Polémique à Laval: le maire Stéphane Boyer accusé d’utiliser un programme pour aînés à des fins électorales

En pleine campagne électorale municipale, le candidat à la mairie du Parti Laval, Claude Larochelle, s’en prend vivement au maire sortant Stéphane Boyer. Selon lui, l’envoi de chèques du Programme de soutien à domicile aux aînés de Laval a été accompagné d’une lettre signée du maire, ce qu’il considère comme une utilisation inappropriée des ressources de la Ville en période électorale.
Le programme, qui s’adresse aux citoyens de 65 ans et plus, prévoit un versement de 150 ou 300 dollars selon les critères d’admissibilité. Cette année, plus de 30 000 personnes âgées auraient reçu leur chèque par la poste, selon Claude Larochelle, accompagné d’une lettre datée du 1er octobre 2025, soit en plein cœur de la campagne électorale municipale.
«C’est une lettre envoyée chaque 1er octobre, mais quand on est en période électorale, on s’est fait avertir très sévèrement de ne pas utiliser les ressources de la Ville pour favoriser son élection», dénonce Claude Larochelle.
«J’ai fait le tour de plusieurs résidences pour personnes âgées: tout le monde était content d’avoir leur beau chèque avec la lettre de monsieur le maire. Mais les partis d’opposition n’ont pas ces moyens-là. Cette lettre devient une dépense électorale et aurait dû être payée par le Mouvement lavallois, pas par la Ville.»
Le Parti Laval n’est pas seul à critiquer la démarche. De son côté, le parti Action Laval estime lui aussi que la situation soulève des questions éthiques sur l’utilisation des fonds publics.
«Ce que je dénonce, c’est l’utilisation inacceptable de fonds publics pour diffuser une lettre du maire en pleine campagne électorale, une démarche qui confond communication municipale et promotion politique», déclare Frédéric Mayer, candidat à la mairie pour Action Laval.
Une pratique annuelle, selon la Ville
La Ville de Laval confirme que cette correspondance est une procédure habituelle. Le Service des finances envoie les chèques accompagnés de la lettre du maire au début d’octobre, et ce, depuis au moins trois ans.
Le cabinet du maire Boyer, de son côté, rejette fermement les accusations.
«Contrairement à l’opposition, nous ne souhaitons pas l’abolition du programme de maintien à domicile pour aînés, comme ils l’ont proposé l’année dernière. C’est une tentative désespérée de salir le maire Boyer et son équipe», peut-on lire dans une déclaration écrite transmise à TVA Nouvelles.
Une plainte déposée au DGEQ
Estimant qu’il s’agit d’une utilisation politique de fonds publics, Claude Larochelle a porté plainte au Directeur général des élections du Québec (DGEQ).
«Si ça avait été envoyé le 1er septembre ou le 1er juillet, on aurait pu dire que ce n’est pas une dépense électorale», soutient-il. «Je dénonce que le maire de Laval utilise les ressources de la Ville pour écrire à plus de 30 000 électeurs et se servir de ce programme pour favoriser sa réélection. C’est vraiment odieux.»
Le maire Stéphane Boyer a refusé de commenter devant la caméra.
Le DGEQ devra maintenant déterminer si l’envoi de cette lettre constitue ou non une dépense électorale illégale au sens de la loi.
Des experts appellent à la prudence
Pour l’ancien ministre des Affaires municipales Rémy Trudel, la situation soulève des questions légitimes sur le respect de la Loi sur les élections et les référendums au Québec.
«En période électorale, est-ce qu’on peut envoyer un message qui peut porter à une certaine interprétation au niveau de la Loi sur le référendum et des élections du Québec? En pareille matière, vaut mieux jouer de prudence et demander l’avis du Directeur général des élections», souligne M. Trudel.




