Après une année incertaine | La Banque du Canada devrait maintenir son taux directeur mercredi

(Ottawa) Les économistes s’attendent largement à ce que la Banque du Canada maintienne son taux d’intérêt de référence inchangé cette semaine et se mette en retrait pour clôturer une année dominée par l’incertitude commerciale et économique.
Publié à
16 h 19
Le taux directeur de la banque centrale s’établit à 2,25 % à l’approche de sa dernière décision de taux de l’année, mercredi, soit un point de moins qu’au début de l’année 2025.
Vendredi après-midi, les marchés financiers estimaient à près de 93 % les chances que le taux soit maintenu lors de la réunion de cette semaine, selon LSEG Data & Analytics.
Une série de rapports sur l’emploi étonnamment solides publiés par Statistique Canada et une hausse annualisée inattendue de 2,6 % du PIB réel au troisième trimestre ont conforté la plupart des économistes dans leur prévision d’un maintien des taux jusqu’à la fin de l’année.
« En rassemblant tous ces éléments, il ne fait désormais plus aucun doute que la banque restera en retrait », a écrit vendredi Doug Porter, économiste en chef de BMO, dans une note adressée à ses clients.
La Banque du Canada a abaissé son taux directeur d’un quart de point à quatre reprises cette année. La banque centrale a commencé l’année 2025 par des baisses en janvier et en mars, avant de marquer une pause jusqu’au milieu de l’année, puis de procéder à des réductions lors de décisions consécutives en septembre et octobre.
Lors de leur dernière décision en octobre, les responsables de la politique monétaire ont indiqué qu’ils pourraient se satisfaire du niveau actuel du taux directeur, à moins que les données économiques à venir ne s’écartent considérablement de leurs projections.
Il n’a pas été facile cette année de prévoir l’évolution de l’économie canadienne.
Une année de scénarios
La Banque du Canada n’a pas publié de prévisions économiques centrales pendant une grande partie de l’année, mais a plutôt proposé une série de scénarios illustrant l’évolution possible de l’inflation et de la croissance économique en fonction de différentes orientations de la politique commerciale américaine.
Le gouverneur Tiff Macklem a averti à plusieurs reprises au cours de l’année que la banque avait besoin de plus de clarté sur la façon dont les droits de douane imposés par les États-Unis et les mesures de rétorsion du Canada affecteraient les prix.
« Je pense que la Banque du Canada a agi avec prudence pendant cette période d’incertitude accrue », a déclaré Randall Bartlett, économiste en chef adjoint chez Desjardins.
La Banque du Canada fixe son taux d’intérêt directeur dans le but de maintenir le taux d’inflation annuel à 2 % et de stimuler l’économie en réduisant les taux lorsque cela est nécessaire. Si les responsables de la banque centrale étaient conscients de l’impact économique négatif des droits de douane américains, ils ne savaient pas avec certitude quelles en seraient les conséquences sur l’inflation.
Si le ralentissement économique a généralement pour effet de freiner la hausse des prix, l’augmentation des coûts liée aux droits de douane et le fait que les entreprises soient contraintes de modifier leurs chaînes d’approvisionnement pourraient simultanément alimenter l’inflation.
« La Banque du Canada s’est retrouvée à un tournant, face à un choc stagflationniste, qui combine une croissance faible et une inflation plus élevée », a ajouté M. Bartlett.
Incertaine quant à savoir si l’inflation allait augmenter en réponse aux droits de douane, la banque a laissé son taux directeur inchangé tout au long du printemps et de l’été.
La banque centrale est revenue à des prévisions économiques plus formelles après sa deuxième baisse consécutive en octobre. Elle a prévu une faible croissance de 0,75 % au second semestre 2025 et une reprise modeste dans les années suivantes.
Guider l’économie dans la transition
Après une baisse cumulée d’un demi-point au second semestre, M. Bartlett a souligné que la Banque du Canada était probablement satisfaite du travail accompli jusqu’à présent pour guider l’économie à travers la transition tarifaire.
Avec l’adoption du budget fédéral, il a expliqué que la banque avait probablement un peu plus confiance dans le fait que la politique budgétaire pouvait prendre le relais de la politique monétaire pour offrir des soutiens ciblés à l’économie.
« Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada maintienne ses taux inchangés lors de sa réunion de décembre, et nous pensons qu’elle les maintiendra inchangés tout au long de l’année 2026 », a déclaré M. Bartlett.
À l’approche de la nouvelle année, M. Bartlett attend d’obtenir plus de précisions sur l’évolution du mandat de la banque centrale, dont le renouvellement est prévu pour 2026.
Les responsables de la banque ont reconnu plus tôt cette année que les indicateurs d’inflation de base utilisés par les responsables de la politique monétaire pour évaluer les pressions sous-jacentes sur les prix faussaient la réalité. Les influences tarifaires et les changements, tels que la suppression du prix du carbone pour les consommateurs, ont ajouté beaucoup d’interférences aux chiffres de l’inflation cette année.
M. Bartlett a conclu qu’il observerait comment la Banque du Canada prévoit d’ajuster ses mesures préférées afin d’obtenir une image plus claire de l’inflation après une année de changements importants dans l’économie.




