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La mairesse désignée Soraya Martinez Ferrada réclame un règlement du conflit avec la STM d’ici dix jours

Soraya Martinez Ferrada souhaite un règlement du conflit à la Société de transport de Montréal (STM) d’ici le 15 novembre. La mairesse désignée demande à la partie patronale et aux deux syndicats en grève de faire preuve de bonne foi et d’efficacité dans leurs négociations.

« Je pense que les citoyens montréalais s’attendent à ce qu’il y ait des négociations sérieuses, transparentes, rapides, efficaces, parce qu’actuellement, ils se sentent en otage d’un transport collectif qui ne fonctionne pas à sa capacité complète. On s’attend à ce que le calendrier de négociations soit public, transparent, pour que les deux parties se mettent au travail et arrivent avec une réponse à cette négociation dans les plus brefs délais », a-t-elle déclaré mercredi, à l’issue d’une rencontre à l’hôtel de ville avec la mairesse sortante Valérie Plante.

Moins de 24 heures après sa victoire contre Luc Rabouin, Soraya Martinez Ferrada avait déclaré que le conflit à la STM était sa priorité. Elle avait d’ailleurs rencontré lundi le directeur général de la Ville en compagnie de la directrice générale de STM, Marie-Claude Léonard.

Mercredi après-midi, c’était au tour des syndicats de s’entretenir avec la mairesse désignée. Bruno Jeannotte, président du Syndicat du transport de Montréal-CSN, qui représente les 2400 employés d’entretien en grève, et Frédéric Therrien, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro (SCFP), étaient à l’hôtel de ville pour l’occasion. « Je vais passer le même message aux syndicats aujourd’hui que j’ai passé à la directrice générale », a dit Mme Martinez Ferrada.

Il est inconcevable, selon elle, que la grève qui perturbe de façon importante les services de transport s’étire jusqu’au 28 novembre. Rappelons que la grève des employés d’entretien réduit le service aux heures de pointe. Pour sa part, la grève des chauffeurs d’autobus et opérateurs de métro paralysera le service les 15 et 16 novembre prochains.

« Pour moi, le 15 novembre est un bon délai. Idéalement, le 15 novembre, on ne peut pas avoir une grève complète à Montréal », a soutenu Soraya Martinez Ferrada. « On ne peut pas revivre ça une deuxième fois. »

La mairesse désignée estime que les deux parties doivent redoubler d’efforts pour en arriver à une entente. « C’est aux deux à bouger. C’est ça, une négociation. Il faut qu’ils soient à la table », a-t-elle dit. « Le cadre financier de la mairie à la STM n’est pas facile. Mais les besoins des travailleurs sont aussi légitimes. Alors, il faut arriver à un point de passage. C’est à la table que ça va se faire. »

À l’issue de sa rencontre avec Soraya Martinez Ferrada à l’hôtel de ville, le président du Syndicat du transport de Montréal, Bruno Jeannotte, a dit espérer que les parties puissent retourner à la table de négociation rapidement. « Elle nous a dit qu’il y avait des enjeux au niveau du financement du transport collectif. On en est conscients. […] De notre côté, les membres s’attendent aussi à avoir une réalité qui ressemble aux autres sociétés de transport autour de nous », a-t-il dit en évoquant le règlement intervenu au Réseau de transport de la Capitale, qui a consenti des hausses salariales de 18 % au personnel d’entretien sur cinq ans.

Selon M. Jeannotte, le délai de dix jours mentionné par la mairesse désignée est réaliste si l’employeur est « raisonnable ». « Mais pour ça, il va falloir retourner à la table de négociation. L’employeur devra peut-être revoir ses priorités et mettre de côté les enjeux de sous-traitance. »

En fin de journée, la STM a indiqué qu’une rencontre était prévue jeudi avec le syndicat des employés d’entretien en présence des médiateurs. Des négociations ont aussi eu lieu dans les derniers jours entre les deux parties pour tenter de dénouer l’impasse, assure-t-on.

Le blitz de négociations s’est poursuivi mercredi avec le syndicat des chauffeurs. « Les parties se rencontrent tous les jours, allant jusqu’à 12 heures par jour, incluant la fin de semaine », a précisé la STM.

Devancer l’application de la loi 14 ?

Plus tôt dans la journée, le ministre du Travail, Jean Boulet, a indiqué qu’il envisageait la possibilité de devancer l’application de la loi 14 (ancien projet de loi 89) pour mettre un terme à la grève en cours à la STM.

À l’entrée du caucus des députés de la Coalition avenir Québec mercredi matin, le ministre Boulet a déclaré être sensible aux préoccupations des gens d’affaires qui réclament que la loi 14, qui permet au gouvernement d’imposer l’intervention d’un arbitre et qui doit entrer en vigueur le 30 novembre, prenne effet plus tôt.

« J’entends les milieux économiques et je n’exclus aucune option à ce stade-ci », a-t-il indiqué. « Je suis tout à fait d’accord avec eux qu’il y a des conséquences inacceptables à Montréal. Le transport en commun est vital pour les travailleurs, les travailleuses, les étudiants, les personnes qui sont proches aidantes. Il y a évidemment une variété de préjudices qui font en sorte que ça interpelle tout le monde. »

« La devancer [la loi 14] est-elle une option ? Ça peut être une option », a-t-il poursuivi. « Encore faut-il le faire en collaboration avec les autres partis. Il y a deux partis qui ont voté contre l’adoption de cette loi-là. »

Le ministre soutient que la solution ne passe pas nécessairement par une loi spéciale. Le gouvernement peut miser sur des « procédures de consentement accéléré », a-t-il laissé entendre.

Rappelons qu’à compter du 30 novembre, en vertu de la loi 14, Québec aura le pouvoir de confier la négociation d’un conflit de travail à un arbitre s’il y a risque de dommages sérieux ou irréparables à la population. À plusieurs reprises au cours des derniers mois, Jean Boulet s’est dit ouvert à l’idée d’intervenir dans le conflit en forçant l’arbitrage.

Mercredi, des regroupements de gens d’affaires ont pressé Jean Boulet d’intervenir dans le dossier. Dans une déclaration commune, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, l’Association hôtelière du Grand Montréal, l’Association Restauration Québec, le Conseil des arts de Montréal et la Fédération des chambres de commerce du Québec ont joint leurs voix au Conseil du patronat du Québec pour demander au ministre de devancer l’application de la loi.

Avec François Carabin

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