Révocation de brevet de professeurs de Bedford | Défendre l’indéfendable, encore et toujours

Sans surprise, l’Alliance des profs de Montréal a annoncé lundi qu’elle aiderait des profs de Bedford à contester la révocation de leur brevet d’enseignement, sans même mentionner qu’ils ont pourri la vie de l’école pendant des années avec leurs méthodes rétrogrades teintées d’obscurantisme islamiste.
Publié à
5 h 00
Je dis « sans surprise », car tous les syndicats défendent leurs membres, à peu près sans égard à la faute. C’est une obligation légale, prévue dans le Code du travail.
Vous ne voyez jamais les syndicats, en revanche, demander d’être délestés de cette obligation. C’est dans l’ADN syndical au Québec : on défend tous nos membres, même les agresseurs sexuels1.
Dès le premier paragraphe du communiqué publié par l’Alliance, lundi, on blâme la Coalition avenir Québec (CAQ) avec une frappe préventive : « Nous nous attendons aussi à une sortie médiatique de la Coalition avenir Québec qui, fidèle à ses habitudes, alimentera le débat public en misant sur des thèmes porteurs et populistes, telles la laïcité et l’hostilité envers les syndicats. »
Reprocher à la CAQ de politiser ce qui s’est passé à Bedford est d’une mauvaise foi crasse.
D’abord, les problèmes à l’école Bedford remontent à au moins 2017, un an avant l’arrivée au pouvoir de la CAQ : c’est documenté dans le rapport d’un psychologue industriel dépêché sur les lieux en 2021.
Ensuite, quand la journaliste Valérie Lebeuf, du 98,5 FM, commence à raconter en ondes les contours de ce climat pourri causé par un noyau dur de profs maghrébins, la CAQ n’a pas politisé l’affaire, bien au contraire.
L’occasion aurait pourtant été parfaite : des profs musulmans rétrogrades, un climat pourri qui épuise les profs et transforme le bureau de la direction en portes tournantes, des enfants affectés par ces méthodes… Bernard Drainville aurait pu sauter là-dessus pour se faire du capital politique à peu de frais, séance tenante.
Il ne l’a pas fait.
Il en a plutôt référé prudemment à un comité de la Direction générale des affaires internes (DGAI) du ministère de l’Éducation pour enquêter sur Bedford. L’enquête a duré cinq mois, de novembre 2023 à avril 2024 : 70 personnes ont été rencontrées.
Ce comité a confirmé ce que la journaliste Lebeuf et le psychologue industriel avaient constaté et a apporté des précisions.
En vrac2 : refuser d’enseigner l’éducation sexuelle ou la science, fermer violemment une porte qui a failli écraser les doigts d’un enfant, refuser de « croire » au trouble du spectre de l’autisme, se mettre à prier plutôt que d’appeler les secours devant un élève qui perd connaissance en classe, dénigrer des élèves en difficulté en les considérant comme des « paresseux », se mettre à 11 pour encercler un directeur et exiger le retrait d’une mesure disciplinaire, assister à des formations en Zoom en fermant caméra et micro, refuser de laisser les orthopédagogues accéder à leur classe, obstruer des fenêtres donnant sur la classe pour empêcher quiconque de voir dans ladite classe, dénigrer des enseignants du clan « dominé » devant des élèves, donner des coups de pied « qualifiés de violents » sur des souliers qui traînaient au sol, lire le journal pendant une formation obligatoire, refuser de se soumettre à des rencontres de cycle en brandissant le bouclier de « l’autonomie professionnelle »…
Rapport complet ici3.
Après les constats effarants de ce rapport ministériel, 11 comités d’enquête – un par prof – ont été mis sur pied pour faire des recommandations au ministre (la ministre, désormais, Sonia LeBel ayant succédé à M. Drainville).
Le verdict est tombé pour certains profs, récemment : on recommandait de les priver de leur brevet d’enseignement. Cela mène au congédiement.
Je cite le communiqué de l’Alliance des profs, lundi, qui dénonçait « l’opacité » du processus d’enquête, qui aurait « privé les personnes concernées d’une représentation adéquate » : « Nous accompagnerons donc nos membres qui voudront que le Tribunal administratif du Québec (TAQ) se saisisse de leur dossier afin de réviser les décisions dans les normes de justice et d’équité. »
En lisant cette phrase, j’ai pensé à ces profs qui se sont tournés vers l’Alliance des profs, syndicat qui n’a rien fait pour les aider en rappelant à l’ordre les intimidateurs, bien au contraire.
Ces profs ont été abandonnés par leur employeur ET par leur syndicat, qui renvoyait les plaintes des profs intimidés à leur délégué syndical… Lui-même membre de la clique qui contrôlait l’école Bedford !
Qu’un syndicat soit obligé de défendre ses membres, c’est une chose.
Qu’il le fasse en se fendant d’un communiqué de presse où il invente des motifs politiques pour jeter le doute sur les sanctions disciplinaires imposées à des profs inaptes, c’est autre chose… C’est un superbe exemple de syndicat qui défend l’indéfendable et c’est ce que l’Alliance des profs fait en blâmant le politique pour les malheurs des plus pourris de ses membres.
1. Lisez la chronique « À la défense des plus pourris »
2. Lisez la chronique « Si l’école était importante (21) »
3. Consultez le rapport d’enquête




