« J’essaie de tout prendre dans ma construction de joueur » : Esteban Capilla va découvrir la Coupe d’Europe avec Bayonne contre les Harlequins

Cette coupure a-t-elle permis de digérer la déception de ne pas avoir honoré votre première cape lors de la tournée du XV de France ?
J’étais frustré après cette tournée mais je me suis surtout régénéré de l’enchaînement du Top 14. La frustration, elle part en jouant. J’avais enchaîné tous les matches depuis la pré-saison, donc les vacances m’ont fait le plus grand des biens. J’ai pu reposer les épaules, les cervicales, les cannes, les ischios… Et mentalement, j’étais en famille, tranquillou. Tu kiffes sur le moment, mais même quand tu reviens, t’es bien. Après ça, l‘hiver va passer plus vite. Maintenant, on est reparti sur un gros bloc de onze matchs, plein badin.
Vous pourriez aussi jouer à 7 puisque vous faites parie de la liste « Objectif 2028 » qui a pour but de préparer la France aux JO de Los Angeles. Vous y pensez ?
La question s’est posée, je me la pose et les journalistes également. Moi, je suis à fond sur le XV. J’ai pris le tournant. Après, bien sûr que 2028 est dans un coin de ma tête. Je n’ai pas digéré 2024 (NDLR, il avait dû renoncer aux Jeux de Paris pour blessure). Mais si j’ai l’embarras du choix au niveau international, le XV sera quand même prioritaire.
« J’ai hâte parce que des matches de H-Cup, on n’en fait pas tous 60 ou 70 dans une carrière »
Vous allez découvrir la Champions Cup, après avoir été champion du monde U20, international à 7, demi-finaliste du Top 14 et appelé dans le groupe France à XV. Vous dîtes-vous que vous cochez une case supplémentaire dans votre évolution ?
Oui. Ce sont des « steps » qui te permettent de dire : « Ok, j’ai fait ça, j’ai tant d’expérience. » Par exemple, le fait d’avoir pu jouer la demi-finale : j‘ai déjà vécu cette situation, je l’ai ingéré, donc si elle arrive de nouveau, je pourrai performer. Pareil ici. Si plus tard ça revient, j’aurais déjà vu l’organisation qui est autour, le jeu qui est différent en touche ou tactiquement, qui favorise l’attaque… J’essaie de prendre tout ce qu’il y a à prendre dans ma construction de joueur. Plus on jouera de matches, mieux ce sera pour moi et pour le collectif. J’ai hâte parce que des matches de H-Cup, on n’en fait pas tous 60 ou 70 dans une carrière. Il n’y en a pas beaucoup.
Alexandre Fischer, ici devant Esteban Capilla, sera capitaine pour la première fois avec Bayonne, ce dimanche.
Émilie Drouinaud / SO
Le premier a été perdu à domicile face aux Stormers. L’idée est de rattraper les points sur la pelouse des Harlequins ?
On est dans une optique de performance. On veut gagner là-bas. C’est l’ancienne Heineken Cup. Il faut la respecter. On la joue à fond. C’est pas la même chose que la Challenge Cup, sans manquer de respect à l’autre compétition. Ça va être un bon match et c‘est une équipe anglaise en face. Ce sont pas les Sud-Africains qui se sont greffés récemment. Ça a vraiment le goût de la H-Cup donc on a beaucoup d’appétit.
Entre joueurs, avez-vous fait de la qualification pour les 8es un objectif ?
On n’a pas eu d’objectif officiel mais quand on en parle entre nous, c’est important. Dans cette compétition, il n’y a que des grands joueurs. Beaucoup sont internationaux, dans plein de sélections différentes. Il y a une diversité de joueurs et une qualité qui est dingue. On a analysé la défaite des Harlequins face au Leinster (45-28). Ce sont des matchs d’un niveau XXL. Tous les lancements sont propres, les attitudes au contact, les skills… Tant sur le plan physique que tactique, ce sont des gros matchs. Ça ne peut que nous servir, nourrir chaque joueur, le collectif et l’équipe type.
Spring à l’ouverture, Fischer capitaine
Entre une infirmerie garnie (15 joueurs), des éléments laissés au repos (Iturria, Segonds, Tiberghien, Erbinartegaray) en vue du Top 14 et beaucoup de jeunes lancés (Jonah Thompson, Pyrénées Boyle-Tiatia) ou reconduits (Iandolino, Ariceta, Orabé, Hannoun, Tilloles), la compo de Bayonne attire l’œil sur le repositionnement de Tom Spring à l’ouverture. « En 10, Tom est sous-côté, pense son équipier Esteban Capilla. C’est un joueur qui scanne énormément, qui ose. Il peut attaquer la ligne, faire des par-dessus, des rasants, envoyer une passe laser, jouer au pied… Il a tout en magasin, Tom. C’est vraiment un profil que j’adore. » Autre particularité, le capitanat confié à Alexandre Fischer, auteur d’une rentrée musclée contre les Sud-Africains lors de la 1ere journée. « Greg (Patat) nous a dit qu’il ne voulait plus trop de paroles mais des actes, raconte Capilla. C’est pour ça qu’il a choisi ‘Fisch’. Il ne parle pas trop mais sur le terrain, ses standards ne baissent pas souvent. »




