Le gouvernement Legault veut désormais abolir 5000 postes dans la fonction publique

Le gouvernement Legault augmente sa cible de réduction de la taille de l’État qui passe à une baisse de l’équivalent de 5000 employés à temps complet (ETC) d’ici au printemps 2027, soit 3000 de plus que les 2000 qui ont déjà été soustraits.
« Il n’y a pas de tronçonneuse, il n’y a pas de coupes paramétriques », a expliqué mercredi la présidente du Conseil du Trésor, France-Élaine Duranceau. Au total, elle évalue que ces efforts se traduiront par des économies de l’ordre de 375 millions de dollars.
« Il faut passer du temps là où ça compte vraiment pour les citoyens », a ajouté la ministre en s’adressant aux employés de l’État. « Depuis 2018, on a beaucoup augmenté les services aux citoyens. Là, c’est le temps de consolider cette approche-là et de s’assurer de rester présents là où c’est pertinent puis qu’il y a une valeur ajoutée. »
L’effort de 5000 inclut les 2000 postes déjà coupés pour l’année 2025-2026. S’ajoute un effort comparable pour l’an prochain (2026-2027) et une réduction de 500 postes par année dans les organismes hors fonction publique comme l’Autorité des marchés publics (AMP), la Société québécoise des infrastructures, la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), Revenu Québec ou encore la Société des traversiers du Québec (STQ).
Promotion de la semaine de 32 heures
Pour atteindre la cible de 5000, le gouvernement mise sur une réduction des heures travaillées, a résumé Mme Duranceau. La ministre préfère ainsi parler de réduction d’heures que d’emplois perdus.
À preuve, explique-t-elle, le gouvernement pense atteindre ses cibles en convainquant plus d’employés de travailler 32 heures par semaine au lieu de 35.
Les conventions collectives permettent déjà aux salariés d’y recourir, mais la ministre souhaite qu’on y recoure davantage.
Le gouvernement avait déjà imposé un gel de recrutement à l’externe et un gel d’embauche à l’intérieur du gouvernement pour les ministères et organismes qui n’ont pas atteint leurs cibles de coupes.
En cessant de remplacer les démissions et départs à la retraite cette année, cela a déjà permis de réduire les effectifs de l’équivalent de 2000 personnes.
La ministre Duranceau a aussi entrepris de réduire la bureaucratie avec le projet de loi 7, qui doit, espère-t-on, mener à une réduction de 220 ETC. Elle rappelle que ce projet de loi est un premier effort et que d’autres mesures suivront à cet égard.
La fonction publique québécoise compte actuellement environ 80 000 ETC. Et même avec ces mesures, la CAQ n’atteint pas la cible qu’elle s’était fixée en 2018 de réduire de 5000 le nombre d’employés de l’État, puisqu’en sept ans, les effectifs ont crû de plus de 10 000 personnes.
Plus de délais, d’erreurs et de sous-traitance, selon les syndicats
Sans surprise, les syndicats ont très mal accueilli cette annonce. « Dans plusieurs ministères, nos membres nous font part d’une augmentation des erreurs administratives », fait valoir le président du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Christian Daigle.
Le SFPQ dénonce le recours grandissant à la sous-traitance et ajoute qu’en raison du gel d’embauche des derniers mois, les gens doivent déjà attendre plus longtemps pour avoir des services.
Par exemple, les bureaux du programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC) « reçoivent chaque semaine des appels du Protecteur du citoyen, car les dossiers ne sont pas traités dans des délais raisonnables », a souligné le vice-président du syndicat Michel Girard.
Le Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) parle carrément d’une « boucherie ». « Contrairement à ce qu’affirme la ministre, les services sont déjà affectés, constate son président, Guillaume Bouvrette. « Il est faux de dire que ce sont seulement des départs volontaires, il y a bel et bien des gens qui se font mettre à la porte actuellement. »




