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La patience des usagers de la STM mise à l’épreuve

À 82 ans, Guy Laperrière a pris « une grande marche forcée » mardi pour aller à un concert, en raison de la grève à la Société de transport de Montréal (STM). Un parcours de 40 minutes entre sa maison, près du parc La Fontaine, jusqu’à la salle Bourgie. « J’étais plus en forme que je pensais », dit-il, mais « il ne faudrait pas que ça arrive trop souvent ».

M. Laperrière a tout de même dû annuler sa participation à un atelier sur l’alimentation, et sa visite mensuelle à une amie aînée qui vit dans l’est de Montréal, à cause de la grève dans les transports en commun. « J’ai annulé pour le mois de novembre », dit-il. Quant au bénévolat comme proche aidant qu’il fait toutes les deux semaines auprès d’une personne malade, il devra louer une voiture pour s’y rendre, lui qui n’a plus d’auto depuis 2013.

Diane Pilotte est opticienne et travailleuse autonome. Elle habite à Ahuntsic et partage ses heures de travail entre le centre-ville de Montréal et le secteur du marché Jean-Talon. Se rendre au centre-ville à pieds impliquerait pour elle environ deux heures et demie de marche. Elle commence à 11 h, soit en dehors de la période de transports en commun assurée par les services essentiels. Elle n’a plus de véhicule depuis qu’elle s’est fait voler le sien, mais possède une Vespa et loue de temps à autre une voiture. « J’ai un employeur qui nous a annoncé, en réunion vendredi dernier, qu’il a besoin de ses employés. Il ne peut pas se passer de nous, donc il serait prêt à rembourser les frais de transport s’il le faut », déclare-t-elle.

Reste que, comme d’autres, Diane Pilotte commence à sentir la moutarde lui monter au nez dans ce conflit qui oppose le syndicat des employés d’entretien de la Société des transports de Montréal à leur employeur et qui est censé durer jusqu’au 28 novembre. « Mon cœur, pour le moment, n’est pas du côté des grévistes. Je travaille sans fonds de pension, sans assurance médicament, et c’est un peu frustrant de voir que ceux qui sont pénalisés par le conflit à la STM, ce sont ceux qui sont un peu plus mal pris que les autres. » Pour Guy Laperrière, une telle grève ne devrait pas durer plus de « deux semaines, grand maximum ».

Claude Morin était particulièrement furieux lorsqu’il a appris qu’il n’y aurait aucun transport en commun à la STM samedi dernier. Jeune retraité, il se déplace toujours en transport collectif à Montréal et ne prend la voiture que pour aller voir sa mère à Repentigny. Déjà, lundi matin, il a dû rester au centre-ville pour attendre le retour des services en fin de journée.

Comme Mme Pilotte, M. Morin pensait participer à une activité culturelle le 15 novembre et se demande s’il pourra y accéder en transport en commun. « C’est toujours le simple citoyen qui écope et il ne peut rien y faire, ce n’est pas lui qui négocie. Dans cette triste comédie, il joue le rôle du dindon de la farce, c’est le con du dîner, l’imbécile qui paie à la fin… » écrit-il au Devoir.

Et Marie Barcelo entrevoit un mois de novembre particulièrement difficile. « Je suis piétonne, n’ai pas de voiture et ne suis pas assez confiante pour me déplacer à vélo. J’ai beaucoup d’activités, de courses et de rendez-vous médicaux auxquels j’accède presque toujours en transport en commun ou à pied. Alors, oui, la grève me cause de nombreux soucis d’accessibilité et je dois soit annuler, soit changer les heures quand c’est possible. Pour moi, donc, ce sera un mois de novembre vraiment poche. »

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