Deux grèves annoncées | En pleine négociation, la STM annonce l’abolition de 300 postes

En pleine négociation avec ses syndicats, la Société de transport de Montréal (STM) hausse le ton et annonce qu’elle éliminera 300 postes. Elle prévoit aussi de réduire ses dépenses de 56,5 millions, afin de pouvoir équilibrer son budget en 2026.
Publié à 12 h 23
Mis à jour à 14 h 36
« On doit s’assurer d’encore mieux gérer les fonds publics. Il y a urgence d’agir », a fait valoir jeudi la directrice générale de la société de transport, Marie-Claude Léonard, en conférence de presse.
Ces 300 postes coupés ne veulent pas nécessairement dire que 300 personnes perdront leur emploi. Le plus souvent, il s’agira de « relocalisation », par exemple un chauffeur qui serait transféré dans un centre de transport, a indiqué Mme Léonard. Plusieurs des postes visés sont d’ailleurs déjà vacants.
La mesure permettra de dégager des dizaines de millions. Dans l’immédiat, la DG de la STM estime devoir réduire ses dépenses de 56,5 millions pour présenter un budget équilibré l’an prochain sans toucher aux services.
À plus long terme, la société de transport avait déjà annoncé des compressions de 100 millions sur cinq ans. Elle prévoit maintenant couper ce montant au cours des trois prochaines années.
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
La directrice générale de la société de transport, Marie-Claude Léonard
Cela suggère que 40 millions de plus devront être dégagés d’ici 2028. « On regarde différentes pistes », s’est limitée à dire Mme Léonard, lorsque questionnée sur les solutions qu’elle choisira pour économiser des fonds.
Les salaires représentent 70 % des dépenses, mais certains entretiens pourraient être faits moins fréquemment « en ne compromettant pas la sécurité des usagers », a évoqué la gestionnaire. « Réduire les dépenses, c’est notre nouveau mode de fonctionnement. On doit se mettre dans une culture de performance », a-t-elle ajouté.
« Sur le dos des travailleurs »
La réaction des syndicats n’a pas tardé, jeudi. « Plutôt que de nous tendre la main, la STM en rajoute une couche en annonçant une abolition de 300 postes. On comprend que la situation financière est difficile en raison du sous-financement gouvernemental, mais c’est toujours sur le dos des travailleurs que les coupes budgétaires tombent », a martelé le président du syndicat des employés d’entretien, Bruno Jeannotte.
« Pendant que la directrice générale faisait un point de presse, j’étais à la table de négociation. S’il y a une partie qui met toutes les énergies pour trouver une entente, c’est bien nous. […] On ne peut pas négocier tout seul », a persisté M. Jeannotte.
Chez les chauffeurs, le président du syndicat Frédéric Therrien a secondé. « Ce n’est la première fois que la STM nous fait un coup semblable. La privatisation du transport adapté, ils l’avaient aussi annoncé au début de nos négociations. C’est une tactique et c’est navrant, mais on va continuer à négocier », a-t-il assuré.
Tout cela survient alors que les deux syndicats menacent actuellement de faire la grève en raison d’impasse dans les négociations. Les litiges portent sur les salaires, mais aussi sur la sous-traitance, les conditions de travail et les garanties d’emploi.
Les employés d’entretien, d’abord, comptent perturber les services pendant tout le mois de novembre, pour un nombre de jours encore indéterminé. Quant aux chauffeurs, des journées de grève sont annoncées les 1er, 15 et 16 novembre. Dans les deux cas, le Tribunal administratif du travail (TAT) devra d’abord trancher dans les prochains jours sur le niveau de services essentiels à maintenir.
Pour les chauffeurs, il s’agirait d’une première grève depuis 1987. Ces derniers jours, le syndicat qui représente les 800 professionnels de la STM a également dit envisager de se doter d’un mandat de grève. Ce syndicat n’a jamais fait la grève.
À Québec, le ministre du Travail, Jean Boulet, a mis en place le 7 octobre dernier une équipe de quatre conciliateurs-médiateurs pour tenter de régler le conflit entre la STM et les employés d’entretien. Dans le cas des chauffeurs, la STM demande aussi la nomination d’un médiateur pour accélérer les discussions.




