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Manifestation intersyndicale | Des dizaines de milliers de personnes contre le gouvernement Legault

« La CAQ vire à droite, on vire la CAQ ! » Des dizaines de milliers de personnes ont fait entendre leur grogne contre le gouvernement Legault et sa réforme du régime syndical, samedi au centre-ville de Montréal.

Mis à jour hier à
19 h 45

Tambours, slogans et trompettes ont résonné le long du boulevard René-Lévesque, devant la place du Canada, où débutait la marche. L’artère était bondée de milliers de manifestants brandissant affiches et drapeaux.

Ils étaient plus de 50 000, selon la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui organisait le rassemblement aux côtés d’autres syndicats et de groupes communautaires. Selon la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), de 150 à 200 autobus venus de partout dans la province – et même de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick – avaient été nolisés.

L’ambiance était festive, mais le mécontentement était aussi palpable. « La CAQ, j’y mets une sale claque », pouvait-on lire sur l’affiche d’un manifestant.

  • PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

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La foule a notamment dénoncé les compressions dans les services publics et le sous-financement des programmes sociaux. Selon Geneviève Lamarche, coordonnatrice de l’organisme Coalition solidarité santé, la CAQ gouverne à partir d’une « tour d’ivoire » et « ne comprend pas ce qui se passe sur le terrain ».

Sur le terrain, les gens sont de plus en plus pauvres, ils n’arrivent plus à payer leur loyer, ils n’ont pas accès à des services, et les organismes communautaires sont de plus en plus étouffés.

Geneviève Lamarche, coordonnatrice de l’organisme Coalition solidarité santé

Les coupes effectuées par le gouvernement affectent d’abord les plus vulnérables, selon Françoise Gauthier, secrétaire à la direction de la CSN. Son conjoint, qui est en perte d’autonomie, s’est cassé un bras récemment, a-t-elle expliqué. « On devait avoir de l’aide du CLSC, mais il n’y en a pas pour nous. Si on veut que les personnes âgées restent chez elles le plus longtemps possible, il faut financer les services à domicile », s’est-elle exclamée.

Magali Picard persiste et signe

La réforme du régime syndical n’a « pas de bon sens », a pour sa part lancé Stéphane Lapointe, représentant syndical de la Fédération du personnel de l’enseignement privé (FPEP-CSQ), venu manifester avec des collègues.

Le cortège a pris la direction du bureau du premier ministre François Legault, rue Sherbrooke Ouest. Une fois devant l’immeuble, neuf leaders syndicaux se sont succédé au micro, dont la présidente de la FTQ, Magali Picard.

« À ceux et celles qui n’aiment pas mon ton : mon ton va changer quand les attaques vont cesser », a-t-elle lancé devant l’immense foule qui remplissait l’avenue McGill College. Elle faisait référence aux commentaires du ministre du Travail, Jean Boulet, qui lui a reproché dans les médias son ton « belliqueux », cette semaine.

Magali Picard a accusé le gouvernement Legault de vouloir museler les syndicats, mardi, lors de l’étude du projet de loi 3 en commission parlementaire. Dans un geste rare, elle a même refusé de serrer la main de Jean Boulet.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Magali Picard

Après son passage en commission, Magali Picard a affirmé que la grève sociale pourrait être l’ultime solution des syndicats contre le projet de loi, à l’heure où la CAQ crée un climat relevant « quasiment de la dictature », selon elle.

Réforme du régime syndical

Le projet de loi 3 du ministre du Travail veut rendre facultative une partie des cotisations syndicales et imposer des états financiers vérifiés, même aux petits syndicats, amputant ainsi leur budget de fonctionnement de plusieurs milliers de dollars.

Les cotisations facultatives serviraient à financer à l’avenir d’autres activités que la défense des travailleurs, par exemple l’organisation de manifestations ou la contestation judiciaire de lois. Le projet de loi prévoit aussi que les syndicats devront tenir un vote sur une période de 24 heures quand viendra le temps d’autoriser une grève ou de signer une convention collective.

Jean Boulet, lui, assure que sa réforme est plus démocratique que ce que les syndicats laissent entendre.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre du Travail, Jean Boulet

L’objectif n’est pas de museler comme souvent on m’accusait de vouloir le faire, c’est de donner la capacité aux travailleurs qui doivent payer une cotisation syndicale d’influencer et de s’exprimer.

Jean Boulet, ministre du Travail, mardi dernier

Les syndicats s’opposent aussi à la loi 14, qui entre en vigueur ce dimanche. En cas de grève ou de lock-out, cette loi prévoit que le ministre du Travail a le droit d’imposer le maintien d’un service minimal obligatoire s’il considère que le moyen de pression risque de causer un préjudice grave à la population.

« On n’a jamais eu autant besoin du mouvement syndical qu’aujourd’hui », a affirmé la co-porte-parole de Québec solidaire Ruba Ghazal, qui a marché aux côtés des travailleurs. « C’est pour ça qu’on est ici, pour défendre aussi notre démocratie, qui est brimée par des lois liberticides, par des lois qui menacent la liberté d’expression », a-t-elle ajouté.

Les manifestants ont répondu à l’appel des quatre centrales – FTQ, CSN, Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et Centrale des syndicats démocratiques (CSD) – ainsi que de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), du Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) et du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué que la manifestation s’est déroulée sans débordement. Les autorités ont toutefois signalé qu’au cours de l’évènement, un homme de 44 ans a été arrêté pour avoir commis des voies de fait graves à l’égard d’un autre individu.

Avec La Presse Canadienne et avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose et de Megan Foy, La Presse

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