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Nouvelle offensive en faveur de la proportionnelle au Québec

«On revient à la charge, assume le député solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve Alexandre Leduc. On retend la main à la CAQ. Pendant que vous êtes encore au gouvernement, vous avez la chance de faire la bonne chose», leur lance-t-il.

L’élu déposera mercredi un projet de loi à l’Assemblée nationale pour tenter de concrétiser cette réforme. L’initiative est déjà appuyée par le Parti conservateur du Québec, l’élue Maïté Blanchette Vézina, qui siège désormais comme indépendante après avoir quitté le caucus de la CAQ plus tôt cet automne, et dans la société civile, du Mouvement démocratie nouvelle, qui se consacre depuis 25 ans à faire avancer le projet de réforme du mode de scrutin au Québec.

Tout ce monde participera à une annonce conjointe en cours de journée, mercredi.

Malgré son absence, le Parti québécois assure de son côté toujours être en faveur d’une telle réforme, mais «ne voit aucun intérêt à faire des points de presse avec QS et le PCQ». Sa position reste inchangée, assure-t-on tout de même.

Alexandre Leduc affirme de son côté toujours croire en une présence péquiste à cette annonce, souhaitée pour élargir la coalition, et indique même espérer que Jean-Pierre Charbonneau pourra parvenir à les convaincre. L’ex-journaliste et ex-député péquiste de Borduas est en effet l’actuel président de Mouvement démocratie nouvelle.

Pas pour 2026, mais 2030

L’objectif commun qui sera mis de l’avant mercredi est d’adopter à l’avance un nouveau mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire pour laisser le temps au Directeur général des élections du Québec de préparer l’élection de 2030 sur ce modèle, explique Alexandre Leduc. Parmi toutes les options envisagées, un «consensus québécois très clair» se dégage autour de ce système, plaide-t-il.

S’il venait à être appliqué, concrètement, une partie des députés demeureraient élus par leur circonscription, et un autre bassin d’élus serait réparti en fonction des pourcentages obtenus par chacun des partis selon le vote populaire.

L’idée est de mieux représenter la volonté exprimée par les électeurs. «Plus que jamais, on voit de potentielles distorsions dans le mode de scrutin [actuel]», observe M. Leduc. Il prend même l’exemple de la CAQ, un adversaire politique, et qui selon les projections actuelles, pourrait ne récolter aucun siège, malgré un appui autour de 15 % dans la population, une distorsion «hallucinante», décrit le solidaire.

Il dit même souhaiter qu’à l’intérieur de la CAQ, on pousse en faveur d’une réforme. Même si, au final, le plus important est d’en faire «un truc non partisan», partage Alexandre Leduc. «Il ne faut pas le faire en fonction de ça. […] Nous, on le ferait même si on perdait des sièges. Et ça va peut-être nous arriver un jour d’ailleurs d’être dans cette posture», affirme sans hésiter le député d’Hochelaga-Maisonneuve.

«Le mode de scrutin actuel est dépassé. Il ne reflète plus la volonté du peuple et alimente le cynisme. Il est temps de le moderniser pour que chaque vote compte vraiment», tranche Alexandre Leduc.

Un tel changement est nécessaire pour «participer à combattre le cynisme» et parce que le multipartisme est là pour rester au Québec, défend-il aussi.

L’initiative rappelle celle de 2018, où tous les partis d’opposition, ce qui incluait la CAQ, s’étaient alors engagés à réformer le mode de scrutin en vue des élections de 2022 s’ils prenaient le pouvoir. «François Legault a brisé cette promesse», déplore aujourd’hui QS. Le parallèle peut également être tracé au fédéral avec le gouvernement de Justin Trudeau, qui en avait fait une promesse en 2015, reniée une fois au pouvoir en 2017.

Le mode de scrutin actuel, hérité du système parlementaire britannique, découpe le territoire en plusieurs circonscriptions, qui envoient chacune le candidat ayant récolté le plus de votes pour les représenter au Parlement. Tous les votes recueillis par les perdants se retrouvent en quelque sorte non représentés, ce qui entraîne des disparités plus ou moins grandes entre les votes réels exprimés par la population et la représentation effective des partis à l’Assemblée nationale.

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