Mobilisation intersyndicale: le ministre Boulet garde le cap malgré la grogne

Malgré la manifestation intersyndicale de samedi, à laquelle quelque 50 000 Québécois en colère contre la CAQ ont pris part, le ministre du Travail n’entend pas reculer.
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En entrevue sur les ondes de LCN, Jean Boulet a assuré qu’il gardait le cap sur ses réformes du milieu syndical et du droit de grève.
«Il y a des principes qui m’apparaissent tout à fait fondamentaux: protéger la population en cas de grève, s’assurer qu’elle ne subisse pas de préjudice grave, et dans le cas des syndicats, s’assurer d’une saine transparence et de règles de gouvernance quand on vote des grèves, notamment, s’assurer que les votes soient bien encadrés», a-t-il affirmé.
Ce dernier estime que ces réformes sont devenues plus nécessaires que jamais.
«Dans les deux dernières années, il y a eu une évolution dans la nature et les impacts des grèves au Québec. On l’a vu dans la transformation alimentaire, au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal, où il y avait une accumulation des dépouilles dans des réfrigérateurs, faute de capacité d’inhumation, dans l’éducation des enfants, qui ont eu des problèmes de développement des compétences, qui ont dû régresser dans leur apprentissage et le développement de leurs habiletés sociales. Ça nous imposait d’agir», argumente le politicien.
Loi 14
Adoptée en mai dernier, la loi 14, qui vise à considérer davantage les besoins des citoyens en cas de conflit de travail, est entrée en vigueur dimanche.
«C’est une loi qui s’intéresse aux impacts parfois disproportionnés sur la population qu’une grève ou un lockout peut avoir. On a eu des grèves récemment à la Société de transport de Montréal. Le transport en commun a été paralysé. Des personnes n’ont pas pu aller à des banques alimentaires, n’ont pas pu subir des traitements médicaux. Il y a eu des travailleurs, des étudiants qui ont dû trouver des moyens alternatifs», déplore le ministre Boulet.
La loi 14 vise donc à augmenter les services à maintenir en cas de conflit de grève ou de lockout lorsque la médiation est infructueuse et qu’il y a un préjudice pour la population.
«Ce n’est pas d’empêcher le droit de grève, mais de trouver un équilibre entre le droit de grève, qui a une certaine valeur constitutionnelle étant partie intégrante de notre Charte des droits et libertés de la personne, mais aussi avec les besoins parfois fondamentaux de la population, qui peut être prise en otage», clame M. Boulet.
Photo LCN
Projet de loi 3
Déposé à la mi-novembre, le projet de loi 3 a pour sa part comme objectif d’assurer une plus grande transparence des syndicats en encadrant leurs règles de gouvernance et leur processus démocratique respectif.
«C’est un projet de loi qui permet aux travailleurs et travailleuses d’être informés et de pouvoir s’exprimer ou influencer la façon dont les cotisations syndicales qu’ils ont l’obligation de payer sont utilisées», indique Jean Boulet.
Le ministre du Travail se défend de s’ingérer dans les affaires des syndicats, comme le décrient ces derniers.
«Quand on fait des changements, évidemment, ça provoque des tensions. Ce qui est important, c’est d’avoir l’opportunité de s’expliquer», clame l’élu.
Il se dit par ailleurs prêt à apporter des ajustements à son projet de loi, sans préciser sur quels éléments il pourrait être flexible.
«Chaque fois que je dépose un projet de loi […], c’est tout le temps perfectible. Il y a un processus démocratique qui est tout à fait sain au Québec. On dépose le projet de loi, il y a des consultations particulières. Cette semaine, il y a 15 groupes qui sont venus présenter leurs analyses que moi, je vais bien sûr considérer avec toute l’estime que nous pouvons avoir pour ces groupes-là», mentionne le ministre.
Les principes de transparence, de gouvernance et de démocratie constituent des «incontournables», martèle Jean Boulet.
«La façon de les mettre en application, parfois, il y a des précisions à apporter, des définitions à éclaircir. Et ça, je suis tout à fait ouvert. Et je me prépare déjà à proposer des amendements quand on va commencer l’étude détaillée article par article avec les partis d’opposition dans les prochaines semaines. Donc, le processus est en cours, et moi, je persiste à croire que le dialogue est la meilleure façon d’atteindre nos objectifs», soutient le ministre du Travail.
Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.



