Poursuite de 800 000 $ | Luc Poirier accusé de « s’attribuer faussement la paternité » du Bota Bota

Qui a été l’instigateur de l’apaisant spa Bota Bota ?
Publié à
5 h 30
C’est la question au cœur d’une poursuite de 800 000 $ intentée le mois dernier par Daniel et Geneviève Emond contre l’entrepreneur à succès Luc Poirier.
Cofondateurs du populaire spa flottant synonyme de plénitude et de bien-être dans le Vieux-Montréal, Daniel Emond et sa fille Geneviève accusent M. Poirier de « s’attribuer faussement la paternité » de l’entreprise dans un épisode de la série Luc le milliardaire ? diffusé sur Crave cet automne.
Luc Poirier « prétend avoir été l’initiateur, le concepteur, un investisseur et un copropriétaire [du projet Bota Bota spa-sur-l’eau]. […] Ces affirmations sont non seulement fausses, mais elles sont également formulées de manière à induire le public en erreur », peut-on lire dans la poursuite.
Jointe au téléphone, Geneviève Emond a signalé mercredi qu’elle ne commenterait pas l’affaire. « Ce qu’il a affirmé concernant le Bota Bota ne correspond pas à la réalité », a-t-elle simplement dit.
Luc Poirier a quant à lui affirmé dans une conversation téléphonique avec La Presse mercredi qu’il maintenait sa version des faits. « C’est moi qui ai pensé à faire un spa sur l’eau. C’est mon idée. J’avais une offre d’achat sur le bateau à l’époque, j’ai fait ça sans eux. À la cour, je vais avoir les premières personnes qui ont travaillé, qui vont montrer que j’étais tout seul au début, et que la famille Emond s’est greffée après. »
Ancien bateau-spectacle
Dans leur poursuite déposée le 26 novembre à la Cour supérieure du Québec, on peut lire que Daniel Emond a ouvert un premier spa, le spa Balnéa à Bromont, en 2004 avec sa fille Stéphanie.
L’année suivante, son autre fille, Geneviève, dit avoir entrepris des démarches pour lancer un spa naturel en milieu urbain à Montréal ou autour, mais sans avoir réussi à trouver un local intéressant.
« Au printemps 2008, par l’entremise d’un ami commun, Daniel Emond, déjà actif dans le milieu des affaires et impliqué dans divers projets entrepreneuriaux, est mis en contact avec Poirier, qui a alors besoin de différents prêts d’argent », note la poursuite.
PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
Luc Poirier
Lors d’une rencontre, Luc Poirier a dit à Daniel Emond qu’il était « propriétaire d’un ancien bateau-spectacle qu’il envisageait de transformer en restaurant flottant et propose qu’ils se rendent immédiatement le voir », note la poursuite.
Après avoir vu le bateau, « Daniel Emond a immédiatement eu l’idée de faire un spa flottant et il s’est entendu sur le champ avec Poirier sur un prix de 300 000 $ », selon les demandeurs.
L’entrepreneur apprendra par la suite que Luc Poirier n’est pas propriétaire du bateau, et qu’il n’a en réalité qu’une offre d’achat sur le navire. Daniel Emond a finalement acheté le bateau, qui appartenait à Marcel Salvail.
Pas d’entente d’actionnariat
Les demandeurs notent que Luc Poirier a embauché une firme pour effectuer des travaux de démolition dans le navire, pour lesquels il a été remboursé.
« Poirier organise une rencontre préliminaire avec un ancien employé du Vieux-Port de Montréal, à laquelle participe également Geneviève Emond. Cette rencontre, tenue le 18 juillet 2008, visait uniquement à recueillir des informations générales sur ce que pourraient être les attentes du Vieux-Port quant à un éventuel bail, sans bien sûr qu’il puisse n’y avoir aucune négociation formelle ou engagement contractuel qui en découle. »
Geneviève Emond a finalement signé un bail avec la Société du Vieux-Port en août 2009.
PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE
Le spa Bota Bota
Geneviève Emond, Daniel Emond et Luc Poirier devaient signer une entente d’actionnariat. Mais ce projet n’a pas abouti, en raison de « divergence de vision », de même « qu’en raison de la décision de Poirier de participer à l’émission de téléréalité Occupation Double ».
Luc Poirier « n’a donc jamais détenu de participation financière dans le Bota Bota, ni concrètement participé au développement de ce projet », lit-on dans la poursuite.
Atteinte à la réputation
Dans la série Luc le milliardaire ?, Luc Poirier dit « avoir eu l’idée d’aménager un spa sur un ancien bateau-spectacle, […] avoir approché le Vieux-Port pour y établir l’emplacement, et […] avoir sollicité la famille Emond à titre d’opérateurs afin de “les faire embarquer” dans le projet dont il était à l’origine, et […] avoir eu avec eux un partenariat 50/50 quant à l’action ».
C’est cette version des faits que les demandeurs contestent.
Depuis la diffusion de la série, Daniel et Geneviève Emond disent avoir fait face à une vague de réactions du public et du personnel remettant en question leur rôle dans la création du lieu de détente et de sérénité.
Daniel et Geneviève Emond demandent 300 000 $ chacun à titre de « dommages compensatoires pour atteinte à la réputation », ainsi que 100 000 $ chacun comme « dommages et intérêts punitifs ».
Ils sont représentés par Me François Fontaine et Me Rhita Harim, avocats de la firme Norton Rose Fulbright.
Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron, La Presse




