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Réforme du régime syndical | Jean Boulet appelé à scinder son projet de loi

(Québec) Face au climat tendu que suscite la réforme du régime syndical, le député de Québec solidaire (QS) Alexandre Leduc propose à Jean Boulet de scinder le projet de loi 3 et de repousser à plus tard, après de vastes consultations, tout le volet sur les controversées cotisations facultatives.


Publié à
11 h 56

Dans une lettre qu’il a envoyée lundi au ministre du Travail, que nous avons consultée, M. Leduc affirme qu’il est possible selon lui d’amender les volets de la réforme qui concernent les votes en assemblées syndicales et les états financiers vérifiés, suivant des recommandations qui ont été formulées au gouvernement la semaine dernière, puis de les adopter en quelques jours.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le député de Québec solidaire, Alexandre Leduc.

Or, pour y arriver, M. Boulet doit scinder son projet de loi et repousser à plus tard les éléments qui concernent les nouvelles cotisations facultatives, qui font rager les centrales syndicales qui l’accusent de vouloir les museler.

« C’est vraiment le volet des cotisations dites facultatives qui met le feu aux poudres. L’énorme flou entourant les critères, le champ d’application et les amendes pénales plonge les délégués et représentants syndicaux dans un cauchemar administratif qui rendra la vie impossible aux pauvres volontaires qui auront levé la main pour assumer la fonction de trésorier syndical », écrit Alexandre Leduc dans sa lettre au ministre.

« Soyons clairs, je pense que le [projet de loi] n’est globalement pas nécessaire et qu’on tente maladroitement de le justifier par une poignée d’anecdotes qui se comptent avec les doigts d’une seule main. […] Cela dit, si c’est malgré tout votre désir de le faire aboutir, je crois que la fonction de ministre du Travail qui est la vôtre vous appelle à trouver une approche plus équilibrée qui participera à renouer le dialogue social qui est, de toute évidence, devenu bien fragile », poursuit le député solidaire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre du Travail, Jean Boulet

Des milliers de syndiqués manifestent

Samedi dernier, M. Leduc était présent lors de la manifestation intersyndicale qui a rassemblé des dizaines de milliers de travailleurs au centre-ville de Montréal.

« Le ministre n’arrête pas de dire en commission parlementaire qu’il ne fait pas ça contre les syndicats, mais pour les syndiqués. Visiblement, les syndiqués ne sont pas d’accord avec lui », estime M. Leduc, qui disait la semaine dernière être prêt à ressortir son carré rouge ce printemps si le mouvement syndical mobilise la société face aux lois qui limitent la capacité des travailleurs à contester des mesures gouvernementales.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Une manifestation intersyndicale a eu lieu samedi dernier à Montréal

« Le rôle du ministre du Travail, c’est d’être l’équilibre entre [les travailleurs] et le patronat. Visiblement, depuis un an, ça penche toujours du même bord. […] Je ne le reconnais pas, Jean Boulet. Il n’était pas comme ça dans le précédent mandat. En scindant le projet de loi, ça participerait à baisser les tensions et à retrouver une relative paix industrielle », ajoute-t-il.

Le cabinet du ministre Jean Boulet a répondu lundi qu’il ne commenterait pas la proposition de Québec solidaire aujourd’hui.

Un « mini-minimum » pour les conservateurs

Pour le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, le projet de loi 3 du gouvernement caquiste est un « mini-minimum » et le ministre du Travail ne doit pas reculer.

« Il aurait même fallu aller encore plus loin en permettant à chacun des travailleurs de décider individuellement s’il souhaite financer les causes politiques soutenues par les leaders syndicaux et d’avoir un vote secret obligatoire lors d’une accréditation syndicale », avance-t-il.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime.

Samedi, ils étaient plus de 50 000 personnes, selon la Confédération des syndicats nationaux (CSN), à s’être rassemblés contre différentes initiatives du gouvernement caquiste. La foule a également dénoncé les compressions dans les services publics, au moment où Québec cherche à retrouver l’équilibre budgétaire.

« Vous devez vous tenir debout et ne pas reculer comme vous le suggère la gauche présentement. L’écrasante majorité des travailleurs québécois appuie chacune des mesures contenues dans votre législation », prétend pour sa part M. Duhaime.

La semaine dernière à Québec, le ministre Jean Boulet a rappelé qu’il était prêt à modifier certains aspects de son projet de loi.

« La transparence, c’est important. Le respect de la mission centrale des syndicats, ça m’apparaît important. Maintenant, la façon d’appliquer une loi, c’est certain qu’on est ouvert à des recommandations », a dit le ministre.

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