Dermatose en France | Le gouvernement veut accélérer sur la vaccination, poursuite des blocages

(Toulouse) Le gouvernement français a promis mardi une accélération de la vaccination dans le Sud-Ouest du pays contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), avec 750 000 bovins supplémentaires ciblés et le recours à des vétérinaires militaires, alors que la colère des agriculteurs, qui continuent bloquer des axes routiers et ferroviaires, ne faiblit pas.
Publié le
16 décembre
« Dans les semaines qui viennent, il faut que l’intégralité (de ce) cheptel soit vacciné et nous nous y employons » pour juguler la propagation de la maladie, a annoncé mardi soir la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, à la sortie d’une réunion.
Cet objectif vient affiner la fourchette de 600 000 à 1 million d’animaux supplémentaires devant être vaccinés, jusqu’ici évoquée par le ministère.
PHOTO MATTHIEU RONDEL, AGENCE FRANCE-PRESSE
Un barrage mis en place par des agriculteurs sur l’autoroute A61 en direction de Toulouse, près de Villefranche-de-Lauragais, dans le sud-ouest de la France, le 16 décembre 2025.
Plus tôt, le premier ministre français, Sébastien Lecornu, avait déjà promis « d’accélérer » la vaccination, pour rassurer les éleveurs très mobilisés dans le Sud-Ouest du pays contre la gestion de cette crise par le gouvernement.
« Mais pour ça, il faut absolument qu’on ait les doses de vaccins disponibles et qu’on arrête de courir après les doses comme on est en train de le vivre en ce moment », prévient Yohann Barbe, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL).
Défi logistique
Car cette campagne vaccinale représente un défi logistique majeur, les doses devant être acheminées vers dix départements du Sud-Ouest situés à l’intérieur d’un « cordon sanitaire ». Un stock de 500 000 vaccins, fourni par le ministère de l’Agriculture, est déjà en cours d’acheminement vers le Sud-Ouest, et « une première livraison de 400 000 doses », issues d’une commande réalisée la semaine dernière auprès des Pays-Bas, sera acheminée prochainement, a détaillé Annie Genevard.
En plus des vétérinaires des services de l’État, le gouvernement mobilisera pour les injections des vétérinaires volontaires (libéraux, retraités ou en activité), des vétérinaires militaires (parmi les 70 en service) et des élèves vétérinaires.
Au total, 113 foyers de DNC ont été recensés en France, depuis l’apparition de la maladie en juin en Savoie (est). Mais à ce jour, « il n’y a plus de foyers infectieux », a assuré la ministre.
Plus de 3300 bêtes ont été abattues sur un cheptel de quelque 16 millions de bovins.
Le gouvernement ne « répond à aucune de nos deux revendications principales », l’ouverture vaccinale sur toute la France et la fin de l’abattage total dès la détection d’un cas, a réagi sur la chaîne d’information BFMTV Thomas Gibert, porte-parole du syndicat agricole Confédération paysanne.
Le syndicat a ensuite appelé dans un communiqué « à amplifier et durcir les mobilisations ainsi qu’à continuer les blocages ».
Mardi, au septième jour consécutif de mobilisation, plusieurs axes routiers et ferroviaires étaient bloqués par des agriculteurs dans le Sud-Ouest à l’appel des syndicats Coordination rurale, radicale et parfois ouvertement proche de l’extrême droite, et Confédération paysanne, classée à gauche.
En fin d’après-midi, 75 actions étaient recensées par le ministère de l’Intérieur, mobilisant 3400 personnes.
« Mercosur »
Après avoir entravé le trafic ferroviaire entre Toulouse et Narbonne toute la journée de mardi, des éleveurs ont investi l’autoroute A61, stoppant le trafic dans le sens Carcassonne-Toulouse.
Au niveau de Cestas, au sud de Bordeaux, l’A63 est bloquée dans les deux sens, perturbant notamment le trafic des poids lourds en provenance d’Espagne.
D’autres actions sont d’ores et déjà prévues, comme mercredi à Limoges (centre), où la Coordination rurale appelle les paysans à monter un mur de foin et de paille devant la préfecture.
Sébastien Lecornu recevra vendredi les différents syndicats agricoles, également indignés par la perspective d’une signature du traité de libre-échange entre l’Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur.
La FNSEA, premier syndicat agricole, a appelé à manifester à Bruxelles jeudi à l’occasion du sommet des chefs d’État européens invités à valider l’accord.
Marine Le Pen, patronne du parti d’extrême droite Rassemblement national, a appelé le président Emmanuel Macron à « dire non » à ce traité plutôt que de demander un report du vote prévu à Bruxelles cette semaine comme l’a fait le gouvernement français.
En déplacement lundi soir à Berlin pour des échanges sur l’Ukraine, M. Macron a redit aux dirigeants de l’UE son opposition à la signature de l’accord.




