Amir Khadir radié par le Collège des médecins pour six mois

Le conseil de discipline du Collège des médecins (CMQ) a radié le Dr Amir Khadir de l’ordre pour six mois en lien avec des traitements controversés de la maladie de Lyme. Plus tôt en octobre, le Dr Khadir avait plaidé coupable à 12 chefs d’accusation lui reprochant notamment d’avoir prescrit des antibiotiques de longue durée, soit plus de 28 jours, pour traiter cette maladie propagée par des tiques alors qu’elle se soigne généralement par la prise d’antibiotiques directement après l’infection.
Concrètement, on l’accusait de contrevenir à l’article 122 du Code de déontologie des médecins et à l’article 59.2 du Code des professions, qui encadrent respectivement le respect des engagements d’un médecin envers un syndic (ou toute instance similaire) et le respect de « l’honneur et la dignité de la profession ».
L’entente clé dans le dossier est survenue en 2020, alors qu’Amir Khadir s’est engagé auprès du Dr Steven Lapointe, syndic adjoint du CMQ, « à cesser de prescrire une antibiothérapie d’une durée de plus de 28 jours aux nouveaux patients diagnostiqués pour la maladie de Lyme ».
Or, l’ancien co-porte-parole de Québec solidaire « a quand même sciemment décidé d’y contrevenir, et ce, cinq mois plus tard, pour plusieurs années et dans de nombreux dossiers auprès de personnes médicalement vulnérables qui recherchaient une panacée pour atténuer leurs souffrances », soutient le jugement du conseil de discipline du CMQ. « L’intimé [Amir Khadir] ne pouvait ignorer les termes de l’engagement, et le document ne comporte aucune ambiguïté quelconque », poursuit le document.
Le jugement précise également qu’en 2024, M. Khadir a admis par courriel au syndic avoir prescrit une antibiothérapie de longue durée à 150 patients. La plainte présentée au conseil de discipline fait état de 12 dossiers où des antibiotiques ont été prescrits sur des périodes de quatre à 21 mois.
De possibles conséquences « sérieuses »
Lors de son témoignage en octobre dernier, le Dr Khadir a tenté de présenter des facteurs atténuants dans l’espoir d’obtenir une sanction moins importante. L’infectiologue a notamment raconté comment une patiente avait eu une réaction très positive à la suite de ce traitement, au point de renoncer à l’aide médicale à mourir après de longues souffrances.
Amir Khadir avait toutefois affirmé que « ces thérapies pourraient toucher le foie ou même engendrer une résistance aux antibiotiques », rappelle le jugement. « Les effets secondaires du traitement prodigué par l’intimé sont difficiles à évaluer, car celui-ci demeure non éprouvé par la communauté médicale et scientifique au Québec. Les conséquences possibles du non-respect de l’engagement sur la santé des patients sont hautement significatives et sérieuses », peut-on lire dans le document.
Lors de l’audience, le syndic adjoint du CMQ avait plaidé pour une radiation de 12 mois afin d’« envoyer un message » à la profession. Amir Khadir, lui, souhaitait une radiation d’un mois. C’est finalement une peine de six mois, à mi-chemin entre ces deux propositions, qui fut adoptée par le conseil de discipline.
Ce dernier est d’ailleurs « indépendant de l’ordre dans l’exécution de ses fonctions », affirme le CMQ.




