«Certains pompiers feront des cauchemars»: des sapeurs sous le choc après l’explosion d’un dôme à Port Saguenay

L’explosion survenue mardi dans un dôme d’entreposage de granules de bois à Port Saguenay continue de secouer les équipes d’urgence. Sur place au moment de la déflagration, sept pompiers de Saguenay ont été frappés par une pluie de blocs de béton, dans ce que le Service de sécurité incendie décrit comme un événement marquant.

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Selon le directeur du Service, Éric Morin, rien ne laissait présager une explosion de cette ampleur.

«Hier (lundi), les signes qu’on avait étaient tous au vert, c’est pour cela qu’aujourd’hui on se questionne encore. Du moment où il y a eu explosion… alors que tous les voyants étaient au vert, c’est certain qu’il y a eu incompréhension», dit-il.

Soutien psychologique immédiat

Dès leur retour à la caserne, les sept pompiers ont été pris en charge par une équipe spécialisée du Programme d’aide aux employés.

«Les sept pompiers ont été immédiatement rencontrés à leur retour à la caserne… Deux ressources étaient sur place. Ça s’est bien passé», affirme Éric Morin.

Les évaluations ont permis à l’ensemble des sapeurs de reprendre le travail dès le lendemain matin.

Capture d’écran / LCN

Le Service de sécurité incendie a amorcé une analyse minutieuse de l’intervention.

«Aujourd’hui, on est en mode recul, on va aller chercher l’expertise et y aller de façon méticuleuse pour éviter un autre incident», mentionne-t-il.

«On n’est jamais préparé à ces choses-là»

Pour l’ancien pompier Mario Gagnon, qui a connu des interventions explosives ou imprévisibles au cours de sa carrière, ce que les pompiers ont vécu mardi laissera des traces.

«C’est spécial quand tu arrives sur un lieu, on n’est jamais préparé à ces choses-là. Même nous, comme intervenants, comment on intervient sur ces bâtiments-là, les silos? Il faut l’apprendre aussi… tu ne peux pas prévoir tout ce qui peut arriver», explique-t-il.

Il rappelle que les dômes et les silos présentent des risques particuliers.

«On travaille beaucoup aujourd’hui avec des produits volatiles. Dans leurs recettes de bois ou de silo, des fois ça dégage du gaz. Une étincelle et voilà ce qui est arrivé hier. C’est un mélange idéal pour une déflagration», décrit-il.

Des cauchemars et des flashbacks

Mario Gagnon affirme que les chocs psychologiques liés à ce type d’événement peuvent se manifester longtemps après l’intervention.

«Certains pompiers en feront encore des cauchemars, comme nous, à l’époque. Mais nous, on n’avait pas d’aide avant. Aujourd’hui, les pompiers ont beaucoup plus d’aide physique, mentale. L’employeur met à disposition de l’aide, et il y a beaucoup de rétroaction après les interventions», explique-t-il.

Il témoigne aussi de l’impact durable que ces scènes peuvent laisser chez un sapeur.

«Quand tu fais ton travail, tu es concentré, tu fais le vide. Moi, j’aurais donné ma vie pour sauver quelqu’un. Mais après, tu te dis : “ouf… OK”. J’en ai encore des flashbacks après 30 ans. Toutes les scènes d’intervention sur lesquelles j’ai travaillé, je m’en souviens encore», raconte-t-il.

Une profession qui évolue, mais où le risque demeure

L’ancien pompier souligne également que, malgré l’expérience et la formation, la réalité du terrain reste imprévisible.

«Si on recule d’il y a 30 ans, on était fonceurs, on ne pensait pas à cela. Aujourd’hui, il y a des procédures qu’il faut établir pour qu’il n’y ait pas de blessé ou qu’on perde des vies. On sécurise, on fournit de bons équipements… mais on ne peut pas tout prévoir», affirme-t-il.

Il exprime aussi toute son empathie pour les pompiers qui ont dû faire face à l’explosion.

«Les pompiers qui sont intervenus à Port Saguenay ont sûrement vécu des choses que je n’ai pas vues, mais j’ai de l’empathie pour eux. Je peux les comprendre. Je suis certain que nos pompiers ont fait ce qu’ils pouvaient avec les moyens qu’ils avaient», conclut-il.