Réforme de la santé de Dubé: les femmes médecins écoperont davantage

Des femmes médecins craignent que la réforme de la santé passée sous bâillon les empêche de marier leur famille et leur carrière, les faisant ainsi écoper davantage que leurs collègues masculins.
« Comme mère monoparentale, je ne peux pas travailler plus fort que ça, et j’ai le droit d’être maman en plus d’être médecin», tranche la Dre Julia Bernard, une urgentologue monoparentale de 37 ans qui réside à Rosemère, mais qui travaille à Montréal.
La semaine dernière, elle dit avoir compilé quatre quarts de travail d’au moins 10h, sans pause, de soirs et de nuits.
« Le père de mes deux enfants est absent », insiste celle qui craint que son salaire soit affecté en raison des cibles de performance imposées par le gouvernement.
Les femmes vont écoper
À l’instar de Kim Lévesque, une médecin de famille de Sainte-Julie, elle déplore que ce soient les femmes qui vont écoper davantage de la réforme adoptée sous bâillon dans la nuit de vendredi à samedi.
Kim Lévesque, une médecin de famille et maman de Sainte-Julie qui craint que les femmes écoperont davantage que leur collègues masculins de la réforme de la santé. Photo fournie par Kim Lévesque 25 octobre 2025
Kim Lévesque
« La réalité des femmes médecins, c’est qu’elles rapportent le gros salaire de leur famille et la charge mentale des tâches », insiste la Dre Lévesque, en entrevue avec Le Journal avec son bébé de 5 mois dans les bras.
La femme de 37 ans, en congé de maternité, anticipe de devoir choisir entre négliger ses enfants ou ses patients à son retour au travail.
« Plusieurs femmes médecins m’écrivent, elles sont très inquiètes », insiste Ruba Ghazal, co-porte-parole de Québec solidaire.
Ruba Ghazal
Photo d’archives, Stevens LeBlanc
Elle admet que les médecins sont privilégiés par leur salaire, mais martèle que l’inégalité entre les sexes demeure « l’angle mort » de la réforme Dubé, qui miserait « sur la quantité de soins plutôt que leur qualité ».
Qui donne les meilleurs soins?
Car les femmes, qui représentaient 70% des médecins il y a un an, passent 10% plus de temps avec leurs patients que leurs collègues masculins, mais… offrent de meilleurs soins que les hommes, selon une étude de l’Université Laval.
Alors que 15% de la rémunération des médecins sera liée à l’atteinte d’objectifs de performance fixés par le gouvernement, le cabinet du ministre de la Santé Christian Dubé se défend en assurant que son projet de loi « ne vient pas alourdir » la réalité des femmes médecins et vise plutôt à « mieux organiser le travail en équipe, réduire l’isolement et offrir davantage de prévisibilité ».
Le ministre de la Santé, Christian Dubé
Photo d’archives, Stevens LeBlanc
Mais les Dre Lévesque et Bernard déplorent le manque de souplesse dans les exigences du gouvernement, qui compliquerait leur travail.
Besoin de ressources
Pour être plus efficace, la Dre Julia Bernard aimerait avoir davantage de ressources humaines, comme des infirmières, des techniciens, ainsi que plus de ressources matérielles, « comme des machines qui fonctionnent » par exemple.
Bien qu’elle assure être « fière d’être médecin », elle entend carrément quitter la profession. Et les pénalités que menace d’imposer le gouvernement?
« Je vais me trouver un avocat et prouver que ce n’est pas constitutionnel. Ils sont où mes droits et libertés? », menace celle qui va jusqu’à demander l’intervention du gouvernement fédéral.
Le Parti libéral et le Parti québécois n’ont pas répondu à nos demandes.




