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La marâtre «sera pendue le 7 octobre»

Des historiens revisitent dans un documentaire le sort cruel d’Aurore Gagnon, une enfant de 10 ans morte des suites de sévices perpétrés par sa belle-mère en 1920.

Tenue responsable de la mort de sa fille adoptive, Aurore Gagnon, à la suite de multiples sévices (notamment 52 blessures identifiées par le médecin légiste), Marie-Anne Houde a été condamnée à la pendaison en 1920. Sa peine a été commuée en emprisonnement à perpétuité par la suite, mais ce drame continue d’habiter la mémoire collective, comme en témoigne un documentaire qui sera diffusé à Radio-Canada ce lundi 8 décembre.

La tombe d’Aurore Gagnon. Photo MC2 Communication Média

MC2 Communication Média

Marie-Anne Houde, la belle-mère d’Aurore Gagnon, sera accusée de meurtre et condamnée à la peine de mort en avril 1920. Cette peine sera commuée en condamnation à perpétuité.

Le Soleil, 27 avril 1920, p. 14. Collection numérique, BAnQ.

«Je crois qu’il était nécessaire de revisiter cet événement qui avait passionné le public à l’époque, particulièrement durant le procès, alors que les journaux relataient chaque témoignage, jusqu’à deux fois par jour», commente le producteur et scénariste Jean-Simon Chartier.

Aurore: entre mythe et réalité revisite les lieux du drame et questionne plusieurs témoins, dont la centenaire la plus connue du Québec, Janette Bertrand, qui avait joué le rôle de la sœur et confidente de la victime dans La petite Aurore, l’enfant martyre, réalisé par Jean-Yves Bigras en 1952.

Yvonne Lachance, du Centre d’interprétation de Fortierville, se tient près de la maison où s’est déroulé le drame en 1920. Capture d’écran

Capture d’écran

Deux films, deux visions

L’étincelle de ce projet a jailli en 2020, alors que les médias se sont rués à Fortierville, dans le Centre-du-Québec, en raison du centenaire de la mort de l’enfant.

M. Chartier avait bien sûr entendu parler de l’affaire de l’enfant martyrisée par sa belle-mère dans le Québec rural du siècle dernier, mais il n’avait jamais poussé la curiosité plus loin.

Janette Bertrand revient sur l’infanticide le plus célèbre de l’histoire du Québec. Photo MC2 Communication Média

MC2 Communication Média

«J’ai regardé l’un après l’autre les deux films tournés sur le sujet à plus de 50 ans de distance. Leurs approches totalement différentes m’ont sauté aux yeux», relate-t-il.

Alors que le ressort dramatique du premier long métrage s’appuie sur la cruauté de la belle-mère, l’autre, tourné par Luc Dionne en 2005, pointe plutôt du doigt l’idéologie religieuse dominante. Il y avait là un sujet intéressant à explorer pour le producteur de MC2 Communication Média.

Revisiter les lieux

Une grande place est accordée aux historiens Éric Bédard et Myriam Woycick. Celle-ci note que les femmes criminelles ont beaucoup marqué les esprits à travers le temps.

On se souvient de Cordélia Viau, de la Corriveau, de Monica-la-Mitraille… pourtant les femmes meurtrières constituent une infime minorité au panthéon des assassins.

Comme si le Québec du troisième millénaire n’avait toujours pas digéré les gestes fatals de la belle-mère de la petite Aurore. Pourtant, des drames similaires continuent d’alimenter les pages des journaux de faits divers. La fillette de Granby, par exemple, est morte à 8 ans!

L’équipe du documentaire s’est rendue sur place à l’église de Fortierville pour le tournage. Photo MC2 Communication Média

MC2 Communication Média

«Le Québec est encore secoué par des drames semblables qui ravivent chaque fois un profond questionnement sur la protection des enfants», souligne M. Chartier. En relatant le parcours d’Aurore, son film invite à «réfléchir à ce que notre société a appris – ou pas – en cent ans d’histoire».

Aurore: entre mythe et réalité. Réalisé par Sébastien Rist et Aude Leroux-Lévesque, scénarisé et produit par Jean-Simon Chartier. Le 8 décembre 2025 à 20 h sur ICI TÉLÉ.

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