« On a tous été blessés au cœur » : la double évasion, un coup dur pour la maison d’arrêt de Dijon

« Cette double évasion est un événement traumatique pour l’ensemble du personnel de la maison d’arrêt de Dijon », réagit Ingrid Delabarre, la directrice de l’établissement pénitentiaire, ce vendredi 5 décembre.
Elle ne s’était pas exprimée depuis le 27 novembre, jour où deux détenus du quartier disciplinaire ont scié leurs barreaux et se sont “fait la malle”. « C’est très dur, car le personnel s’investit énormément, se donne en qualité de troisième force de sécurité intérieure, donc oui, on a tous été blessés au cœur, quel que soit notre grade, nos missions », affirme-t-elle.
« On va passer cette crise, se redresser »
« On n’a pas envie d’entendre parler de la maison d’arrêt de Dijon de la sorte, ça fait fi de tout notre investissement au quotidien, on a été mis K.-O. quelque temps, mais on va passer cette crise, se redresser, faire un état des lieux et prendre des mesures. »
Guillaume Piney, directeur interrégional des services pénitentiaires de Dijon (DISP), confirme : « On se relève d’un coup dur. »
Ingrid Delabarre estime que la surpopulation carcérale à Dijon – le taux d’occupation y est actuellement de 225 % – « complexifie l’exercice, ce n’est pas la même chose de surveiller le double de personnes, ça dilue une partie de la sécurité, déclare-t-elle. C’est très frustrant, mais on sait qu’il y a une augmentation de la délinquance à Dijon, notamment à cause des règlements de comptes ; les magistrats sont contraints d’incarcérer et nous avons l’obligation d’accueillir ces délinquants pour garantir la sécurité des victimes et des concitoyens. »
En plus de l’enquête judiciaire, une enquête interne de l’inspection générale de la justice est en cours. « Ce n’est pas la partie la plus agréable après ce qu’on a vécu, mais il faut en passer par là, dresser un premier constat, savoir s’il y a des choses à reprocher au personnel et quelles mesures correctives sont à prendre », explique la directrice.
Côté détention, elle remarque un changement de comportement des personnes détenues. « Je ne sais pas si c’est dû à la double évasion ou au renfort des mesures, déclare Ingrid Delabarre. On les met sous pression, c’est une phase pas simple, mais nécessaire. »




