendra son poste contre Sandra O’Connor, d’Ensemble Montréal, Luc Corbin, de Transition Montréal, et Joao Costa, d’Action Montréal. Il n’aura sans doute pas une majorité aussi confortable que celle qu’il avait obtenue lors des élections de 2021, lui qui avait recueilli 18 113 voix de plus que son principal adversaire. Comme dans d’autres quartiers centraux, Transition Montréal pourrait jouer les trouble-fêtes dans cet arrondissement en allant piger dans la platebande de Projet Montréal pour attirer les votes d’électeurs progressistes déçus par le parti de Luc Rabouin.
Les colistiers sous la loupe
L’élection des colistiers sera à surveiller dimanche soir. En politique municipale, les colistiers sont des candidats qui, en cas de défaite de leur chef, acceptent de céder leur siège à celui-ci pour lui permettre de siéger comme élu pendant le prochain mandat.
Chez Ensemble Montréal, le colistier de Soraya Martinez Ferrada est Alexandre Devaux-Guizani, candidat au poste de conseiller dans le district Maisonneuve–Longue-Pointe (Mercier–Hochelaga-Maisonneuve). Chez Projet Montréal, Luc Rabouin a désigné la candidate Maeva Vilain, qui, après avoir été conseillère dans le district de Jeanne-Mance, brigue cette année un mandat dans De Lorimier. Comme Le Plateau-Mont-Royal est un château fort de Projet Montréal depuis 2009, l’élection de Mme Vilain est probable.
En revanche, il faudra surveiller la performance de Samah Khandker, candidate de Transition Montréal au poste de conseiller dans le district de Saint-Paul–Émard–Saint-Henri-Ouest (Le Sud-Ouest), que Craig Sauvé a choisie comme colistière. Si elle n’est pas élue et que Craig Sauvé mord la poussière à la mairie de Montréal, celui-ci devra renoncer à son statut d’élu et au siège qu’il occupe depuis 2013 au conseil municipal. Quant au chef d’Action Montréal, Gilbert Thibodeau, il a choisi comme colistier Alain Nault, qui brigue le poste de conseiller dans Louis-Riel (Mercier–Hochelaga-Maisonneuve).
Lorraine Pintal
Au rayon des candidats vedettes, il faudra porter attention au district du Vieux-Rosemont, où Lorraine Pintal se présente. Sous la bannière d’Ensemble Montréal, l’ancienne directrice du Théâtre du Nouveau Monde y affronte le candidat de Projet Montréal Olivier Demers-Dubé, entrepreneur et professionnel de l’environnement. Ce siège était auparavant occupé par Dominique Ollivier, élue avec une majorité de plus de 5000 voix en 2021.
