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Fonction publique | Ottawa envisage la fin du télétravail

(Ottawa) Le gouvernement fédéral jongle avec l’idée de rapatrier ses fonctionnaires au bureau cinq jours par semaine d’ici un an, et dès janvier prochain pour les cadres.


Publié à
5 h 00

Selon un document interne du Secrétariat du Conseil du Trésor que La Presse a pu consulter, le gouvernement envisage d’obliger ses fonctionnaires de se présenter au bureau d’ici le 1er janvier 2027.

Selon ce scénario, tous les dirigeants de la fonction publique seraient de retour au bureau cinq jours semaine dès le 1er janvier prochain. Les travailleurs de l’État, eux, devraient l’être quatre jours par semaine en juillet, puis cinq jours le 1er janvier 2027.

Présentement, la politique de travail hybride du gouvernement fédéral exige que les fonctionnaires passent de trois à quatre jours par semaine au bureau. Dans les dernières années, Ottawa avait pourtant indiqué que « le travail hybride est là pour rester ».

« Rien n’a changé. Rien n’a changé », a répété le président du Conseil du Trésor, Shafqat Ali, quand il a été interrogé par La Presse en marge d’un comité parlementaire. M. Ali n’a pas dit quand des changements étaient à prévoir.

En réflexion

Un haut fonctionnaire nous a confié que le gouvernement « regarde toujours ce qui se fait » sur le marché du travail pour adapter sa politique.

Le gouvernement évalue depuis des mois ses options dans ce dossier et n’exclut pas d’annoncer un changement d’ici la fin de l’année.

Lorsqu’il a annoncé qu’il passait de deux à trois jours obligatoires au bureau, il y a deux ans, le gouvernement fédéral s’était notamment inspiré d’entreprises américaines comme Disney, General Motors et Nike.

Le Secrétariat du Conseil du Trésor n’a ni confirmé ni infirmé les informations obtenues par La Presse et n’a pas répondu à nos questions, répétant que la politique actuelle est toujours en vigueur.

Selon plusieurs sources, le gouvernement de Mark Carney veut rapatrier les travailleurs de l’État à temps plein rapidement. On évoque en coulisse une meilleure collaboration entre les employés de l’État et une amélioration de la productivité pour justifier ce possible geste.

Dans une lettre écrite aux fonctionnaires de l’État à son arrivée en poste l’été dernier, le greffier du Conseil privé, Michael Sabia, affirmait que « dans cette période d’incertitude, où les modes de fonctionnement habituels ne fonctionnent plus, les débats rigoureux sont la meilleure voie vers les meilleures décisions ».

Un changement redouté

Dans la fonction publique, de nombreux fonctionnaires redoutent un changement au mode de travail. Des sources affirment que les conversations à ce sujet font grimper l’anxiété chez des fonctionnaires et qu’il y a même de la « paranoïa » dans certains cas.

En entrevue, la présidente du plus grand syndicat de fonctionnaires fédéraux soutient qu’il « y a beaucoup d’anxiété en ce moment ».

« Je suis très préoccupée par la santé mentale de nos membres. Malgré tout, ils continuent à se présenter au travail et à fournir des services publics de qualité, mais l’impact est indéniable », explique Sharon DeSousa, qui préside l’Alliance de la fonction publique du Canada.

Mme DeSousa a rencontré le ministre Ali en octobre et dit être en communication constante avec son équipe à ce sujet.

« Ils connaissent très bien notre position », dit-elle.

Cette position est catégorique : le télétravail doit être la norme et il doit être assoupli. Les syndicats de fonctionnaires martèlent depuis des années que le gouvernement générerait des économies importantes en élargissant ce mode de travail. Il pourrait par exemple vendre des édifices qui sont presque vides et éviter de financer des rénovations qui seront nécessaires dans les prochaines années. Qui plus est, ils soutiennent que l’impact environnemental de garder les fonctionnaires à domicile est sans équivoque.

En particulier dans la région de la capitale fédérale. Après tout, la majorité des fonctionnaires fédéraux travaillent dans la région d’Ottawa et de Gatineau.

Selon Statistique Canada, de mai 2024 à mai 2025, la proportion de travailleurs qui étaient des navetteurs a augmenté de 9,5 points de pourcentage pour atteindre 76,0 % dans cette région.

Cela représente la plus forte augmentation parmi les 15 plus grandes régions métropolitaines au pays.

De mai 2021 à mai 2024, soutient l’agence fédérale, la proportion de travailleurs qui étaient des navetteurs à Ottawa-Gatineau était bien inférieure aux taux observés dans les autres centres urbains. Or, en mai 2025, elle était comparable à la proportion enregistrée à Toronto, Victoria et Vancouver.

L’Ontario et Ottawa reviennent au présentiel

Le gouvernement fédéral ne serait pas le premier gouvernement à réimposer un mode de travail traditionnel et prépandémique.

Le gouvernement de l’Ontario, par exemple, a annoncé en août le retour de ses fonctionnaires au bureau à temps plein pour le 5 janvier 2026. La province avait elle aussi progressivement ramené ses travailleurs de trois à quatre jours, avant de passer à cinq jours prochainement.

« Le retour à une norme de cinq jours par semaine au bureau reflète la situation actuelle de la main-d’œuvre dans la province et renforce notre engagement à représenter les citoyens et les entreprises que nous servons partout en Ontario », affirmait alors la présidente du Conseil du Trésor de l’Ontario, Caroline Mulroney.

Quelques semaines plus tard, la Ville d’Ottawa annonçait elle aussi que le travail au bureau cinq jours par semaine redeviendrait la norme à compter de janvier 2026.

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