Cette médecin Québécoise ne regrette pas de s’être exilée dans l’Ouest canadien

Une radio-oncologue du Québec qui s’est exilée dans l’Ouest canadien en 2023 pour améliorer sa qualité de vie personnelle et professionnelle estime que ses conditions de travail actuelles ne sont en rien comparables à ce qu’elle a vécu ici.
Dre Talar Derashodian a d’abord fait le grand saut vers la Colombie-Britannique, pour ensuite poursuivre sa carrière à Edmonton, en Alberta. Déjà, en 2023, les relations entre le gouvernement n’étaient pas optimales. Elle recherchait une qualité de vie et souhaitait fuir «la pression mentale, l’absence de reconnaissance et le manque de respect», qu’elle disait subir au Québec.
«Au Québec, je travaillais 14h par jour et mon conjoint travaillait à deux heures de route. Les enfants passaient leur semaine chez mes parents et j’allais les chercher la fin de semaine. Ce n’était pas vivable, ce n’était pas une vie de famille», lance-t-elle.
Ses journées commençaient à 6h30 et pouvaient s’étirer jusqu’à 20h30.
«Si j’avais le malheur de me plaindre, je me faisais dire que je faisais un bon salaire et qu’il fallait me taire et que je subisse», poursuit-elle.
En Alberta, elle se sent traitée comme un être humain, et non pas comme un salaire.
«On a le droit de dire qu’on a une famille, que mon enfant est malade et que je dois rester à la maison. Au Québec, c’est impossible. On allait travailler alors qu’on avait une gastro», fait valoir Dre Derashodian.
Des demandes déraisonnables
Elle suit de près les présentes négociations entre les médecins et le gouvernement. À son avis, les demandes de la CAQ sont complètement déraisonnables.
«Ça ne fait pas de sens, indique-t-elle. Au Québec, on est payé proportionnellement au travail fourni. Ce n’est pas logique d’amputer une paye de 15 %, parce qu’on n’atteint pas des cibles, alors que c’est directement lié à la productivité».
En Alberta, les médecins sont salariés ou incorporés.
«Dans les deux cas, on a un débit minimal à fournir, mais ce n’est pas le débit qui dit le montant qu’on va recevoir», précise-t-elle.
Elle estime également qu’en Alberta, les ressources et les systèmes informatiques permettent aux médecins de se concentrer sur son patient. Au Québec, elle devait multiplier les appels et les démarches pour avoir les rapports d’examen et les résultats de laboratoire de ses patients qui pouvaient prendre jusqu’à un mois avant d’être disponibles.
«Ici, j’ai le rapport le lendemain de l’examen, poursuit Dre Derashodian. Avec 500 patients à suivre, je ne peux pas commencer à toujours aller voir si les résultats sont arrivés».
Elle souligne que le support administratif et infirmier n’est également pas comparable en Alberta et en Colombie-Britannique. Même son de cloche pour les systèmes informatiques qui sont beaucoup plus avancés.
«En Colombie-Britannique, je voyais autant de patients qu’au Québec, mais je n’étais pas épuisée comme je l’étais au Québec, car on a le soutien administratif et les ressources dont on a besoin. Au Québec, la première chose qu’ils coupent, c’est le soutien administratif et les infirmières», termine-t-elle.




