La police de Montréal peut maintenant vous surveiller en temps réel avec l’IA

La police de Montréal est désormais équipée pour analyser avec l’intelligence artificielle les vidéos en temps réel de dizaines de caméras installées dans la ville, a découvert notre Bureau d’enquête.
Au cours de l’été, le Service de police de Montréal (SPVM) a fait l’acquisition d’un puissant logiciel d’analyse de vidéosurveillance intégrant l’IA.
«Je voudrais bien que ce soit de la science-fiction, mais de plus en plus de services de police se tournent vers ce genre d’outil», constate Tamir Israel, de l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC).
Une caméra du SPVM située à l’intersection des rues Saint-Denis et Sainte-Catherine Est, dont la surveillance pourra désormais être analysée en temps réel par l’intelligence artificielle.
Photo PIERRE-PAUL POULIN
Dans sa tournée médiatique subséquente, le SPVM a mis de l’avant les gains en temps et en efficacité de ses enquêteurs, qui s’en serviront pour examiner du matériel vidéo après un crime.
Or, le service policier voulait se procurer un logiciel aussi capable d’analyser «120 flux de vidéos en direct [live], de façon concurrente», et de supporter au minimum 700 utilisateurs, selon des documents provenant de l’appel d’offres.
L’analyse de vidéosurveillance par IA permet, par exemple, d’identifier en temps réel une voiture grâce à sa plaque d’immatriculation ou encore une personne selon son habillement.
Des logiciels d’analyse vidéo par IA comme BriefCam sont capables d’isoler les passants en temps réel suivant leur habillement ou leurs accessoires.
Imotion
Tireur actif
En réponse à nos questions, la relationniste du SPVM Mélanie Bergeron assure qu’il ne s’agit pas de l’utilisation principale prévue du logiciel.
«Le recours à l’analyse en temps réel pourrait avoir lieu dans un contexte d’extrême urgence», justifie-t-elle par écrit, comme la présence d’un tireur actif.
Tamir Israel, responsable du programme «Confidentialité, surveillance et technologies» de l’ACLC, redoute toutefois que cet usage limité soit rapidement étendu.
«Souvent, les fonctionnalités sont présentées de manière très inoffensive […]. Mais une fois que le logiciel est branché au réseau, d’autres fonctions peuvent être activées sans qu’il y ait de divulgation», affirme l’avocat de formation.
Plusieurs logiciels permettent d’activer la reconnaissance faciale en quelques clics, une fonctionnalité que le SPVM exclut d’utiliser «pour le moment».
À l’heure actuelle, le SPVM dispose de 46 caméras installées dans la ville, un nombre à première vue restreint.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l’émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
Mais, à terme, le logiciel d’analyse par IA pourrait être connecté aux réseaux de la Ville et de la Société de transport de Montréal, qui comptent des centaines de caméras.
Le SPVM dit avoir été autorisé à acheter le logiciel après une «Évaluation des facteurs relatifs à la vie privée» chapeautée par la Ville de Montréal.
On nous a refusé une copie de cette évaluation, malgré une demande d’accès à l’information, en prétextant que sa divulgation pourrait entraver des enquêtes ou en révéler les méthodes.
Logiciel mystère utilisé par la police
Les logiciels d’analyse vidéo IA ont suscité leur lot de controverses dans les dernières années, y compris ceux commercialisés par l’entreprise qui a remporté le contrat de la police de Montréal.
C’est le fournisseur québécois de solutions en sécurité numérique iMotion Sécurité qui a été choisi pour déployer la technologie d’analyse vidéo par IA dans le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).
Le contrat, qui s’étend sur cinq ans, a été conclu pour 1,8M$ l’été dernier.
Sur son site web, iMotion propose, entre autres, les services d’Idemia et de BriefCam, deux compagnies qui ont dernièrement fait la manchette.
Le logiciel de l’une – le géant français Idemia – aurait mené à l’arrestation d’un Afro-Américain innocent, qui a ensuite intenté une poursuite contre un service de police du New Jersey, selon ce que rapporte CBC.
Ce dernier aurait été identifié par erreur par le biais de la reconnaissance faciale d’Idemia, même si son algorithme est reconnu comme l’un des plus performants sur le marché en ce qui a trait à l’identification de personnes d’origines différentes.
Le système de l’autre – BriefCam, conçu par une firme israélienne – a été utilisé illégalement par des dizaines de services de police et de gendarmerie français, rapporte le média français Disclose.
Selon nos informations, BriefCam aurait été écarté du processus parce qu’il ne proposait pas d’interface en français.
Plus de transparence
En Ontario, on sait qu’au moins deux services de police se sont tournés vers Idemia pour améliorer leurs capacités de surveillance.
Celui de Peel a même organisé des séances d’information afin d’expliquer aux citoyens comment il comptait prévenir les biais de l’algorithme et protéger la confidentialité des données.
Pour sa part, le SPVM refuse de divulguer son choix de logiciel, une décision que déplore l’Association canadienne des libertés civiles.
«C’est important de savoir quel logiciel est utilisé pour bien comprendre les capacités de l’outil», dit Tamir Israel, directeur du programme «Confidentialité, surveillance et technologies» de l’Association. «Parce que c’est maintenant ou jamais qu’il faut décider si, comme société, on veut ce genre de surveillance.»


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