Le Québec fait face à une nouvelle éclosion de rougeole, avec trois cas confirmés jusqu’à présent par les autorités sanitaires. Une situation jugée « préoccupante » par des médecins, alors que s’amorce la période des Fêtes.
« Le premier cas est un résident des Laurentides qui a contracté la maladie lors d’un voyage », écrit Marie-Pierre Blier, porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux. Le résident a fréquenté le centre d’urgences pédiatriques UP à Saint-Eustache, le 28 novembre dernier. Plus de 150 contacts ont été identifiés en lien avec ce lieu d’exposition, selon les autorités sanitaires de cette région.
Les deux autres cas sont liés au premier, mais n’impliquent pas des personnes qui habitent nécessairement la même région, précise Mme Blier.
En raison de la proximité des Laurentides avec Montréal, la directrice régionale de la santé publique de la métropole, la Dre Mylène Drouin, a fait parvenir une lettre aux parents ainsi qu’au personnel des milieux de garde et des écoles de l’île.
Elle y invite les familles à vérifier leur statut vaccinal et à prendre rendez-vous si elles n’ont pas reçu deux doses. Comme il n’existe aucun traitement contre la rougeole, se faire immuniser est la meilleure façon de s’en préserver.
La Dre Drouin prévient qu’en cas d’éclosion dans un milieu de garde ou scolaire, toutes les personnes non protégées en seront exclues et devront s’isoler à la maison. « Cette période pourrait être de plusieurs semaines. »
Très contagieuse, la rougeole est une maladie grave causée par un virus qui se transmet par voie aérienne lorsqu’une personne infectée respire, tousse ou éternue. Les premiers symptômes peuvent s’apparenter à un rhume accompagné de fièvre, de toux et de congestion nasale avec écoulement. Or, des rougeurs sur la peau surviennent ensuite.
Parmi les personnes les plus à risque de complications, on retrouve les bébés de moins d’un an, puisque la première dose du vaccin ne peut être administrée qu’à partir de 12 mois. Les femmes enceintes non vaccinées font aussi partie des groupes vulnérables.
Risques de transmission
Le fait d’avoir une éclosion de rougeole juste avant les Fêtes est « préoccupant », affirme la Dre Maude Paquette, pédiatre, infectiologue et microbiologiste au CHU Sainte-Justine. « C’est un moment où il y aura beaucoup de contacts entre les gens. »
« Un cas de rougeole dans une population non vaccinée, c’est comme une étincelle dans un tas de bois sec : le feu peut prendre très rapidement », illustre-t-elle. Un seul malade peut infecter jusqu’à 18 personnes non immunisées contre la rougeole.
L’hiver favorise également la transmission du virus, soulève pour sa part le Dr Paul Le Guerrier, médecin-conseil dans l’équipe Immunisation et maladies évitables par la vaccination de la Direction régionale de santé publique de Montréal. « On se rassemble davantage à l’intérieur qu’à l’extérieur, contrairement à l’été. »
À cela s’ajoutent les nombreux déplacements liés aux vacances. « Il y a actuellement de grandes éclosions ailleurs au Canada et d’autres qui émergent aux États-Unis. Chaque voyageur québécois ou montréalais non vacciné peut attraper la maladie et commencer une petite éclosion à son retour ici », explique le Dr Le Guerrier.
« On a une population qui pourrait être encore plus vaccinée pour être mieux protégée contre la rougeole », ajoute-t-il.
Selon des données de Québec sur la couverture vaccinale des élèves du primaire et du secondaire en 2024, plus de la moitié des régions n’atteignaient pas la cible de 95 %.
Ailleurs au pays
La dernière éclosion de rougeole au Québec s’est déroulée du mois de décembre 2024 au 19 avril 2025.
Ailleurs au pays, une épidémie amorcée au Nouveau-Brunswick en octobre 2024 s’est propagée à d’autres provinces, dont l’Alberta, et est toujours en cours.
En novembre, après plus d’un an d’épidémie de rougeole, le Canada a par ailleurs perdu son statut de pays ayant éliminé la maladie, qu’il détenait depuis environ 25 ans.
Le Canada avait éradiqué la rougeole en 1998, un statut attribué par l’Organisation panaméricaine de la santé, bras local de l’Organisation mondiale de la santé, ce qui signifie que les cas observés étaient surtout liés à des voyages, sans transmission locale soutenue.
Selon le gouvernement fédéral, 5298 cas de la maladie ont été signalés au Canada en 2025.
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