Loi 2 | Les médecins de famille mettent fin à la négociation avec Québec

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) annonce la fin des négociations avec le gouvernement Legault, une semaine après les avoir reprises. Québec rétorque qu’une négociation se fait à deux, et assure avoir fait preuve de « beaucoup d’ouverture ».
Publié à
9 h 55
Mis à jour à
10 h 33
Selon la FMOQ, c’est le gouvernement Legault qui a mis fin aux négociations.
Dans une déclaration écrite, la fédération médicale soutient que Québec « refuse » d’amender la loi 2, qui change le mode de rémunération des médecins, leur fixe des cibles de performance et leur impose des sanctions en cas de désengagement.
« [Le gouvernement] n’aura donc que lui à blâmer pour les départs de médecins de famille vers d’autres provinces, vers des réorientations de pratique ou des retraites anticipées », écrit la FMOQ.
Interpellé par les médias alors qu’il se rendait au Salon rouge, le premier ministre François Legault a dit apprendre la fin des négociations « en même temps que vous ».
« C’est important, encore une fois, il y a des centaines de milliers de Québécois qui n’ont pas accès à un médecin de famille. Donc, il faut trouver des solutions ensemble », a-t-il brièvement commenté.
Le premier ministre venait d’ailleurs de s’impliquer personnellement dans le dossier – à la demande de la FMOQ – pour les convaincre de les ramener à la table. La fédération ne veut plus discuter avec le ministre de la Santé, Christian Dubé. Ce dernier refuse de voir l’intervention de M. Legault comme un désaveu.
La présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, qui pilote la négociation n’a pas caché sa déception jeudi : « Je vous dirais que c’est très décevant, très décevant. On était à la table pour trouver une solution. En ce moment, ce que les médecins ont besoin d’entendre, ce que les Québécois ont besoin d’entendre, c’est qu’on cherche une solution, une voie de passage », a-t-elle affirmé.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau
Mme Duranceau affirme qu’il y « avait beaucoup, beaucoup d’ouverture » de la part du gouvernement, contrairement à ce que soutient la FMOQ.
Quand il y a une négociation, il faut que les deux partis se rapprochent. Alors ce n’est pas juste d’un côté. Je suis arrivée en poste pour faire en sorte que les parties se rapprochent.
France-Élaine Duranceau, présidente du Conseil du trésor
Il y a un peu plus d’une semaine, le gouvernement et la FMOQ avaient affirmé ceci dans une déclaration commune : « Si une entente est conclue, le gouvernement accepterait des modifications à la loi 2 en sachant qu’une partie de la rémunération des médecins de famille demeure conditionnelle à la prise en charge d’un nombre accru de Québécois. »
En d’autres mots, le gouvernement Legault était prêt à modifier sa loi, mais maintenait le cap sur le changement du mode de rémunération des médecins de famille, pour faire plus de place à la capitation. Il ne semblait donc pas question de reculer sur le principe de lier une partie de la rémunération des médecins à l’atteinte d’indicateurs de performance.
Cette reprise des négociations faisait suite à une rencontre entre le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot, et François Legault le 25 novembre. Une « discussion constructive », écrivait le premier ministre sur X.
« Canaux de communication ouverts », selon les spécialistes
Les négociations n’ont toujours pas repris avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). « Les canaux de communications avec le gouvernement sont ouverts », indique la fédération médicale.
La FMSQ confirme qu’elle s’est entretenue hier soir par téléphone avec le bureau de la négociatrice en cheffe.
Menaces de départs de médecins
Depuis l’adoption sous bâillon de la loi 2, les annonces de fermeture de groupe de médecine familiale (GMF) et de départs de médecins vers la retraite ou une autre province se multiplient. Des médecins en CHSLD ont sonné l’alarme mercredi.
« Il faut éviter d’alerter et de faire peur à nos aînés en CHSLD, en maisons des aînés », a réagi la ministre déléguée à la Santé et responsable des aînés, Sonia Bélanger, lors d’une mêlée de presse à l’Assemblée nationale tenue avant l’annonce de la fin des négociations avec la FMOQ.
S’agit-il d’une campagne de peur ? « Ce n’est pas une campagne de peur, mais je pense qu’il faut faire attention, nos aînés sont vulnérables, ils sont inquiets et alors, il faut éviter de faire miroiter que tous les médecins vont quitter les CHSLD. On n’en est pas là », a-t-elle dit.
Sonia Bélanger a dit souhaiter que « les médecins restent ». « C’est important qu’ils [les aînés] aient des suivis médicaux. On a fait de grandes avancées au Québec avec nos médecins qui sont présents dans les CHSLD. On a ajouté des IPS. On a ajouté du personnel. »




