Le Canadien | Saucette avec le Rocket pour Samuel Montembeault

Le printemps dernier, Samuel Montembeault était la locomotive du Canadien. Celui qui tirait l’équipe vers les séries, soir après soir, avec fiabilité. Aujourd’hui ? Le moteur tousse. Au point que le Tricolore a pris la décision difficile, mardi soir, de l’envoyer se ressourcer chez le Rocket de Laval.
Publié hier à
7 h 15
Montembeault y sera en « conditionnement ». Explications, s’il vous plaît ? C’est une zone un peu floue de la convention collective qui permet à un joueur d’aller reprendre son souffle dans les ligues mineures sans passer par le ballottage. Trois conditions sont nécessaires : l’accord du joueur, l’aval du bureau du commissaire et une limite de 14 jours. Martin St-Louis a confirmé mardi soir que Montembeault ne passerait pas deux semaines avec le club-école. Il sera de retour avec le grand club dans quelques jours, à Pittsburgh.
Des gardiens qui perdent leurs repères, il y en a eu avant lui, et il y en aura assurément après. Pensez à Steve Penney. À Jim Carey, lauréat du trophée Vézina, sorti de la LNH à 25 ans. Plus récemment, à Jeremy Swayman, passé de coqueluche à passoire humaine en quelques mois, avant de redevenir bon.
N’empêche. Le cas de Samuel Montembeault sort de l’ordinaire. J’ai rarement vu un club au cœur du classement général rétrograder son gardien numéro un aussi tôt dans la saison. Surtout lorsque le plan B repose sur deux recrues.
Or, il n’existe pas de plan miracle en huit étapes faciles pour redresser un gardien. Chaque situation est unique. Le problème peut être technique, physique, mental, personnel – ou un mélange de tout ça.
Au fait, que sait-on vraiment de la situation de Montembeault ?
Il a récemment été happé par un virus, qui l’a forcé à rater un match. Depuis, il a été substitut trois fois, ce qui indique qu’il était suffisamment rétabli pour être envoyé dans la mêlée. Dans le vestiaire, mardi soir, ses coéquipiers évoquaient plutôt une confiance à rebâtir.
« C’est un vrai pro, a commenté Alexandre Carrier. Il va aller jouer là-bas, chercher sa confiance et revenir au sommet de sa forme. »
« C’est dur mentalement, a ajouté Nick Suzuki. Il a encore toutes ses capacités. Il doit retrouver sa confiance. J’espère que ça l’aidera et qu’il reviendra au niveau où il était. »
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Samuel Montembeault
Le Rocket jouera deux matchs cette semaine. Les deux sur la route, à Cleveland, loin du bruit, des micros et du brouhaha montréalais. « Je pense que c’est un scénario parfait, a expliqué Martin St-Louis. Il pourra jouer des matchs et commencer à se reconstruire. C’est malheureux, mais pour moi, les réponses sont partout. Je ne vois pas ça comme un problème. »
Peut-être que ce renvoi ne sera qu’une note de bas de page dans le feuilleton de la saison. Peut-être que Montembeault retrouvera rapidement sa superbe. Mais cette léthargie pourrait aussi laisser des traces. Le Canadien joue désormais pour gagner. Si Jacob Fowler et Jakub Dobeš répondent aux attentes, Montembeault devra lutter pour retrouver son statut.
Soyons honnêtes : le Canadien n’avait pas deux cents options. Quelle était l’alternative ? Continuer d’alimenter toute la semaine une controverse sur un ménage à trois devant le filet ? Laisser Montembeault se morfondre sur la galerie de presse ? Il y a des limites à ce qu’un joueur peut apprendre en regardant un match des hauteurs du Centre Bell, sans pouvoir répondre sur la glace.
Entre deux maux, le Canadien et Montembeault ont choisi le moins risqué.
Avec la collaboration de Simon-Olivier Lorange, La Presse




