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Pascale Montpetit révèle avoir été victime d’inceste dans son premier roman coup de poing, «Le bézoard»: «C’est le plus grand des tabous»

Victime d’inceste dans la petite enfance, Pascale Montpetit s’ouvre pour la première fois sur un pan très sombre de sa vie dans son premier roman coup de poing, Le bézoard. «Je l’ai écrit d’un seul jet, comme pour m’en débarrasser», explique l’actrice, qui se décrit habituellement comme une personne farouche et privée.


Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Pascale Montpetit est dotée d’un grand sens de l’humour et de l’autodérision, ce qui lui a permis d’aborder des sujets aussi durs que l’inceste et la boulimie d’une manière non conventionnelle dans son premier roman, Le bézoard.

«J’essayais d’injecter de la fantaisie dans cette histoire dont je n’ai jamais parlé, ni en entrevue ni à plusieurs de mes proches», confirme la comédienne de 65 ans, née à Montréal.

«Je me suis demandé: comment je pourrais parler de cela? Heureusement, j’ai beaucoup de recul par rapport à tout cela. Je n’aurais jamais écrit ce livre avec une plaie ouverte. En fait, c’est un peu comme si c’était arrivé à quelqu’un d’autre», poursuit-elle.

Ce «cela» est une partie de sa vie qu’elle a gardée sous silence, car elle fut marquée par des événements difficiles: la folie, le suicide et l’inceste que lui a fait subir son père dans sa petite enfance, sa boulimie, son viol et son cancer de la glande thyroïde ainsi que ses nombreuses années à tenter de se reconstruire à travers mille et un modèles de thérapies.

Cet exercice d’écriture, dit-elle, ne l’a ni blessée ni apaisée. «Cela m’a plutôt amusée de me dire que je pouvais avoir de la distance et jouer avec les mots. Je voulais y mettre de ma tournure d’esprit», explique la comédienne.

Une chose est sûre, Pascale Montpetit refuse catégoriquement d’être vue comme une victime.

«J’ai eu une vie extraordinaire. Ce n’est qu’une microscopique partie de ma vie, racontée strictement de mon point de vue», poursuit l’autrice, qui dit avoir assez de recul pour se raconter et, surtout, ne plus avoir honte.


Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

L’ultime tabou

Déjà, le titre de l’œuvre de Pascale Montpetit a de quoi intriguer. «Les bézoards sont des accumulations très denses de matières non digérées pouvant se coincer dans l’estomac ou l’intestin», écrit-elle en début de roman. 

«Mon point de départ a été la gorge, le lieu du crime (*vous comprendrez en lisant le livre), le motton d’affaires de cette période de ma vie qui est resté pogné en dedans. Le théâtre qui passe aussi par la gorge et la voix. Je me suis guérie par le théâtre», confie l’enseignante à l’École nationale de théâtre du Canada.

La comédienne souhaitait faire émerger poésie et lumière malgré la lourdeur des souvenirs racontés.

Le plus beau cadeau venu avec cet acte que l’on peut certes qualifier de courageux? Le rapprochement inattendu entre Pascale Montpetit et sa mère, toujours vivante, qui à l’époque n’avait rien su.

«Il fallait que ça passe par là, par les mots. Ce sont des expériences qui sont vécues dans la plus grande solitude. Ce sont des choses taboues. L’inceste est le plus grand des tabous», souffle l’actrice.

– Le roman Le bézoard, de Pascale Montpetit, est en librairie depuis le 28 octobre.

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