Et vous, alors, comment ça va? — Première partie

« Comment ça va ? » Ces trois mots servent souvent d’introduction pour prendre des nouvelles de quelqu’un. Cet automne, Le Devoir s’inspire de cette expression pour tâter le pouls de notre monde. D’ailleurs, nous vous avions demandé, amis lecteurs, comment vous alliez et ce qui allait bien autour de vous. Première partie de vos réponses.
Tellement bien
Je vais tellement bien dans ce monde chaotique. Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Je suis en santé, je n’ai pas vu de médecin depuis 10 ans ! Je bouge : rando, vélo, puis raquettes ou crampons en hiver. Je mange à ma faim, et de la nourriture la plus locale possible et de bonne qualité. J’ai un bon réseau social de vraies personnes. Je ne m’attarde pas sur les mauvaises nouvelles sur lesquelles je n’ai pas de pouvoir. Retraitée, je fais du bénévolat auprès d’organismes qui répondent à mes valeurs. J’ai de beaux liens avec ma famille. Ma vie est simple et heureuse. Je vais tellement bien. Louise Normand
Quelle chance !
Ça va bien, j’ai 93 ans et je suis en santé. J’ai la chance de pouvoir me payer une bonne résidence et d’être autonome. Le personnel est excellent ! Parfois, je trouve ça triste parce qu’il y a beaucoup de gens malades. Je fais du yoga une fois par semaine et des exercices sur chaise. Je marche environ quatre kilomètres presque tous les jours. Je vois quelqu’un de ma famille au moins une fois par semaine. Quelle chance ! Rita Desrochers
Bon et fragile
Ça va… Enfin, on se rabat sur ce qu’on peut pour garder le moral. Ce qui est directement autour de nous : par exemple, les enfants, les petits-enfants. Ils nous rappellent que la vie ne se résume pas à une lutte à n’en plus finir pour sauver notre planète ou à se sentir constamment frustré par Trump. La vie peut aussi être à ses débuts, à la découverte de ce monde, de ce qui est beau, bon et fragile aussi, à l’amour qui est possible entre nous, à ces petits gestes qui nous restent en mémoire, un câlin, un mot doux, un rire. Un chant d’oiseau. Un vol d’oies blanches. Ce qui nous tient en vie se résume à ces mots doux, ces images, ces moments qui nous donnent la force de poursuivre, de nous dire que tout est encore possible. On peut rêver à nouveau. Claire Rousseau
Un écran, ça reste froid
J’ai 83 ans, je vis seule et je ne me débrouille pas si mal avec une retraite « pas dorée », loin de là. Une retraite qui ne me permet pas « d’essayer plein de choses » qui seraient bonnes pour ma santé. J’ai choisi de privilégier une bonne alimentation (et ça coûte cher, très cher) et la marche quotidienne (qui ne coûte pas cher, une fois payés les bons souliers de marche !). Ce qui est pénible pour moi ? C’est de dépendre des écrans pour maintenir le lien avec mes petits-enfants, tous dans la trentaine maintenant, à 500 km de chez moi et très occupés. Oui, c’est bon, un texto ! Je ne saurais le nier. Mais jamais un message sur écran ne remplacera la chaleur d’une voix au téléphone. Un écran, ça reste froid. Pas une voix humaine. On « sent » les émotions dans une voix. Un écran, c’est mieux que rien quand on reste loin. Mais un rire partagé au téléphone, c’est tellement plus humain. La chaleur passe dans une voix ; à l’écran, il faut l’imaginer. Y a pas que les enfants qui souffrent de l’envahissement des écrans. Les aînés aussi. On oublie trop qu’être humain, ça ne se vit pas avec un cell au creux de la main ou un écran sous les yeux. Denise Thériault
Joie de semi-retraité
Je vis les plus beaux moments d’une expérience de 61 ans. Je suis en semi-retraite, j’étudie à l’université en préparation de ma vraie retraite et je suis en couple avec la femme de mes rêves. Que demander de mieux ?! Pour couronner le tout, la santé générale est super bonne. J’aimerais tellement que le monde entier puisse vivre dans de telles conditions. Le moral est très bon malgré les difficultés que nous apportent les fous qui nous dirigent, ainsi que les défis que la société nous amène. Yvan Fecteau
Bon courage
Plutôt mal… Un été vraiment trop sec : le surchauffage du climat n’a pas fini de nous poser problème. Puis toutes les autres pollutions (chimiques surtout) attirent moins l’attention. Les deux ensemble colorent les lacs d’algues toxiques. Les systèmes scolaires, routiers et de santé se dégradent de jour en jour, malgré quelques bonnes interventions insuffisantes, ici et là. On parlotte beaucoup sur les itinérants, moins sur les mal-logés. On ne voit que peu de solutions, alors que le coût du logement devient indécent. Partout, l’extrême droite a le vent dans les voiles et crie ses bêtises. Les complotistes cherchent des complots à dénoncer, en trouvant parfois, sinon ils dénoncent les écolos. Le confort et l’indifférence restent les phares de la majorité. Bon courage. Alain Robert
Tumulte et douceur
Malgré tous les tumultes qui entourent les élections municipales, provinciales, les tensions fédérales, nos relations économiques, politiques et sociales complexes avec les États-Unis, les traités de paix dans le monde qui, semble-t-il, ne perdurent pas, la météo qui s’obstine à faire souffrir notre planète, l’indifférence sociale devant les personnes vulnérables et démunies, de même que devant la situation environnementale… Malgré tous ces aléas, ma famille va très bien. Mon conjoint et moi sommes heureux. Les grands et les petits, qui composent notre grande famille, nous comblent de rires, d’amour, de bonheur perpétuel. Nos amis sont présents. Nos activités nous permettent d’apprendre encore et de nous garder en forme, tant physique que mentale, nonobstant notre âge. La vie nous est douce, généreuse, et nous réserve bienveillance, joie et calme serein. Suzanne Beaulieu
En paix
Ça va comme je le souhaite, donc, ça va plutôt bien, mais cela demande un certain effort et de la volonté. Je me suis éloigné du brouhaha et de l’agitation urbaine et suburbaine. Je me suis rapproché de moi. Je vis désormais en région dans le calme et la quiétude, la réflexion, la solitude, la paix. J’entretiens ma curiosité en lisant beaucoup et en innovant. Mon intérêt se porte sur des solutions écologiques, l’économie circulaire. Je m’intéresse aussi à la cueillette sauvage, à la cuisine, la santé. Il y a 20 ans, j’ai vendu au rabais ma télé toute neuve à un ami, et du même coup, je me suis libéré. Tous les jours, je lis les grands quotidiens sans m’immerger complètement dans les nouvelles qui sont dures à digérer, pour me protéger du négativisme. Donc, je reste très critique et je fais beaucoup de recoupements pour relativiser le tout. Ainsi, j’aère ma pensée. J’ai ma bibliothèque, mes ordinateurs, mon entreprise et je reste bien au fait de l’actualité. Je fais tous les vendredis « Le défi de l’info » du Devoir, et je m’en tire assez bien. La vie, je la déguste à la petite cuillère. J’arrête le temps. Finalement, ça va très bien, merci ! Claude Turgeon
Libre de penser
Ça va très bien, car j’ai la chance de vivre au Québec. Je suis libre de penser et dire ce que je veux, je suis une femme en sécurité, je suis en santé et je suis instruite. Alors oui, ça va très bien. Michèle Beaudoin



