Éric Duhaime craint un recul du PQ sur la réforme du mode de scrutin

(Québec) Le chef conservateur Éric Duhaime et Québec solidaire (QS) ont fait une alliance improbable mercredi, pour réclamer la réforme du mode de scrutin.
Mis à jour le 12 novembre
Le Parti québécois (PQ), qui appuie pourtant cette réforme, était absent de la conférence de presse : M. Duhaime craint que le PQ recule sur cet enjeu, maintenant qu’il se rapprocherait du pouvoir selon les sondages.
En mai 2018, le chef caquiste François Legault s’était aussi engagé avec le PQ et QS à déposer un projet de loi pour réformer le système, mais il l’a déposé sans le faire adopter. Le chef du PCQ redoute que Paul St-Pierre Plamondon fasse de même, s’il prend le pouvoir.
Dans un message transmis à La Presse Canadienne, un porte-parole du PQ a assuré que sa formation maintient son appui à la réforme, mais a ajouté que le parti ne voyait « aucun intérêt à faire des points de presse » avec QS et le Parti conservateur du Québec (PCQ).
C’était la première fois que M. Duhaime faisait une sortie officielle en conférence de presse au parlement en compagnie de QS et de l’animateur de ce mouvement de réforme transpartisan, l’ancien ministre péquiste Jean-Pierre Charbonneau.
Ce mouvement réclame depuis longtemps la réforme du mode de scrutin uninominal à un tour, hérité du régime parlementaire britannique, parce qu’il entraîne des distorsions que dénoncent les promoteurs de la réforme.
Par exemple, aux élections de 2022, la Coalition avenir Québec (CAQ) a obtenu 72 % des sièges de la Chambre, 90 sièges sur 125, avec 41 % des voix, le Parti libéral (PLQ) 21 sièges avec 14,4 % des voix, tandis que le PQ, avec 14,6 % des votes, a obtenu seulement 3 sièges, et QS, avec 15,4 % des votes, a obtenu moins de sièges que les libéraux aussi, 11.
Le PCQ lui, avec 12,9 % des votes, soit plus de 530 000 voix, n’a obtenu aucun siège.
Les tenants de la réforme réclament un système mixte proportionnel compensatoire.
M. Duhaime a même laissé entendre que la CAQ aurait tout intérêt à réformer le mode de scrutin actuel. Selon les projections tirées des sondages, la CAQ pourrait disparaître complètement de la carte si des élections avaient lieu demain, tandis que le PQ pourrait former le gouvernement avec un peu plus de 30 % des voix.
QS a d’ailleurs déposé mercredi un projet de loi sur la réforme, qui reprenait essentiellement le contenu d’autres projets de loi sur cet enjeu déposés antérieurement, mais qui sont morts au feuilleton.
Essentiellement, le texte législatif prévoit deux modes de représentation, donc l’électeur devrait exercer deux votes.
D’abord, il y aurait 80 circonscriptions plutôt que les 125 actuelles. Ces députés seraient élus au scrutin majoritaire comme c’est le cas actuellement.
Ensuite, il y aurait 49 sièges de région attribués en fonction d’un mode proportionnel. L’électeur choisirait soit un candidat indépendant, soit la liste de candidats proposée par un parti.
Le parti obtiendrait un nombre de sièges déterminé en fonction du nombre de votes obtenu dans la région, à partir d’un minimum de 4 % obtenu dans l’ensemble du Québec.
Pour qu’un projet de loi soit étudié et adopté, il doit être « appelé » : essentiellement, c’est le leader du gouvernement qui choisit de le faire étudier en commission parlementaire.
Il serait très improbable que le gouvernement caquiste appelle ce projet de loi.




