Critique d’Après seulement 32 ans d’absence sur scène | Patrice L’Ecuyer, plus raconteur qu’humoriste
Mégastar du petit écran à la longévité plus qu’honorable, Patrice L’Ecuyer n’était pas remonté sur scène depuis Merci beaucoup, un spectacle d’humour qu’il avait présenté au début des années 1990 avec Bernard Fortin. Son premier one-man-show, appelé ironiquement Après seulement 32 ans d’absence sur scène, plaira sans contredit au public qui le suit depuis Les détecteurs de mensonges.
Publié à 15 h 50
On sourit plus qu’on ne rit aux éclats durant ce spectacle truffé d’anecdotes sur les coulisses du showbiz. Des anecdotes sur Dominique Michel, évidemment, qui était dans l’assistance pour la première médiatique de son grand ami mardi soir à la Place des Arts. Mais aussi sur Yves Jacques, Janette Bertrand, Janine Sutto et Mike Ward. Patrice L’Ecuyer nous fait même part de moments cocasses avec Michael Douglas et Geri Halliwell, des Spice Girls, qui lui a déjà fait de l’œil.
Ses souvenirs sont souvent plus sympathiques que croustillants. La plupart auraient sûrement été très efficaces s’ils avaient été racontés sur le plateau d’un talk-show, comme celui qu’il a animé à Radio-Canada de 1995 à 2000. Mais sur scène, certaines histoires s’étirent inutilement et se concluent parfois par un gag qui tombe à plat.
Quelques segments auraient gagné à être resserrés. Voire à être un peu plus romancés.
Exemple : Patrice L’Ecuyer s’éternise sur ce voyage avec René Simard à Saint-Barthélemy, dans les Antilles, où il a réussi à faire rire le comédien américain Steve Martin en imitant un perroquet. Un Steve Martin qui, des années plus tard, alors qu’il est attablé dans un chic restaurant de New York avec sa conjointe et des amis, le reconnaîtra. Coïncidence incroyable qui aurait fait pouffer de rire toute la galerie dans un souper entre amis.
Nul doute que l’animateur vedette s’avère un raconteur hors pair. Mais un humoriste ?
Des bons coups aussi
En levant un peu le voile sur son côté jet-set, Patrice L’Ecuyer prend un risque, celui de paraître hors sol. Or, il évite ce piège, sauvé par sa capacité extraordinaire à entrer en communion avec le public.
À 65 ans, Patrice L’Ecuyer donne l’impression qu’il aime encore faire ce métier, ce qui donne envie de l’écouter raconter ses souvenirs.
Certes, on le sentait nerveux mardi soir pour sa rentrée montréalaise. Patrice L’Ecuyer a même eu un trou de mémoire au début de la soirée. Mais il reste une bête de scène, l’habitant complètement, comme s’il avait fait ça toute sa vie.
Et l’animateur de Silence, on joue ! peut aussi être franchement très drôle. Surtout quand il se permet de rompre avec son image d’animateur de variétés grand public. Il y a quelques bonnes flèches décochées dans ce spectacle, notamment vers Edgar Fruitier et Gilbert Rozon.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE
Patrice L’Ecuyer lors de sa première montréalaise, mardi soir
Patrice L’Ecuyer est plutôt tordant quand il se met à raconter des blagues grivoises des années 1990. Peut-être que ce ton mordant aurait pu davantage teinter ce spectacle, dans lequel le lauréat d’une vingtaine de trophées Artis se livre trop peu.
Patrice L’Ecuyer demeure très discret sur sa vie privée. La raison : quelques heures à peine après la mort de Marie-Soleil Tougas et Jean-Claude Lauzon, un journaliste d’un magazine à potins avait réussi à trouver le numéro de téléphone de la pourvoirie où Gaston Lepage et lui se trouvaient après le drame auquel ils venaient d’assister. Depuis, il dit s’être toujours fait un point d’honneur de tenir à distance les médias.
Au final, difficile de ne pas être touché par cet animateur vedette qui n’a plus rien à prouver, mais qui décide quand même de se montrer vulnérable sur scène. Il mérite amplement l’amour inconditionnel que lui portent les Québécois depuis 35 ans.
Consultez les dates des représentations
Après seulement 32 ans d’absence sur scène
À Saint-Eustache, le 22 novembre, à 15 h et 22 h, En tournée partout au Québec
