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«On est pris en otage»: son dossier de succession est au point mort à cause d’un délai de 50 semaines à l’Agence du revenu du Canada

Un transfert de richesse historique des baby-boomers va secouer le Québec au cours des prochaines années: 1000 milliards de dollars passeront aux mains d’héritiers. Mais derrière les chiffres, c’est l’enfer des successions: dettes, délais et conflits familiaux. Découvrez les témoignages de ceux qui vivent ce parcours semé d’embûches.

Une LaSalloise devra patienter jusqu’à 50 semaines encore avant de distribuer l’héritage de ses parents, décédés il y a déjà plus d’un an, parce que l’Agence du revenu du Canada tarde à clore la dernière déclaration d’impôt de sa mère.

«J’ai hâte de pouvoir juste penser à eux», confie Lise Bourget, 62 ans, en entrevue avec Le Journal.

Cette ex-fonctionnaire fédérale a hérité de la lourde responsabilité de gérer la succession de ses parents, qui sont morts à quelques semaines d’intervalle, à l’été 2024.

«Même si je savais dans quoi je m’embarquais, je ne croyais pas que ce serait si ardu», souffle-t-elle.

Marathon

Une succession, c’est un peu comme un marathon. Le partage de l’héritage n’a lieu que dans les tout derniers kilomètres.

Auparavant, les liquidateurs doivent faire bien des démarches ennuyeuses, à commencer par obtenir l’acte de décès, ce qui n’est pas toujours une tasse de thé, et régler les impôts des défunts.

Après cela, il faut faire la demande du certificat de décharge, puis compter environ quatre mois avant de recevoir le document, selon les délais estimés par l’Agence du revenu du Canada. Ce n’est qu’une fois ce document en poche que la distribution des biens peut être mise en branle.

Prise en otage

C’est à l’étape des impôts que la course de Lise Bourget a été interrompue en raison d’incongruités dans les documents du gestionnaire de patrimoine de ses parents quant à la valeur de certains placements au moment du décès de sa mère.

Pour faire court, la succession pensait d’abord qu’elle n’avait pas payé suffisamment d’impôts sur les gains en capital et elle a donc envoyé un paiement supplémentaire, pour ensuite réaliser qu’elle en avait trop payé, si bien que les deux paliers de gouvernement lui devaient environ 4000$ chacun.

«On a dû faire une deuxième demande de redressement en juin dernier. Revenu Québec a réglé le dossier en septembre, mais c’est complètement bloqué au fédéral», raconte la liquidatrice, à bout de souffle.


Lise Bourget, responsable de la succession de sa mère, a fait face à un délai de 50 semaines à l’ARC pour une demande de redressement qui paralyse le dossier, à Montréal, le jeudi 27 novembre 2025.


Photo Agence QMI, JOËL LEMAY

L’ARC a même déterminé que la nouvelle demande de redressement était «complexe» et un employé aurait dit à Mme Bourget au téléphone que le traitement de son dossier prendrait entre 30 et 50 semaines de plus!

«C’est eux qui nous doivent de l’argent et ça paralyse complètement mes démarches!» s’indigne la LaSalloise.

«On est pris en otage. On ne peut pas régler la succession et passer aux étapes normales d’un deuil», conclut-elle.

Au moment d’écrire ces lignes, l’ARC n’avait pas répondu aux questions du Journal

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