Crise au PLQ | L’UPAC enquête, Rodriguez appelé à partir

(Québec) Une autre tuile s’abat sur le Parti libéral du Québec (PLQ), et pas la moindre. L’Unité permanente anticorruption (UPAC) a décidé mercredi de déclencher une enquête criminelle sur la formation de Pablo Rodriguez. Le chef s’accroche, malgré des appels à la démission.
Publié à
11 h 58
Mis à jour à
13 h 48
Pablo Rodriguez dit n’avoir rien à se reprocher et avoir l’intention de collaborer pleinement à l’enquête policière. Mais dans les rangs libéraux, la grogne gagne en ampleur.
En entrevue à La Presse, l’ancien président et ministre du PLQ, Jean D’Amour, a soutenu que la situation est intenable. « L’UPAC, c’est une institution qui est crédible et qui ne décrète pas une enquête sans raison », a-t-il soutenu.
« Je réfléchis sérieusement au fait que Pablo Rodriguez doive céder sa place de chef. Si on tient compte du fait qu’il reste à peu près 10 mois avant les élections et qu’on a un programme à terminer et à présenter aux Québécois, des candidats à trouver, un moment donné, il faut qu’on soit crédible dans la démarche. Il ne faut pas prolonger cette agonie-là, il faut que les choses se règlent ».
Il invite d’ailleurs MM. Milliard et Blakcburn « à se parler, dépendamment de ce que Pablo Rodriguez décidera ».
Le porte-parole d’un groupe de militants qui voulait forcer la tenue d’un conseil général et soumettre M. Rodriguez à un vote de confiance, l’avocat Alexandre Tremblay-Michaud, est sorti de l’anonymat pour réclamer la démission du chef ou, à défaut, sa suspension par le parti le temps de l’enquête.
« J’encouragerais M. Rodriguez à mettre de l’avant ce qu’il prêche et de mettre l’intérêt du parti avant les siens et de démissionner. À défaut de cela, le parti devrait le suspendre le temps de l’enquête criminelle », a affirmé cet avocat, qui appuyait Karl Blackburn dans la course à la direction.
Or, le chef, élu en juin, entend rester en poste. « J’ai été dûment élu par les membres. Je n’ai rien à me reprocher. Il n’y a rien ici que vous pouvez dire que j’ai fait de quoi que ce soit de mal », a-t-il lancé.
PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE
Pablo Rodriguez devant les journalistes
Je veux assurer à la fois l’UPAC et l’ensemble des Québécois que le Parti libéral du Québec veut collaborer complètement, totalement. S’il y a quelqu’un qui veut que toute lumière soit faite, c’est bien moi.
Pablo Rodriguez, chef du Parti libéral du Québec
L’UPAC a soulevé une tempête à l’Assemblée nationale en confirmant à La Presse, en fin d’avant-midi mercredi, qu’il déclenche une enquête formelle sur le PLQ.
« Nous confirmons que nos validations sont terminées et que nous ouvrons officiellement une enquête », a signalé son porte-parole Mathieu Galarneau dans une déclaration écrite.
L’UPAC refuse d’émettre plus de commentaires « afin de protéger [ses] actions le plus possible et de respecter les droits des personnes impliquées ». « Une enquête criminelle doit demeurer confidentielle et nous souhaitons laisser nos enquêteurs faire leur travail », a ajouté M. Galarneau.
Le 26 novembre, le corps policier avait confirmé qu’il était « en validation d’informations concernant des allégations d’actes répréhensibles visant le Parti libéral du Québec ». Des enquêteurs avaient rencontré à son domicile la députée Marwah Rizqy, exclue du PLQ par Pablo Rodriguez en lien avec sa décision de congédier la directrice de cabinet Geneviève Hinse.
PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE
Marwah Rizqy
L’UPAC intervenait alors le jour même où La Presse révélait qu’une discussion entre Marwah Rizqy et le député libéral fédéral Fayçal El-Khoury, survenue le 14 novembre, retient l’attention du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), en raison d’un lien possible avec la campagne à la direction de Pablo Rodriguez, selon deux sources bien au fait du dossier. Cet échange serait l’élément déclencheur de la crise au PLQ.
Le Journal de Montréal publiait auparavant un échange de textos au printemps dernier « entre deux personnes qui travaillaient activement à l’élection de M. Rodriguez comme chef ». Les messages concernent le versement allégué d’une somme d’argent – un « brownie », en référence au billet brun de 100 $ – en échange d’un vote pour Pablo Rodriguez.




