Monaco lance un carnet pédagogique sur la sexualité pour les ados

Le Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG) de Monaco a édité un carnet pédagogique destiné aux adolescents en quête d’informations fiables sur la sexualité, pensé pour répondre aux besoins constatés sur le terrain.
Aborder la sexualité avec les adolescents reste un exercice délicat, aussi bien pour les parents que pour les professionnels. Comment ouvrir le dialogue sans gêne et, surtout, quels messages essentiels leur transmettre ? Depuis plusieurs années, l’équipe du centre de dépistage monégasque dispense une séance annuelle de prévention de deux heures auprès des élèves de 3e. Initialement proposée en seconde, elle a été avancée après constat que l’intervention arrivait « un peu trop tard ». « En 3e, certains ont déjà eu plusieurs expériences, d’autres ne s’y sont jamais intéressés. C’est le bon moment », estime Sophie Deroussen, cadre de santé au sein de cette structure. Cette séance complète les cours d’éducation sexuelle dispensés en SVT, à Monaco comme en France. « Les professeurs ne sont pas toujours à l’aise ni bien formés pour aborder ces sujets, et les élèves osent moins leur poser des questions », explique-t-elle.
Sont aussi abordées la pornographie avec des mises en garde sur les stéréotypes véhiculés ainsi que les règles du consentement. Le carnet rappelle également le cadre légal de la majorité sexuelle.
Jusqu’à présent, le centre de dépistage utilisait le livret français comme support, mais il nécessitait d’être révisé et complété et n’était plus disponible qu’au format dématérialisé. Le nouveau support, présenté cette année, a été réalisé par toute l’équipe du CDAG à partir du modèle de Santé Public France avant d’être validé par le Docteur Vinti. Il est le fruit de plus d’une année de travail. Distribué dans les collèges, ce petit manuel de 70 pages est aussi disponible à tout moment au centre. Le format pédagogique des questions/réponses a été conservé.
Repartir des bases ?
Les interventions au collège, comme le carnet, commencent par la physiologie. « On s’est vite rendu compte qu’il y avait des lacunes de connaissance sur le fonctionnement du corps… On repart donc du début, de l’anatomie à la puberté avec des schémas explicatifs », explique Sophie Deroussen. Puis ils parlent d’amour et de sexualité, avant d’aborder les infections sexuellement transmissibles (Qu’est-ce que c’est, Comment s’en protéger ? Se tester ? Annoncer que l’on en a une ?)… « Aborder les risques d’emblée pouvait s’avérer brutal. On préfère débuter par quelque chose de plus positif », poursuit-elle. Sont aussi abordées la pornographie avec des mises en garde sur les stéréotypes véhiculés ainsi que les règles du consentement. Le carnet rappelle également le cadre légal de la majorité sexuelle et fait passer des conseils d’hygiène essentiels trop méconnus comme « faire pipi après un rapport ou éviter les savons trop agressifs ». « Les jeunes peuvent utiliser le carnet à leur rythme : lire certaines parties maintenant, y revenir deux ans plus tard… Et même les adultes peuvent y apprendre des choses », affirme Marina Tcholakian, infirmière au centre de dépistage. Pour améliorer encore la prévention, le centre a conclu un partenariat avec l’association Action Innocence, spécialisée dans la protection des jeunes face aux risques numériques et notamment la pornographie. Dès 2026, les interventions dans les collèges seront menées conjointement.



